mardi 30 septembre 2014

Halloween 2014 : Mois spécial sur les Vampires, par Flo

Salut tout le monde ! Halloween approche, j'ignore ce que vous ferez pour l'occasion (une soirée entre amis, films d'horreur, tournée des maisons, lâchez-vous !) mais en ce qui me concerne je me propose de vous offrir un mois d'Octobre entièrement consacré au thème des Vampires !

Vous aurez ainsi un total de 9 articles durant ce mois, tous au sujet d'une œuvre sur le vampirisme, qu'il s'agisse de littérature, d'art séquentiel, de cinéma, etc. 9 articles qui auront pour but non pas de vous effrayer (malheureusement) mais de vous présenter, comme toujours, des œuvres méconnues ou mal connues du grand public. Ainsi, je vous rédigerai comme d'habitude des articles ayant pour vocation de vous présenter quelque chose, de vous initier en quelques sortes ou tout bêtement vous inciter à faire vos propres recherches par la suite pour en savoir davantage. Je conviens naturellement qu'un bon nombre d'entre vous risque de déjà connaître les œuvres en question, mais je continue de penser dans une logique de présentation plutôt que de review.

Ah, et j'anticipe d'ores et déjà les éventuels commentaires du genre : ''Oh mais c'est nul il n'a pas parlé de telle ou telle œuvre'', ''Mais pourquoi il n'a pas mis ça dans son top, c'est tellement évident pourtant !'' et autres. Sachez que ces articles seront rédigés sur la base de mes préférences personnelles et de ce que j'ai envie de partager avec vous, et qui me semblera digne d'intérêt pour une raison ou pour une autre. Les œuvres trop connues, je passe. De même, il se peut que certaines choses très aimées du public ne figurent pas dans mes articles, c'est tout bêtement parce que moi je ne les aime pas ou parce que je n'ai pas jugé, vu leur portée, qu'il était utile d'en parler pour les faire découvrir. Ce n'est pas un TOP que je réalise, c'est une sélection personnelle de ce que je voudrais partager. Donc pas de classement des meilleures œuvres sur les vampires ni rien de ce genre, simplement une suite d'articles pour partager et présenter ce que j'aime. Et vous trouverez même des trucs que je n'ai pas spécialement aimé dedans, juste pour en discuter avec vous !

Ainsi (je préfère le dire ici par avance comme ça c'est fait) ne figureront pas dans mes articles les œuvres suivantes :

1- les films de la saga Underworld
2- les films et livres de la saga Twilight
3- la bit-lit de manière générale
4- le film La Reine des Damnés
5- les films du genre Une nuit en enfer ou encore Blade
6- et enfin les films classiques de la Hammer, même s'ils seront abordés.

Voilà, donc si vous attendiez en particulier un de ces points, ce mois d'Octobre risque de ne pas trop vous intéresser. Mais vous serez toujours les bienvenus si le cœur vous en dit !

Au plaisir de vous retrouver très bientôt pour le début de ce mois spécial vampires, d'ici-là portez-vous bien et bons préparatifs d'Halloween à vous tous !

dimanche 28 septembre 2014

Danger Girl - Destination Danger (Glénat Comics - Juillet 2013)



Si je vous disais qu'il existe une série, en comics, qui rend hommage aux bons vieux films James Bond classiques, aux Indiana Jones et aussi aux fameuses Charlie's Angels (Charlie et ses drôles de dames en VF), me croiriez-vous ? Les vrais le savent, grâce au génie combiné d'Andy Hartnell et de J. Scott Campbell, cette série existe ! Elle s'appelle Danger Girl, et n'a pratiquement rien à envier à ses inspirations. Si la série originelle, finie en deux tomes chez nous du temps de Soleil (collection ''US Comics''), est aujourd'hui théoriquement introuvable, nous pouvons remercier Glénat qui en a repris la licence et a sorti, dès 2013, la suite des aventures du trio d'espionnes le plus sexy de tous les temps ! L'occasion de suivre de nouveau les péripéties et les aventures d'Abbey Chase, archéologue et chasseuse d'antiquités experte dans le maniement des armes à feu, de Sydney Savage, aventurière Australienne affectionnant particulièrement le cuir et le fouet, et de Valerie Evans, la plus jeune de l'équipe et aussi la coordinatrice principale des opérations grâce à ses formidables connaissances et capacités en informatique de pointe. Le tout sous la houlette bienveillante de leur boss, Deuce, portrait craché et complètement assumé d'un Sean Connery ayant très bien vieilli, directeur de l'agence d'espionnage et de renseignement ultra-secrète Danger Girl.

