Vienne, 1908. Dimitri est un ténor très en vogue dans la haute société, même s'il n'en fait techniquement pas réellement partie. Adopté lorsqu'il était enfant par une noble famille, il est considéré comme un frère véritable par le fils de ses nouveaux parents, Théodore, qui quant à lui jouit de tous les privilèges de sa classe sociale. Théo et Dimitri s'amusent d'ailleurs à faire les quatre cents coups régulièrement, vivant de coucheries et séductions fugaces, jusqu'au jour où Dimitri tombe amoureux de la promise de Théodore, la jeune Agnieszka.
Dès lors, les effronteries de Théo ne semblent plus plaire tant que ça à Dimitri, qui ne peut s'empêcher d'avoir de la peine pour Agnieszka et s'imaginer la rendre plus heureuse s'il était à la place de son frère adoptif. Quand Théo, une fois de plus, va trop loin dans la taquinerie, Dimitri décide de quitter la maison pour prendre l'air... et se fait renverser par un cheval fou en pleine rue. Ce devait être la fin de son histoire... mais une force mystérieuse intervient alors, lui accordant une seconde chance.
Dimitri va très vite découvrir, grâce à l'étrange personnage qu'est Maximilien, prenant contact avec lui peu de temps après son réveil miraculeux à l'hôpital, qu'il est devenu un vampire ! Mais contrairement à ce que le folklore populaire raconte, la lumière du jour ne lui est pas fatale pour un sou, de même que sa présence dans une église ne le réduit pas en cendres ou ne lui provoque aucun malaise. Il y a peu de choses vraies dans ces croyances... à part le fait que, pour continuer à vivre, il devra se nourrir du sang de ses victimes. Victimes qui seront séduites par sa voix sur une octave bien précise et feront tout pour lui offrir leur vie, sans délai.
Si les explications de Maximilien sont très claires, Dimitri refuse d'y croire et préfère penser qu'il s'agit là d'un illuminé comme on en rencontre parfois dans les cercles de la bonne société, du genre de ceux qui adorent le spiritisme et toutes ces balivernes. Mais quand mystérieusement après une répétition à l'opéra toutes les personnes présentes avec lui se suicident, le doute n'est plus permis. Dimitri comprend qu'il ne lui reste plus qu'à disparaître désormais, s'il ne veut pas avoir à se repaître de sang pour l'éternité ou peu s'en faut. Mais la seule façon qu'il connaisse de mourir, grâce à Maximilien là encore, c'est en s'offrant à une femme et en consommant l'acte d'amour avec elle. Car un vampire ne peut avoir qu'une seule promise durant toute son existence, avant de trépasser.
Choisissant dès lors de prendre Agnieszka, contre sa volonté, Dimitri provoque le suicide de la belle, et se rend aussitôt chez Maximilien pour le supplier de la soigner et de lui permettre de vivre encore. Maximilien s'exécute, utilisant un artefact très cher à ses yeux, et rendant ainsi le corps d'Agnieszka immortel. Mais, comme il l'explique froidement à Dimitri, son âme elle a d'ores et déjà quitté cette enveloppe. Il ne reste plus à Dimitri qu'un corps, en vie certes, mais inerte, sur lequel veiller durant tout le temps qu'il lui restera sur cette Terre.
Tokyo, 2008. Azusa est une jeune professeur de musique dans un Lycée huppé et renommé de la mégalopole nippone, vivant une histoire d'amour interdite avec l'un de ses élèves qui a su comment la séduire dès le premier jour. Mais elle est sur le point de mettre fin à cette relation, rattrapée par la réalité et par leur différence d'âge et de maturité. C'est le cœur serré qu'elle l'annonce à Kôya, son amant, qui décide pourtant de la suivre dans le taxi qu'elle emprunte pour fuir. Taxi qui aura alors un grave accident quand un camion lui rentrera dedans.
Azusa se réveille peu après, dans une chambre d'hôpital, veillée par un homme étrange lui proposant un marché singulier : il lui annonce que Kôya va mourir, de façon certaine, malgré l'application des chirurgiens en train de l'opérer à l'instant même, mais que lui peut éviter cela en échange de l'âme de la jeune femme, et d'une promesse très particulière elle aussi de sa part. Azusa accepte, sans la moindre réserve, et Dimitri se met alors au travail.
De retour chez lui, dans son nid, le vampire insère l'âme d'Azusa dans le corps inconscient d'Agnieszka, sur lequel il n'a jamais cessé de veiller depuis un siècle maintenant. Il attend désormais que cette fusion très spéciale ne parvienne à ouvrir les yeux et à reprendre vie devant lui, mais dans quel but ? Est-ce uniquement par amour et culpabilité que Dimitri fait tout cela, ou bien espère-t-il encore après toutes ces années pouvoir mourir lui aussi en s'offrant à Agnieszka par le truchement d'une autre personne ?
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Ce manga est sorti en 2008 mais ne paraît, à ma connaissance, pour la première fois chez nous que maintenant, via les éditions Akata qui il faut le reconnaître livrent ici un travail incroyable de qualité pour nous permettre d'apprécier l'histoire dans un bel écrin bien conçu.
Je connais Setona Mizushiro pour certaines de ses œuvres des années 2000, lors de mon éveil aux mangas, comme X day ou surtout Diamond Head que j'avais positivement dévoré du temps de sa parution. Le trait s'est grandement amélioré depuis cette dernière série, et le style de Mizushiro n'a rien à envier aux autres mangakas, l'artiste sait exactement comment représenter ses personnages et les décors somptueux dans lesquels ils évoluent et vivent sous nos yeux.
Après de profondes recherches sur la Vienne du début du XXème siècle, autant dans l'architecture que dans l'art vestimentaire et la mode de l'époque, Setona Mizushiro a conçu un scénario dans lequel est revisité le mythe du vampirisme, non plus comme on l'imagine trop souvent dans le cinéma ou la littérature classiques, mais comme une sorte de parasitisme très singulier qui fait appel à de nouvelles notions tout en respectant l'essentiel du canon du genre. L'amour fatal, par exemple, mais aussi le contrôle de certaines créatures, ici des insectes et araignées, pour permettre l'expression des pouvoirs du buveur de sang.
D'ailleurs oui, à ce propos, si vous avez du mal avec les araignées, soyez prévenus dès le départ cette série en montre plein, des grosses, dessinées avec moult détails réalistes qui pourraient rebuter ou choquer si vraiment vous en avez une peur bleue. A mon sens ce n'est qu'un détail parmi d'autres dans cette histoire, mais je suis quand même mal à l'aise en les voyant donc je préfère poser un avertissement au cas où pour les plus sensibles d'entre vous.
Black Rose Alice ne comptera que six tomes en tout, ce n'est donc pas un gros investissement et je suis persuadé que la série saura plaire et trouver son public, tant auprès des amateurs de Setona Mizushiro que d'un public nouveau avide d'histoires désespérément romantiques comme on en trouve souvent dans le genre vampirique. De beaux dessins, des personnages attachants et une thématique ancienne revue à la sauce moderne, que demander de plus ? Le prochain tome arrivera début Décembre 2023, soyez au rendez-vous !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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