C'est un début de saison comme un autre pour le jeune Charlie Reade, qui s'apprête pourtant à vivre une expérience vraiment hors du commun. Tout commence par un bête et banal accident, un voisin âgé et reclus avec sa chienne pour seule compagnie qui tombe de son échelle en tentant de nettoyer les gouttières de sa maison d'un autre temps. Charlie se porte aussitôt au secours du vieil homme, malgré les rumeurs et les craintes du voisinage sur cet énigmatique ermite.
Jusque là rien de bien folichon, une bonne action qui sera certainement récompensée lorsque M. Bowditch sortira de l'hôpital, surtout en découvrant que Charlie en son absence s'est occupé de sa maison, de son jardin et de sa chienne Radar qui est rapidement devenue la prunelle de ses yeux. Mais M. Bowditch cache un secret, ou plutôt un tas de secrets. Premièrement, un seau rempli de pépites d'or attend tranquillement dans son coffre-fort à l'étage de la maison que quelqu'un vienne y plonger les mains. Deuxièmement, l'étrange cabanon fermé à double-tour en permanence dans le jardin et d'où s'échappent parfois des grattements sinistres...
Charlie l'ignore à cet instant, mais en sauvant la vie de son voisin il vient de mettre les pieds dans une histoire qui le dépasse totalement, le genre d'histoire que l'on se raconte au coin du feu d'ordinaire pour passer le temps et transmettre des valeurs parfois dépassées. Le jeune homme ne sait pas que sa vie va changer du tout au tout quand M. Bowditch fera de lui son seul héritier, pour le remercier de toute sa gentillesse. Mais avec la propriété et l'or vient aussi une lourde responsabilité, celle de garder le secret sur le contenu du cabanon, l'entrée secrète d'un monde magique semblable à celui de nos bons vieux contes de fées...
Si vous refusez d'y croire, c'est normal. Tout le monde aurait des réserves, à la place de Charlie. D'ailleurs il en a lui aussi, mais son bon sens et sa morale à toute épreuve dépassent ses craintes. En écoutant la confession de Howard Bowditch, Charlie sent que désormais il a un défi à relever, une nouvelle expérience à vivre, et surtout une dernière bonne action à accomplir au nom de sa nouvelle amitié. Radar, devenue également sa propriété et sa responsabilité, est très âgée et pour tout dire on ne lui donne plus beaucoup de temps à vivre. Mais là-bas, dans les profondeurs du tunnel sous le cabanon, dans cet Autre monde merveilleux d'où viennent les pépites d'or à foison, il existerait un moyen de la sauver, de la ramener quelques années en arrière, de lui rendre sa jeunesse passée. Un moyen risqué, certes, mais l'existence de M. Bowditch est le seul témoignage qu'il faut à Charlie pour se convaincre de la vérité de toute cette histoire.
Embarquant alors Radar pour un long voyage sous la surface de notre monde, Charlie Reade va pénétrer dans une dimension peuplée de gens maudits et subissant de plein fouet une terrible malédiction, sombre grisaille qui s'étend chaque jour davantage et transforme les habitants d'Empis en horreurs sanglotantes. Quelque chose a changé dans ce monde merveilleux depuis la dernière visite de Howard bien des années auparavant, quelque chose a renversé le délicat équilibre des forces du Bien et du Mal, ne laissant que tristesse et désolation. Toutefois, il existe un espoir, aussi maigre soit-il, de ramener l'équilibre et de rendre sa superbe au monde d'Empis. Cet espoir, c'est Charlie qui l'incarne bien malgré lui, se retrouvant à jouer le rôle d'un prince venu d'un autre monde pour sauver la lignée royale de l'extinction qui la menace, et peut-être réussir à faire revenir les jours heureux avant qu'il ne soit trop tard. Des forces malfaisantes complotent en ce moment-même contre toutes les formes de vie d'Empis, de terribles sortilèges sont à l’œuvre et de lourds secrets planent sur l'horizon et dans les profondeurs.