Après avoir triomphé du terrible Empire du Marteau et de ses troupes fascistes, les filles ont bien mérité quelques semaines de vacances. Seulement le crime lui ne prend pas de congés, et où qu'elles aillent il y aura un vilain à combattre et des plans démoniaques à stopper ! De l'archipel d'Hawaï à Las Vegas, de l'Italie jusqu'au Japon, nous suivrons les aventures des Danger Girl au sein de 5 petites histoires indépendantes, dessinées par plusieurs artistes et chapeautées par le duo d'auteurs originel. Mais outre les situations sérieuses et dangereuses que les filles devront affronter pour sauver le monde, il y a aussi beaucoup de rigolade, d'autodérision et de fun ! Qu'il s'agisse de Valerie s'imaginant à la place de ses aînées dans de folles péripéties, ou bien des tentatives pitoyables de séduction de Johnny Barracuda, ou encore d'un délire total des scénaristes intitulé sobrement Les Soutifs à Motifs, rien n'arrête les espionnes de choc et de charme ! Même lorsqu'elles sont amenées à faire face à un nouvel empire du mal issu de l'impérialisme totalitaire nippon de la Seconde Guerre Mondiale, elles n'ont peur de rien et foncent dans la bataille pour la sauvegarde du monde ! Le tout dans les plus belles tenues qui soient, pour le plus grand bonheur du lecteur.

Ce gros volume constitué de plusieurs histoires s'intercale idéalement entre le premier gros arc de la série et les suivants, servant de transition parfaite avant de revenir à des aventures plus étudiées et sur le long terme. Bien que dans la dernière de ce recueil, Danger Girl – Kamikaze, l'on retrouve énormément de codes et de situations déjà vus dans la première série et qui en ont fait le succès et l'originalité. Une sorte de clin d'oeil interne aux fans et de promesse quant à l'avenir ! C'est un comics idéal pour les vacances, sur la plage, ou tout simplement pour passer un bon moment de détente et de lecture facile sans trop se prendre la tête. Et puis, comme je l'ai dis plus haut, la série regorge d'hommages aux films d'espionnage des années '60 et '70 ainsi qu'aux trois films d'Indiana Jones, un vrai régal ! Vivement la suite, qui arrivera bientôt ici sur Radiophogeek soyez-en sûrs.
Petite mention spéciale au travail formidable de Glénat et sans doute aux efforts de Thomas Rivière, car l'album est vraiment beau et agréable à posséder autant qu'à feuilleter et vaut largement son prix de 19,50€ légèrement supérieur à la moyenne.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

jeudi 25 septembre 2014

La Patience du Diable (Maxime Chattam - Albin Michel - Juin 2014)



Ca y est la voilà enfin, la suite tant attendue de La Conjuration Primitive dont je vous ai déjà parlé il y a quelques mois ! Maxime Chattam développe sa nouvelle saga thriller avec autant de rapidité que d'efficacité, reliant une fois encore nombre de ses anciens cycles dans cette nouvelle œuvre appelée à rester dans les mémoires.

