mardi 10 septembre 2024

Le Pont des Tempêtes tome 3 - L'Héritier Insoumis (Bragelonne - Mars 2024)


Le roi Silas Veliant, seigneur tout puissant de Maridrina, convoite le célèbre Pont des Tempêtes, un ouvrage architectural à nul autre pareil que possède et défend chèrement le petit royaume insulaire d'Ithicana. Silas a mis en place une stratégie impitoyable pour s'en emparer, en utilisant l'une de ses filles comme une arme aussi belle que dangereuse. Mais il aurait peut-être aussi du se méfier de son fils...


En effet, le prince Kéris Veliant est tout l'opposé de son tyran de père. Lettré, maniéré et préférant davantage la compagnie des bordels et des livres plutôt que celle de ses soldats... le roi Silas ne cache d'ailleurs pas son immense déception d'avoir pour héritier ce dandy qu'il juge incapable de quoi que ce soit. Mais Kéris cache bien son jeu, car en réalité il possède un esprit acéré et de redoutables facultés martiales, et sait pertinemment que son père ou l'un de ses plus jeunes frères tentera de le faire assassiner au plus tôt pour s'emparer de son titre de prince héritier justement.


Le paisible Kéris est aussi épris de pacifisme et d'idéalisme, deux choses que ne tolère absolument pas le roi son père. L'envoyant dans la colonie de Nerastis, une ville en ruine juchée des deux côtés d'un fleuve frontalier, Silas espère bien que son bon à rien de fils se fera tuer tôt ou tard en défendant ce bout de terrain convoité sans cesse par la nation voisine de Valcotta. Kéris y passe le plus clair de son temps à lire, jouer et coucher, tout en rêvant secrètement de renverser la vapeur et d'instaurer une paix durable dans la région pour que les nombreux colons et cultivateurs puissent enfin vivre décemment sans la crainte des raids ennemis.


De l'autre côté du fleuve, à Valcotta, se trouve la générale impériale Zarrah Anaphora, une guerrière accomplie qui a de nombreuses victoires à son actif et dont la principale mission, confiée par l'impératrice en personne, est de reprendre l’entièreté de Nerastis aux Maridriniens. Mais derrière ses compétences et son serment de vengeance à l'égard de cette nation ennemie, Zarrah espère elle aussi pouvoir faire changer les choses et aider au développement de la région, de ses habitants, de façon plus sûre et sans faire couler le sang plus que nécessaire.


Tout les oppose, et pourtant les deux ennemis jurés vont finir par se rencontrer incognito en ville lors de leurs sorties nocturnes, et vont commencer à échanger sur leurs idées d'un meilleur avenir sans avoir conscience de l'identité réelle de l'autre. Créant bien vite une amitié réciproque et une confiance mutuelle, ils essaient l'un comme l'autre de se donner des conseils et des informations pour permettre d'éviter les pillages et les raids meurtriers, parfaitement conscients là en revanche que cette relation serait aussitôt interprétée comme de la haute-trahison par leurs compagnons.


Et arrive finalement ce qui devait arriver : les deux âmes-sœurs se retrouvent enfin au fil de la passion explosive qui s'installe entre eux, jusqu'au moment fatidique où leur plus grand secret mutuel sera révélé à chacun. Dès lors, ne restent que la haine et la déception pour l'une, le chagrin et l'apitoiement pour l'autre. Mais quand Zarrah est faite prisonnière par une patrouille Maridrinienne, Kéris fait tout son possible pour lui éviter un sort funeste et demande à la place qu'elle soit envoyée à la capitale, Vencia, pour que le roi en personne statue sur son cas. Kéris l'accompagnera durant tout le voyage et tentera à plusieurs reprises de la faire évader, sans succès, et c'est finalement le roi Silas Veliant qui devra trancher entre son profond mépris pour la vie de son ennemie et l'intérêt stratégique qu'elle pourrait représenter en tant qu'otage.


Tandis que les agissements de sa sœur provoquent la chute d'Ithicana et la capture du roi Aren Kertell, son mari trahi, Kéris envisage alors un tout nouveau stratagème pour rendre sa liberté à son ancienne amante et lui prouver sa bonne foi quoi qu'il lui en coûte. Piégés tous les deux dans un château rempli d'ennemis de toutes parts et plongés au beau milieu des intrigues de la cour comme de celles de la guerre, les deux amants maudits vont devoir retrouver leur confiance l'un envers l'autre pour se donner une nouvelle chance et enfin venir à bout du mal qui ronge profondément leurs sociétés respectives. L'amour et l'idéalisme d'un côté, la guerre et la cupide fatalité de l'autre. Qui vaincra ?


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Les événements de ce troisième tome de la saga du Pont des Tempêtes se déroulent en fait en même temps que ceux du premier et du second tome, en parallèle des actions de Lara dont il sera souvent fait mention par ailleurs, jusqu'à ce que tout finisse par se rejoindre au bout du compte.


Est-ce que c'est une lecture utile, du coup ? Sans hésiter, oui ! Oui, parce que vous obtiendrez ainsi de précieuses informations qui rendront cet univers bien plus concret et surtout développeront de nouveaux personnages qui n'étaient esquissés qu'en surface dans le tome précédent, et qui pourtant ont toute leur importance ici et même depuis le début de la grande intrigue.


C'est un peu comme si l'autrice, Danielle L. Jensen, levait le voile sur des pans entiers de son récit et le rendait plus vraisemblable en l'étoffant à travers une autre histoire d'amour contrariée qui ne fait en définitive que renforcer la précédente, les deux étant en fait intimement liées. C'est un complément nécessaire et très agréable à la première trame que l'on a suivi dans les deux tomes précédents, et qui saura ravir le public tant des connaisseurs et des fans de la première heure que ceux qui choisiront de commencer par là et de rattraper ensuite. Tout est possible !


Alors attention, celles et ceux qui ne supportent pas très bien les scènes de sexe seront peut-être choqués d'en découvrir autant dans cet épais troisième tome, et surtout si bien détaillées et décrites. On n’atteint pas le niveau d'un Trône de Fer tout de même rassurez-vous, mais j'ai cru comprendre que les générations actuelles principalement visées par ce genre d'ouvrages tant au cinéma qu'en littérature se lassaient rapidement de ces scènes parfois trop gratuites et pas toujours nécessaires au bon déroulé du récit. Chacun jugera en son âme et conscience, pour ma part je n'ai rien trouvé de choquant dans cette lecture sur ce point particulier même si on peut arguer, à la rigueur, que Kéris met la barre très haut, trop haut peut-être pour nous autres simples mortels, et que cela n'aidera en rien les complexés et nombreuses victimes de la quête de la performance parfaite.


Blague à part, L'Héritier Insoumis nous offre un tout nouveau regard sur l'univers de son autrice et parvient à remarquablement bien développer son personnage masculin principal, même si certains clichés en la matière ne peuvent être évités. Zarrah quant à elle ressemble finalement beaucoup à Lara en plusieurs points, tout en présentant un contre-jour intéressant par rapport à cette dernière tant dans les motivations profondes que dans le rapport à l'amour.


De plus, avec la présentation exhaustive des deux royaumes ennemis de Maridrina et Valcotta, et à travers les personnalités retorses et perverses de leurs dirigeants, c'est aussi tout l'avenir de cette saga littéraire de romantasy qui s'annonce, quand tout finit par se recouper pour ne former plus qu'une grande tapisserie épique et sentimentale.


D'un point de vue strictement personnel maintenant, et j'en suis le premier désolé, je me dois de noter les nombreuses petites erreurs de Bragelonne dans son édition française, qu'il s'agisse de coquilles, de mots tronqués ou d'une qualité de traduction que l'on jugera passable au mieux par moments. C'est vraiment dommage qu'un travail sérieux de relecture n'ait pas été effectué pour virer toutes ces imperfections, et j'en fais souvent la remarque d'ailleurs, ça devient vraiment lassant, surtout pour un éditeur-clé dans le domaine de la fantasy et qui nous avait pourtant habitué à bien mieux lors de son apparition dans les années 2000, en éditant à la perfection des sagas mémorables comme celles de Terry Goodkind, Terry Brooks ou encore Raymond Elias Feist, sur des périodes assez longues en plus. Est-ce que le personnel a changé, est-ce qu'il y a un phénomène d'usure et de lassitude au sein de l'équipe... on ne le saura probablement jamais, mais le fait est que l'on ressent et que l'on observe concrètement aujourd'hui un relâchement vraiment dommageable. J'espère qu'ils vont finir par se ressaisir, à l'heure où de nombreuses autres maisons d'éditions se spécialises dans les beaux ouvrages de l'imaginaire...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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