« Les hommes courageux offrent leur aide, les lâches offrent des cadeaux », selon l'adage de M. Bowditch. Charlie Reade, pas encore dix-huit ans, s'apprête à découvrir quel genre d'homme il deviendra durant cette aventure. Chaque être vivant possède un côté sombre qui le dévore, y compris Charlie, et c'est avant tout de cette lutte qu'il devra sortir vainqueur, ne pas se laisser emporter par les ténèbres de son cœur. Pourtant, ce serait si simple... comme dans les contes d'antan, les versions d'origine où le châtiment est plus fréquent que la récompense. Au bout du chemin de grisaille cerné de fleurs rouges, une princesse et un royaume attendent le sauveur tant espéré avant de succomber définitivement au désespoir. Et, loin sous la surface d'Empis, dans un repli de noirceur infâme, se terre une entité si sombre et si maléfique que son simple nom suffit à faire trembler le sol et à rendre fou de douleur un monde tout entier. Charlie pourra-t-il vraiment être l'élu que tous appellent de leurs vœux ? Comment un adolescent au bon cœur de l'Illinois pourrait-il être à la hauteur face à des forces dépassant l'imagination ? La partie semble perdue avant même d'avoir débutée...
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Stephen King ne nous a jamais vraiment habitué à autre chose que de l'horreur, du surnaturel et des frissons en pagaille, même dans ses récents romans où la seule véritable horreur est tapie dans le cœur des hommes bien plus que dans d'impensables creux de la réalité. C'est donc avec surprise que j'ai découvert et attaqué ce nouvel ouvrage, sobrement intitulé Conte de Fées, avec une légère crainte en moi d'être déçu par un auteur dont ce n'est pas franchement le genre littéraire attitré.
Et fort heureusement, j'ai été bien avisé de ne pas écouter cette crainte et de poursuivre la lecture après les premiers chapitres ! Quelle surprise mes amis, que de se rendre ainsi compte que Stephen King possède le talent requis pour raconter une belle histoire de fantasy et de féerie, mais à l'ancienne cependant, dans ce style sombre et pas toujours très moral des contes d'autrefois, avant que Disney et d'autres firmes ne mettent la main dessus et n'adoucissent le trait.
Ici le héros possède effectivement un grand cœur, c'est même un sacré boy-scout si l'on peut dire, mais il a aussi une grande détresse et une part de ténèbres assez importante en lui, associées aux doutes propres à son jeune âge. Conte de Fées est loin d'être parfait, mais c'est plus que suffisant pour retrouver l'atmosphère de ces histoires terribles des siècles passés, le tout accompagné par les illustrations de début de chapitres signées Gabriel Rodriguez et Nicolas Delort, dans un style crayonné parfois bien trop réaliste qui rappellera un peu ce que l'on peut trouver dans Les Chroniques de l'Épouvanteur de feu Jospeh Delaney par exemple.
J'ai beaucoup apprécié ce voyage inattendu proposé par le Maître de l'Horreur, un voyage à la fois dans d'autres mondes et dans d'autres styles littéraires, une évasion bienvenue mâtinée de nostalgie et d'inventivité, une sincère envie de rendre hommage aux classiques du genre tout en faisant preuve d'originalité à certains niveaux. Un récit d'amitié, d'amour, et de ce qu'il faut parfois pour défendre ces valeurs jugées désuètes bien trop souvent de nos jours. Un voyage de l'auteur également dans ses propres noirceurs et craintes du quotidien, à travers par exemple l'alcoolisme du père de Charlie et ses conséquences sur leur vie commune. Peut-être une envie aussi d'exorciser de vieux démons du passé et de réparer quelques échecs douloureux ? Je pense que cela fait déjà pas mal de questions à se poser avant de débuter cette histoire, je vais donc n'en rajouter qu'une dernière à laquelle nous tâcherons de répondre une prochaine fois, comme pour corriger une vilaine blessure personnelle : c'est pas bien Les yeux du dragon ?
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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