Un an et demi après les événements du premier tome et la sombre découverte réalisée dans le nord du Québec, Ludivine Vancker et ses collègues de la SR (Section de Recherche) de la Gendarmerie Française estiment que le pire est derrière eux et qu'ils ont déjà affronté l'horreur véritable, en étant tous sortis blessés mais grandis. Ludivine, en mémoire d'Alexis, disparu lors de leur enquête, s'est rapprochée du grand criminologue Richard Mikelis afin qu'il lui livre tout son savoir en la matière et la forme pour qu'elle puisse prendre la relève, au cas où...
Et justement, alors que les esprits s'apaisent et que la tension retombe, le Mal frappe à nouveau. Deux adolescents montent à bord d'un TGV et se mettent à tirer sur tous les passagers, perpétrant un véritable massacre de guerre qui ne laissera personne indifférent, avant de se suicider tous les deux. Moins d'une semaine après cette catastrophe, la France est pratiquement à feu et à sang. De partout les actes désespérés surgissent, les instincts meurtriers se réveillent et n'importe qui semble pouvoir devenir du jour au lendemain une vraie bombe à retardement : un homme exécute froidement tous les clients d'un restaurant parisien avant de se tirer une balle dans la tête, un autre organise une attaque à l'acide sulfurique massive sur un centre commercial dans le Nord, des gens sont retrouvés chez eux littéralement morts de peur, de terreur même, le visage atrocement déformé, sans le moindre signe d'effraction nulle part, rien qui puisse indiquer une présence autre que la victime au moment du décès... le Diable marcherait-il parmi nous, désormais ? C'est que prétendent certains de ses ''adeptes'', interpellés par la Gendarmerie et n'ayant que ce mot-là à la bouche : le Diable... le Diable les a conseillé, il leur a donné les moyens de se révéler et d'accomplir leur destin, son service, pour préparer son règne à venir, très bientôt. Pour Ludivine, ça ne fait aucun doute : quelqu'un dans l'ombre s'emploie à réunir des psychopathes dans tous les coins de la France, des gens qui ne demandent qu'une petite poussée dans le dos pour se lancer, et fait d'eux des monstres sans pitié. Quelqu'un organise les tueurs en série, les meurtriers de masse, quelqu'un tente de les fédérer ou du moins de synchroniser leurs actions, de les former pour qu'ils frappent la société là où elle aura vraiment mal. Cette nouvelle enquête risque bien d'être encore plus angoissante et dangereuse que la précédente, car cette fois le Mal est préparé à la résistance qu'on lui opposera et il a appris de ses erreurs précédentes. Cette fois, le Mal est partout, et le fait savoir, dans un monde en crise au bord de l'explosion, où les citoyens de plus en plus stressés et mis sous pression risquent de craquer d'un moment à l'autre et de devenir, eux-aussi, des pions meurtriers au service d'un sombre dessein. Cette fois, le Diable pourrait bien remporter la victoire... à moins qu'il ne soit déjà trop tard.

Un second tome énormément attendu et que certains ont jugé décevant justement par rapport à ces attentes, pour ma part je l'ai lu d'une seule traite sans pouvoir le lâcher une seule seconde, en une nuit blanche des plus passionnantes. Le seule autre livre dans ma vie récente pour lequel j'ai vécu la même chose à la lecture est un autre roman de Maxime Chattam, Prédateurs (second tome sur les trois de son Cycle de l'Homme, que je vous conseille vivement). Je m'estime donc pleinement satisfait car ce livre a parfaitement rempli sa mission, me divertir, me distraire, me faire réfléchir et me tenir en haleine comme jamais. Il est vrai que l'enquête comporte quelques facilités, malgré les recherches très immersives de l'auteur pour coller au mieux aux méthodes de la réalité, mais ça reste une œuvre de fiction il ne faut pas non plus exiger qu'elle soit naturaliste !
Les personnages sont forts, intéressants, donnent envie de les suivre dans leur enquête et dans leurs péripéties, de se plonger dans l'histoire à leurs côtés et de ressentir leurs angoisses et leurs doutes. Un nouveau méchant, très charismatique et envoûtant à plus d'un titre (rassurez-vous je ne dirai rien de plus à son sujet pour vous garder la surprise, sachez simplement comme le précise Chattam lui-même dans le livre que ce personnage a un lien avec un autre, au sein de La Trilogie du Mal...) qui poussera les gendarmes et la belle Ludivine dans leurs tous derniers retranchements, sachant taper exactement là où ça fait vraiment mal. Jamais autant que dans ce tome vous ne ressentirez le stress et l'angoisse grimpante que Chattam instille en vous à mesure que vous dévorez les chapitres, aucun ne vous laissera en paix et ne vous permettra de lâcher prise. Des suites sont déjà annoncées, l'histoire ne s'arrête pas là et des liens restent encore à venir avec les anciens cycles de l'auteur, tous reliés ici pour le meilleur mais surtout le pire...

