Bon, aujourd'hui ça ne va pas être très agréable à suivre et à entendre pour certains, j'en suis franchement désolé d'ailleurs. Non, aujourd'hui je ne vais pas vous faire un article classique avec un résumé puis mon avis développé et une petite conclusion. Cette fois-ci, je prends mon clavier pour vous parler sans détours de mon impression à la sortie de l'extrêmement détestable lecture que voici, gracieusement éditée par Graph Zeppelin pour sa version française.
Entre Lovecraft et Howard, j'ai choisi mon camp il y a bien longtemps en collectionnant puis compilant les éditions fournies par Bragelonne des nombreux travaux et récits du Texan créateur entre autre de Conan le Barbare, le fameux. J'ai donc été, comme sans doute nombre d'entre vous, assez curieux de découvrir ce qui pouvait bien se cacher dans cet album-ci, promettant la réunion des deux plus célèbres amantes du Cimmérien, Bêlit la terrible reine pirate et Valeria l'indomptable exploratrice et conquérante. Eh bien mes amis, j'aurais mieux fait de passer à côté sans même un regard !
Je vous explique. J'ai découvert l'existence de cette histoire grâce à la vidéo de présentation d'un influenceur comics très connu dans le milieu et dont je tairai le nom. Faisant confiance à son avis d'ordinaire si éclairé et plutôt solide, je me suis procuré non sans mal ledit album et j'ai entamé ma lecture dans la foulée... et j'ai été sacrément déçu.
Déçu de la part de Graph Zeppelin, dont j'estimais énormément les parutions autour des séries Red Sonja, Vampirella ou encore Danger Girl pour ne citer que celles-ci. Déçu qu'un éditeur indépendant fasse le choix douteux de publier cette mini-série, ce vil torchon devrais-je plutôt dire, dont les auteurs se permettent sans la moindre difficulté de voler les noms des personnages originaux et de les coller par-dessus un festin sans fin de stupre et d'insultes grivoises, le tout illustré d'horrible manière par quelqu'un qui visiblement était davantage intéressé par la violence générale se dégageant de l'ensemble que par la beauté mystérieuse et envoûtante de l'Âge Hyborien et de ses nombreuses merveilles.
En un mot comme en cent, je suis déçu. Très déçu. Et, pour tout vous avouer, je n'ai même pas réussi à dépasser le second chapitre, atterré que j'étais par tout ce qui se présentait à mes pauvres yeux, entre des images d'une dégueulasserie imbuvable et un vocabulaire si pauvre et répétitif qu'il aurait sa place de choix dans les Perles du Bac. Mais tout de même, j'ai feuilleté par acquis de conscience le reste de l'album, juste pour voir si l'ensemble était bien du même tonneau, et oui je le dis clairement ici et maintenant : Bêlit & Valeria – Acier contre Magie ne vaut strictement rien, et encore moins le prix du papier et de l'encre qui ont été utilisés pour le faire paraître.
Robert E. Howard doit certainement se retourner dans sa tombe en constatant avec quelle légèreté et quelle suffisance les auteurs et artistes autoproclamés ont violé, je n'ai pas d'autre mot et j'en suis navré, violé donc l'esprit et le corps de ses personnages les plus emblématiques, de leurs aventures, pour créer une œuvre bâtarde à cheval entre deux époques qui n'ont absolument rien à faire l'une avec l'autre, insérant de force des expressions et des concepts de notre temps -et pas les meilleurs- dans une représentation grossière, injuste et sale de ce que les plus décérébrés des spectateurs de Conan le Destructeur ou du Conan de 2011 ont du retenir de leur séance.
Cependant ! A ma grande surprise, il existe deux qualités non négligeables figurant dans cet album. Premièrement, la galerie des couvertures, qui présente quelques beautés savamment réalisées et qui à elles-seules expliquent peut-être la compilation des divers chapitres en un seul et même album relié. L'autre, ma préférée je dois dire, c'est la petite vingtaine de pages accordée à un cours d'Histoire Hyborienne de la main de Robert E. Howard en personne si on en croit l'édito, un cours magistral qui retrace toute la série d'événements millénaires qui ont donné naissance aux mythes de nos propres civilisations, après moult transformations d'un peuple à un autre. C'était très intéressant, bien qu'un poil bâclé dans sa retranscription, comme l'aurait été un cours magistral en amphithéâtre par un étudiant peu attentif.
Mais faites le calcul : j'ai payé 17€ environ pour me procurer cet album, sans compter les frais de port parce que oui c'était uniquement disponible en ligne, et je sors de cette lecture avec l'impression d'un très très mauvais film porno-gore qui bafoue en droite ligne tout ce que j'ai appris à aimer durant des années dans la littérature fantastique Américaine. Je m'estime tellement spolié que je ne vais même pas le conserver dans ma collection, même en tenant compte des pages d'historique qui m'ont bien plu.
Au tout début de son apparition, Graph Zeppelin s'était lancé dans l'édition de certaines séries assez vulgaires, stupidement vulgaires même, mais je pensais que devant l'insuccès de celles-ci l'éditeur avait appris de ses erreurs passées et avait fait du chemin, cherchant davantage la qualité du récit et de l'image plutôt que l’œillade salace. Je me suis visiblement lourdement trompé, hélas.
Si je prends la peine de rédiger cet article et de vous faire cet audio, c'est uniquement pour vous prouver deux choses : de un, je sais aussi vous parler d’œuvres que je n'ai pas aimé, vraiment pas aimé dans le cas de celle-ci, et argumenter autant que faire se peut pour vous expliquer pourquoi ça n'a pas pris. De deux, enfin, j'espère intimement pouvoir convaincre certaines et certains d'entre vous de ne pas faire le choix d'acheter cette bouse infâme et de laisser les exemplaires en circulation revenir vers leur état naturel premier, à savoir le pilon.
De grâce, n'accordez aucune importance à des auteurs qui se fichent si ouvertement du matériel dont ils pillent l'héritage sous le couvert de la sacro-sainte liberté d'expression dévolue au domaine public, et qui crachent allègrement sur les souvenirs des générations précédentes qui se sont tuées à la tâche pour nous offrir le meilleur de leurs talents. Exigez mieux, exigez davantage de respect, de dignité et d'amour dans les adaptations graphiques de vos histoires préférées, et n'allez surtout pas mettre entre les mains de novices ce genre d'inepties qui font véritablement bien plus de mal que de bien à cette culture déjà bien fragile qu'est la vraie grande fantasy. Même bien emballé et servi avec des bonus attrayant, un tas d'étrons reste ce qu'il est. Quand ce n'est pas une franche déclaration de trahison et de guerre envers toute une communauté.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire