Dans une grande maison autrefois aisée mais aujourd'hui bien appauvrie, vivent quatre sœurs que rien ne saurait séparer. Il y a Meg, l'aînée, volontiers sentimentale et moraliste mais toujours de bon conseil ; Jo, intrépide aventurière littéraire qui passe son temps entre une attitude de garçon manqué et un imaginaire débordant, ne délaissant pas pour autant ses tâches quotidiennes ; Beth, véritable amour se souciant de chacun et portant une attention toute particulière à ses poupées et à ses gammes ; et Amy, la petite princesse peut-être un peu trop choyée qui a du mal à retenir ses leçons et qui ne cesse de se rêver grande artiste.
Quatre filles, quatre styles, mais elles sont toutes gentilles. Leur mère est à leurs côtés chaque jour qui passe, fixant les travaux à réaliser au quotidien et veillant sagement sur son petit troupeau sans jamais se montrer ni trop sévère ni inflexible. Leur père est à la guerre, pasteur au front dans les environs de Washington, et ne peut malheureusement que leur envoyer toute son affection par quelques lettres qui leur parviennent difficilement. A charge donc à Mme March d'éduquer ses filles dans le respect des traditions mais également des progrès réalisés par la société de leur époque.
Au fil de cette année de vie, nous les découvrirons émues, fâchées, inspirées, serviables, travailleuses et paresseuses, mortellement inquiètes, rieuses et farceuses ou encore colériques et revêches. Les frasques de leur voisin, le jeune Theodore Laurence, dit Laurie, animeront ce petit club exclusif et permettront parfois de débloquer des situations de tensions ou d'incompréhensions, ou au contraire provoqueront l'ire des demoiselles. Mais jamais elles n'auraient pu rêver meilleur frère de cœur dans leur entourage, et jamais elles n'auront à le regretter.
Quand viendra l'heure du bilan, alors que les fêtes de Noël approchent à grand pas, chacune et chacun aura à cœur de faire un petit examen de son âme et de ses progrès ou regrets, ne conservant ni mauvaise fierté ni secret trop lourd à porter. Quatre petites femmes, se confiant les unes aux autres et entourant d'un amour aussi sincère que partagé leurs deux parents, ainsi que toutes les personnes qu'elles croiseront et qui auront le bonheur de faire partie de leur entourage.
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Louisa May Alcott est une autrice de renom dans la littérature américaine classique de son époque, même si on lui doit également des récits bien plus imagés et saugrenus parfois que celui-ci. Qu'importe, elle sera encore et toujours retenue par l'Histoire comme la créatrice de cette petite famille March que rien n'épargne mais qui se relève toujours, progressant toutes sur le chemin du Pèlerin et affrontant les embûches sans faillir tout en rêvant aux châteaux d'Espagne.
Cette édition-ci, ré-intitulée Les Quatre Sœurs March plutôt que le désormais bien trop classique Les Quatre Filles du Docteur March, nous propose une nouvelle traduction de cette œuvre de vie magistrale, par Natalie Zimmermann, une traduction qui aura tendance à nettement rafraîchir les expressions un rien dépassées du texte original tout en recentrant l'esprit général du roman autour de la notion de sororité, si chère à l'autrice et véritable cœur fort de son histoire.
Little Women en version originale, ce premier tome appelle forcément quelques suites qui ne manqueront pas de venir garnir les étagères des bibliothèques de toutes et tous les passionné.e.s de tranches de vie comme on en a beaucoup plus l'habitude aujourd'hui qu'alors. Véritable portrait d'une génération d'entre-deux à son époque, Louisa May Alcott signe surtout le témoignage vibrant des passions et des enjeux d'une famille modeste largement inspirée de sa propre expérience, et cela ne rend le tout que plus vivant. On rie en même temps que les filles quand elles jouent leurs pièces de théâtre ou récitent les articles de leur journal privé, on pleure quand l'une tombe gravement malade après un élan de générosité sans pareil, et l'on passe globalement une excellente lecture bien qu'à un rythme assez lent je dois le reconnaître en ce qui me concerne.
De très nombreuses adaptations filmiques existent pour cette histoire, mélangeant parfois les événements de plusieurs tomes en un seul gros morceau ou changeant allègrement certains passages pour susciter une émotion plutôt qu'une autre, évoquer un problème sociétal plutôt que célébrer les joies innocentes du quotidien, etc. Dernière en date, Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig servait admirablement le discours pré-féministe de cette grande œuvre trop souvent reléguée au rang des histoires pour jeunes filles de bonne famille. J'ai hâte de lire les tomes suivants si jamais Mme Zimmermann se met à les traduire également, dans une édition collector prestigieuse qui fait aussi la part belle à des valeurs plus actuelles tout en respectant le cœur du texte d'origine. Une histoire qu'il faut avoir lue, et que l'on devrait proposer bien plus souvent dans les corpus toutes générations confondues !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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