Vous l'aurez compris, je suis on ne peut plus enthousiaste et j'attends ces prochains tomes avec impatience, car je ne suis pas le Diable et je ne tiendrais sûrement pas jusque là tout seul. Ne jugez pas ce second volume trop sévèrement et gardez à l'esprit qu'il est le point d'articulation d'un nouveau cycle, d'une nouvelle saga, et qu'il trouvera sa finalité dans ses suites.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 21 septembre 2014

Succubes tome 2 - Roxelane (Thomas Mosdi & Adriano De Vincentiis - Soleil - Juillet 2011)



Et voilà, comme je vous l'avais promis me revoici à vous parler de la bd Succubes de Thomas Mosdi. Je ne me lasse pas de cette lecture, c'est proprement fascinant et j'espère parvenir à vous en faire partager mon intérêt !
Ce second tome est dessiné cette fois par Adriano De Vincentiis, dont le style tranche avec le tome précédent mais n'en est pas moins agréable et plutôt réaliste. Les corps féminins (puisque c'est là l'atout principal de l'histoire) sont correctement réalisés et représentés, rien de choquant ou d'exagéré à outrance, ça fait plaisir à voir pour une fois. De plus, l'atmosphère ici est radicalement différente puisque nous passons de la France de la Révolution aux fastes de l'Empire Ottoman de Soliman le Magnifique, quelques siècles plus tôt.

Alexandra Lissowska est une jeune femme vivant dans un petit village reculé de la Russie médiévale. Elle vit entourée des hommes de sa famille, et aspire à connaître autre chose que les frontières de son village enseveli sous la neige ou bien encore les préceptes religieux de son prêtre de père. Un soir, le village est attaqué par des pillards venant du Moyen-Orient, et Alexandra est capturée et violée après avoir vu son père assassiné sous ses yeux pour l'avoir défendue. Emmenée jusqu'aux sables de Crimée, elle est vendue comme esclave de plaisirs au grand vizir de Soliman, qui la destine à son sultan mais compte bien auparavant en profiter quelques peu pour la former. Accompagnée par Setkem, une Numide farouche elle-aussi destinée au harem du sultan, Alexandra va traverser les contrées menant au grand Empire Ottoman, en passant par Venise et les tractations politiques avec la Vieille Europe, tandis que dans l'ombre un complot se prépare. L'Eglise semble en effet s'intéresser de très près à ces femmes qui vont bientôt faire partie de l'entourage proche de Soliman, l'un des hommes les plus puissants et influents de son époque. Et si l'ordre des Filles de Lilith faisait ici une autre de ses tentatives pour prendre le pouvoir en manipulant les grands hommes ? Alors que le doute s'installe, Alexandra entend bien prendre son destin en mains : puisqu'elle sera désormais une courtisane condamnée à vivre dans le harem du sultan, elle sera la meilleure de toute et accaparera le souverain de ses charmes pour obtenir une place d'exception à ses côtés ! Mais, lorsque la véritable agent des Filles de Lilith est démasquée et échoue dans sa mission de se rapprocher de Soliman, Alexandra le vit comme un choc immense. Désormais, ses priorités sont réécrites et elle décide de prendre la relève de sa défunte amie pour poursuivre sa tâche et assurer la réussite et la survie des Filles de Lilith, en se rapprochant de Soliman pour doucement commencer à influencer ses décisions politiques... mais avant cela, il faudra l'isoler, le faire se méfier de ses conseillers et de ses proches, afin qu'il ne place sa confiance absolue qu'en sa favorite, celle que désormais l'on appellera Roxelane. Ainsi le jeu de la séduction opère-t-il à nouveau sur le monde politique, et la plus grande courtisane du monde s'apprête à instaurer un ''Règne des Femmes'' sur un Empire gigantesque et traditionnellement masculin. Les Filles de Lilith sont victorieuses, et ce n'est que le commencement...

