Quelque chose de très sombre se trame à Gotham City, plus sombre encore qu'à l'accoutumée. Harley Quinn a été enlevée et se retrouve séquestrée dans de sinistres tunnels, tandis qu'à la surface c'est le Commissaire Jim Gordon qui manque à l'appel. Bien vite, Batman commence à recevoir des informations concernant des meurtres de policiers d'élite un peu partout en ville, chez eux ou même dans leur caserne. Arrivé sur place, le Chevalier Noir affronte une créature ressemblant fortement au Joker : grand, mince, peau blanche et cheveux verts... à ceci près que cette chose ne semble pas capable de communiquer, et qu'elle s'avère étonnamment résistante et coriace au combat.
Après l'échec de sa tentative de capture, Batman est contacté par nul autre que le Joker en personne, avec un cadeau tout particulier à son intention. Sitôt appréhendé, le criminel psychotique fait une proposition on ne peut plus inhabituelle à son ennemi de toujours : faire équipe tous les deux pour retrouver Gordon et Harley avant qu'ils ne soient exécutés par leur mystérieux ravisseur. N'ayant aucune autre piste, Batman finit par accepter mais avec un encadrement très strict réservé au Joker. Aussitôt les deux nouveaux associés se font attaquer par une escouade de créatures Jokérisées, et ne finissent par s'échapper de justesse qu'après d'âpres combats.
Commence alors une enquête sans commune mesure, qui entraînera le Chevalier Noir et le Clown Prince du Crime dans les lieux les plus emblématiques de Gotham, et les poussera souvent dans leurs retranchements face à des situations tendues et pour le moins mortelles. Batman devra composer avec un équipier hautement instable pour qui la morale est une option négligeable, et ensemble ils vont plonger dans le passé tumultueux de la ville et surtout de leurs premiers affrontements, alors que la vie des otages ne tient plus désormais qu'à un fil. C'est à la fois une chasse aux monstres et une course contre la montre, faisant remonter ce qu'il y a de plus sale et de plus pernicieux dans cette ville à tous les niveaux, des secrets et des horreurs enfouies depuis des années qui n'attendent plus que d'être remontés à la surface pour mieux prendre leur revanche...
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Urban frappe très fort en ce début du mois de Novembre et nous offre déjà la version française de ce récit d'exception qui a beaucoup de promesses à tenir. Déjà, faire revenir Marc Silvestri aux commandes d'un titre complet, chose qui n'était plus arrivée à ma connaissance depuis les années 2000, et encore ! Cette fois-ci l'artiste, excusez du peu, signe les dessins comme le scénario, et a passé près de sept ans à tout concevoir de A à Z pour que l'expérience finale soit totalement hors du commun.
Il fallait bien un artiste et cerveau de légende pour que la sauce prenne efficacement, et c'est chose faite à mon humble avis même s'il y a quelques petites imperfections dans la narration qui auraient encore pu être lissées je pense. Les dessins quant à eux sont vraiment sublimes, rien à redire on déguste à chaque page un tel niveau de maîtrise et d'expérimentation à la fois que c'en est grisant et vertigineux, à l'image du scénario lui-même à vrai dire. D'ailleurs la postface rédigée par Marc Silvestri nous permet de mieux comprendre et réaliser le degré de dévotion de l'homme à son art, et franchement c'est épatant et ça ne pouvait venir que de lui !
Marc Silvestri nous prouve à chaque nouvelle case, à chaque page et à tous les niveaux de conception de l'album et de son histoire, qu'il en a encore sous le pied et qu'à 65 ans le bonhomme n'a toujours pas fini de nous renvoyer à l'école pour prendre des leçons magistrales. Bon, à nuancer toutefois comme je le disais car le scénario a quelques faiblesses, mais qui n'en a pas ? Franchement c'est une réalisation au poil et à part pour chipoter il n'y a pas de vrai reproches à faire à Batman & Joker.
Certains lecteurs comparent cette œuvre à ce que pu être Batman – Silence de Jeph Loeb et Jim Lee en son temps, vingt ans en arrière déjà... et honnêtement, je trouve que c'est assez malvenu de faire ça. D'abord parce que les deux titres ont certes des similitudes mais surtout énormément de différences et de divergences, et surtout parce que justement vingt ans les séparent et qu'entre temps les codes ont changé ! Déjà, Silence était partie prenante de la continuité de son époque, tandis qu'ici tout est resserré le plus possible autour du duo éponyme, en faisant fi des développements récents que l'on a connu avec les New52 par exemple. Clairement, ce n'est pas du tout la vision de Batman et de son univers qu'a pu développer Scott Snyder durant son long run, non plus celle de Tom King d'ailleurs, en fait on peut même dire que cette version de Gotham et de son Chevalier Noir est un peu datée... mais c'est fait exprès et pour une excellente raison vous verrez.
Hors de toute continuité, un récit qui se tient à lui tout seul avec seulement quelques éléments nécessaires à connaître de base et un casting serré, une histoire passe-partout que l'on peut lire à n'importe quelle époque contemporaine de la carrière du Batman. Mais, car il y a un mais, logique de licence oblige, il n'est pas impossible que l'on retrouve plus tard des éléments de cette histoire à part dans d'autres récits développés à l'avenir, mais évidemment je ne vous dévoilerai pas lesquels et puis Silvestri s'en charge tout seul dans sa postface justement.
En bonus, une galerie de couvertures qui permettra de bien comprendre toute l'importance artistique qu'a eu ce projet au cours des sept dernières années, sept chapitres incroyables que l'on dévorera sans perdre de temps. L'action est omniprésente mais il y a aussi de la réflexion, un jeu de piste à suivre et à remettre dans le bon ordre afin de tenter d'avoir une petite avance sur le détective à la cape avant le dénouement, chose logiquement impossible d'ailleurs mais rien ne vous empêche d'essayer.
Allez, si je devais mettre en avant un seul vrai défaut, je vous dirais que le scénario est peut-être un poil trop verbeux par moments et qu'il y a certains éléments qui auraient pu être arrangés autrement pour rendre le tout plus fluide et plus facile à comprendre au premier abord, MAIS de toute façon dans la vie rien n'est jamais si simple qu'il n'y paraît et Batman & Joker n'a pas la prétention de révolutionner le genre à lui tout seul, juste de nous faire passer un bon moment et de pouvoir être lu par tout le monde sans limite d'âge, de temps et de connaissances préalables. En cela, c'est une vraie réussite et Marc Silvestri mérite amplement tous les hommages et tous les remerciements possibles pour ce chef-d’œuvre qui n'a pas fini de faire parler de lui !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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