Cette histoire se déroule donc quelques siècles avant celle de Camilla et de Robespierre durant la Révolution Française, dans le tome précédent. Ici, les prêtresses d'Isis sont quasiment à l'apogée de leur pouvoir et de leur influence sur le monde, l'Eglise les redoute et n'a pas encore les moyens de les traquer efficacement, et l'un des plus grands Empires au monde finit par tomber sous leur coupe. Un âge d'or qui se paiera très cher par la suite, comme on a déjà pu en être témoin dans le tome 1.
Succubes, malgré ou plutôt grâce à son titre racoleur, est une œuvre féministe assez intelligente qui séduit autant par ses protagonistes que par ses enjeux et sa qualité d'écriture.
Une fois encore ici un soin tout particulier est apporté afin de représenter les paysages et les lieux de l'époque, la culture Arabe et Moyen-Orientale de ce début de Renaissance, cet âge d'opulence et de merveilles à nulle autre pareilles. Les fastes de l'Orient, du désert, des palais du Sultan Suprême, les tenues, tout est extrêmement bien détaillé et a fait l'objet de nombreuses recherches pour paraître le plus réaliste possible. Si les systèmes politiques en eux-mêmes sont assez simplistes et finalement peu présents dans l'histoire, c'est aussi parce que l'enjeu se porte directement auprès du dirigeant tout en haut de la pyramide, celui qui est au-dessus de tout et ne joue pas dans la même catégorie que ses sujets. C'est maigre comme explication et ça peut laisser une certaine déception pour celui ou celle qui chercherait à retrouver les rouages si particuliers de tels systèmes politiques, mais finalement est-ce bien ce que l'on attend d'une bande-dessinée de cette sorte ? Saluons déjà les recherches et les efforts pour recréer un cadre historique plausible et jouer avec des personnalités ayant réellement exister, c'est déjà suffisant en soi !
En bonus avec ce tome nous avons droit à 8 pages de sketchs (déformation du monde des comics, excusez-moi), de croquis et d'esquisses pour le personnage d'Alexandra, son évolution et celle de son style et de ses attitudes. Agréable s'il on aime savoir d'où viennent les détails et les images que l'on admire, ce qui est mon cas. La somme de travail derrière une simple case vaut déjà à elle-seule un certain degré d'intérêt de reconnaissance (c'est vrai ici comme dans beaucoup d'autres bandes-dessinées et ça l'est surtout pour Wika, dont je vous ai parlé récemment).
Si l'on devait résumer par une phrase, une maxime, ce tome, ce serait sans doute celle-ci : finalement, l'exercice du pouvoir se joue surtout dans l'intimité.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

jeudi 18 septembre 2014

Les patients d'Arkham (Urban Comics - Juillet 2014)



Vous allez finir par penser que je ne lis que ça, des tomes de la collection ''DC Nemesis'' d'Urban Comics, mais non c'est une simple coïncidence ! Et puis vu les récits de qualité qui s'y trouvent, j'aurais tort de me priver de vous en parler non ? On est bien d'accord.
Sortie en Juillet 2014 chez nous et scénarisée par Dan Slott (oui, le monsieur très décrié aux commandes depuis très longtemps des séries Amazing Spider-man, puis Superior Spider-man puis de nouveau Amazing Spider-man actuellement), cette mini-série intitulée Les patients d'Arkham nous plonge dans le quotidien terrifiant et angoissant du fameux Asile d'Arkham, en périphérie de Gotham City, inquiétante bâtisse ancienne abritant les pires psychopathes de l'univers DC et semblant tout faire à part les soigner. Avec l'aide de Ryan Sook au dessin, Dan Slott nous propose une virée saisissante et malsaine auprès des plus grands criminels de la ville, et de ce qui fait sans doute de l'Asile d'Arkham un endroit à éviter à tout prix.

Warren White est un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire et normal. Pas de super-pouvoirs, pas d'origines traumatisantes, pas d'accident, pas de mauvaise journée, rien. Si ce n'est que Warren White est sans doute le trader le plus insensible qui existe, et qu'il est jugé pour escroquerie à grande échelle, ayant fait perdre à cause de ses manipulations boursières des sommes considérables à de pauvres épargnants anonymes. Aussi riche que Bruce Wayne, dit-on, il s'arrange pour éviter la prison à vie en soudoyant ses avocats et en plaidant la folie passagère pour expliquer ses actions. Ca marche, et le jury le considère comme coupable mais non-responsable de ses actes. Warren est soulagé, il évite donc la prison... mais pourquoi le juge semble-il si satisfait malgré tout de ce verdict ? Après tout, ce n'est vraiment pas si grave, on décide simplement de l'envoyer dans un genre de maison de repos, un sanatorium ou quelque chose du même genre, où il passera quelques mois voir juste quelques semaines à discuter avec des gens avant de sortir comme si de rien n'était et de reprendre sa vie de débauche. A l'aise donc. Oui mais pourtant, tout le monde autour de lui, ses avocats comme ses proches, tous semblent paniqués à la seule prononciation du nom de l'établissement : l'Asile d'Arkham. Quoi, ce n'est pas grand chose enfin ! Rien qu'un endroit où sont soignés en douceur les gens ayant un peu perdu le sens des réalités... n'est-ce pas ?
Evidemment, nous lecteurs qui sommes aussi sains d'esprit que Warren, nous savons déjà combien il se trompe et dans quel enfer il vient de se condamner lui-même par ses manœuvres juridiques. Ce n'est pas un hasard si ce bon plan paraissait un si bon plan : personne, à Gotham, n'oserait plaider la folie pour échapper à la prison. Car cela voudrait dire qu'on serait immédiatement envoyé à Arkham, auprès de cinglés véritables comme Double-Face, Killer Croc, le Chapelier Fou, Poison Ivy, l'Epouvantail... le Joker. Tout cela, Warren l'ignorait ou ne s'en rendait pas vraiment compte. Les choses vont bien changer lors de son arrivée, obligé de passer la nuit dans la même cellule qu'un dangereux gourou de secte persuadé de parler aux morts et vivant avec les âmes de ses victimes. Qui occupent une bonne partie de la pièce et des couchettes. La nuit promet d'être longue... d'autant que tout le monde se réjouit de l'arrivée de ce nouveau patient, les autres lui ont même tout de suite trouvé un surnom adéquat. Dehors, Warren White l'insensible était le Grand Requin Blanc, prédateur de la finance, impitoyable. Ici, dans les murs d'Arkham, il est... Viande Fraîche. Et il n'aura jamais autant eu l'impression d'être un bout de viande sur pattes, cible de toutes les attaques, souffre-douleur de gens comme Killer Croc, esclave de Double-Face, compagnon de douche du Joker... et si cet enfer finissait par faire de lui, un homme sain et respectable, un véritable monstre à son tour ? Car en plus des patients et de la violence ambiante, Arkham dissimule bien des secrets atroces en son sein, de sombres origines et une histoire des plus glauques, propre à instiller la folie dans les cœurs les plus faibles...

Les patients d'Arkham, où une plongée effroyable du lecteur dans ce lieu que l'on a toujours préféré éviter, surtout depuis le passage de Grant Morrison. Dan Slott relève le défi de nous livrer un récit encore plus sombre et malsain, avec succès, nous présentant avec force détails la chute lente et inexorable d'un homme ''sain d'esprit'' qui deviendra un monstre semblable à ses nouveaux compagnons d'infortune. Mais Warren n'est pas le seul personnage que le lecteur suivra dans cette histoire, puisque l'Asile lui-même peut être considéré comme un personnage à part entière. Une grande partie de son passé sera reprise de ce que Grant Morrison avait déjà établi, mais de nouveaux éléments vont entrer en jeu et notre vision de l'endroit en sera à jamais changée. Pour les gamers, vous apprécierez de retrouver dans ce récit les prémices du jeu-vidéo Arkham Asylum, du moins les personnages clés de l'aventure qui vous serons ici présentés pour la première fois.
Une petite histoire en six chapitres, sans grande conséquence pour le reste de l'univers Batman, agréable à lire et qui fait réfléchir sur le destin des criminels de Gotham lorsque le Chevalier Noir n'est plus dans les parages pour les protéger. Oui, les protéger.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

samedi 13 septembre 2014

Succubes tome 1 - Camilla (Thomas Mosdi & Laurent Paturaud - Soleil - Avril 2009)



Dans la collection ''Secrets du Vatican'' l'éditeur Soleil fait paraître des récits qui explorent des recoins cachés de l'Histoire, avec une forte connotation religieuse la plupart du temps. C'est le cas de cette bande-dessinée écrite par Thomas Mosdi et dessinée par Laurent Paturaud pour ce premier tome, Succubes.

Le tome 1 raconte ainsi les dessous de la Révolution Française et plus particulièrement la période de la Terreur, sous le ''règne'' de Maximilien de Robespierre, entre 1793 et 1794 ici. Au-delà de l'Histoire officielle que nous connaissons tous ou presque, nous découvrons qu'il s'agit avant tout d'un vaste complot orchestré par une secte religieuse connue sous le nom des Filles de Lilith, dernières héritières et conservatrices d'un antique culte égyptien de la déesse Isis qui tend à placer certaines femmes dans l'ombre de grands hommes à travers les époques, pour contrôler leur destin ainsi que leurs actes, dans un but très mystérieux. Dans ce tome, Robespierre alors au sommet de sa popularité et de son influence sur le Comité est régulièrement visité par la belle et envoûtante Camilla, émissaire des Filles de Lilith, venue lui révéler les secrets de son culte et faire de lui l'élu qui restaurera à jamais la gloire d'Isis et le pouvoir de ses prêtresses. Est-ce un mal, est-ce un bien, nous ne sommes pas en mesure de le savoir, mais il faudra cependant toujours des sacrifices pour parvenir à cet idéal. Et tandis que l'orage de la Terreur gronde sur une France aux abois, les Filles de Lilith doivent également faire face au Vatican et à son ordre des Frères d'Adam, qui entendent bien éradiquer la menace de ces femmes qu'ils nomment avec dédain ''succubes'' et dont ils ont juré de jeter les idéaux et valeurs dans l'oubli le plus total. Quel est donc ce terrible secret que le Vatican semble redouter et qui lui fait tant craindre les prêtresses d'Isis ? Et quel est le but qu'elles poursuivent dans l'ombre, perdant de nombreux pions et précieux élus dans leur combat mais ne renonçant pourtant jamais ?

Cette série commence vraiment très bien, le récit démarre tout de suite et les faits historiques sont plutôt bien traités et représentés, il y a relativement peu d'extrapolation et de fausses notes dans l'ensemble. Bien sûr, la Révolution et la Terreur ainsi que leurs instigateurs et meneurs sont ici au second plan et nous assistons d'un regard assez lointain aux événements fatidiques de la fin de vie de Robespierre, nous rendons ainsi compte qu'il n'était en réalité qu'un pion sacrifiable parmi d'autres entre les mains des Filles de Lilith et de cette ensorcelante Camilla, qui se choisit à la fin du tome un autre protégé on ne peut plus important pour l'Histoire en marche. Comme si, finalement, Robespierre et son culte de l'Être Suprême ne devaient servir que d'avertissement à ce nouvel élu pour lui montrer le droit chemin...
L'histoire a beau paraître assez simple, elle comporte nombre de références assez précises et pointues sur la période traitée ainsi que sur les différents protagonistes tirés du monde réel. De même pour les prières adressées à Isis par ses prêtresses, qui sont vraiment issues d'ouvrages religieux spécifiques. En somme, il y a une vraie qualité présente dans cette bd et ça fait plutôt du bien. Le récit ne prend pas trop la tête du lecteur, il suffit de se laisser porter et tout se suit parfaitement et s'enclenche de façon fluide. Reste à attendre de lire les trois autres tomes (je vous en parlerai, n'ayez crainte) pour savoir enfin ce qui se cache derrière les Filles de Lilith et leur vrai dessein. Et en parlant de dessin, justement, celui de Laurent Paturaud est des plus agréables à regarder. Un gros effort de documentation a été fait pour retranscrire le Paris de la Terreur et les modes vestimentaires de l'époque, ainsi que les influences égyptiennes et chrétiennes pour les deux camps. Quant aux personnalités historiques, elles sont aisément identifiables même sans êtres nommées, on les reconnaît tout de suite pour peu qu'on en ai déjà vu un portrait.
Il va sans dire que parmi les différents thèmes abordés et traités par cette bd, le sexe et la séduction ésotérique/érotique sont en bonne place. Cela donne des pages absolument magnifiques, où la magie provient principalement de l'imaginaire du lecteur et où la sensualité est de mise, dans de magnifiques atours. A conseiller, vraiment ! La beauté des personnages féminins est sans égale, Camilla la première mais ses ''sœurs'' ne sont pas en reste, loin de là. Même les hommes sont soignés, à l'image de Robespierre le dandy qui ne trahit en rien sa réputation de bel homme.
Je vous tiens au courant pour ce qu'il en sera des tomes suivants, mais croyez bien que mon intérêt pour cette bande-dessinée ne va pas décroître de sitôt !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 10 septembre 2014

La saga de Ra's al Ghul (Urban Comics - Juillet 2014)


Attention, là c'est du lourd. Dans la collection ''DC Nemesis'' jusqu'à présent nous n'avons eu que des récits de qualité, sur les plus grands méchants de l'univers de Batman principalement, de Bane à Double-Face en passant par Deadshot ou le Pingouin. Avec cet album-ci, très imposant et tout aussi bien fourni, nous avons le plaisir de découvrir non pas un mais trois récits parus à la fin des années 1980 et au début des années 1990 sur le personnage de Ra's al Ghul, écoterroriste immortel dont le génie rivalise largement avec celui du Chevalier Noir. Trois histoires qui nous présenteront tour à tour les origines, les failles et les plus grandes réussites de ce vilain créé en 1971 et qui reste encore de nos jours l'une des plus grandes et des plus terribles menaces qui pèsent sur Batman et son entourage, ainsi que sur notre monde. Un personnage torturé, tourmenté par son passé, en lutte perpétuelle contre l'évolution et contre l'humanité, se plaçant en bienfaiteur de la planète tout autant qu'en meurtrier de masse pour le bien commun. Egalement un père soucieux de sa descendance et de son héritage, un homme vieux et fatigué qui refuse de rendre les armes tant que sa vision ne se sera pas accomplie ou que son rêve ne soit en sécurité entre les mains d'un digne successeur. Un temps ce rôle aurait pu être tenu par Batman lui-même, amant de Talia, la fille de Ra's, et que l'immortel considère toujours malgré leurs différends et oppositions morales comme son fils spirituel.

Grâce au travail d'Urban Comics, nous avons la joie de pouvoir lire en un seul recueil trois récits légendaires sur le personnage et sa relation avec Batman. Tout d'abord, dans La naissance du Démon (Birth of the Demon), les secrets des origines de Ra's al Ghul nous serons enfin dévoilés, par la bouche de sa fille Talia se confiant au Chevalier Noir avant que l'heure de l'affrontement final entre son père et son amant ne sonne. Les mystères de celui qui s'affranchît de la Mort elle-même et devint pire qu'un démon, de l'homme qui perdît toute humanité par la faute de la cruauté des hommes. Un scénario de l'écrivain Dennis O'Neil, ayant officié de nombreuses années à la tête du destin des séries de Batman et connaissant ses personnages sur le bout des doigts, un récit à la fois touchant et horrible, qui se finit en apothéose par un duel impitoyable entre les deux antagonistes, à la vie à la mort. Le dessin et les couleurs de Norm Breyfogle sont incroyablement beaux, chaque case ressemble à une petite peinture et l'ambiance du Moyen-Orient médiéval est parfaitement retranscrite. Saisissant, on ne peut qu'admirer les efforts colossaux pour la création de ce style si particulier au service d'une histoire toute aussi magnifique !

Ensuite, dans Le fils du Démon (Son of the Demon), récit de Mike W. Barr sur un dessin très clair et détaillé de Jerry Bingham paru initialement en 1987 (et merci à Urban par ailleurs d'avoir laissé la sublime préface de l'époque signée Mark Hamill, oui oui, grand fan de Batman devant l'éternel depuis sa plus tendre jeunesse et qui participera à de nombreuses adaptations animées en prêtant sa voix au Joker), retour au présent avec Batman enquêtant sur l'assassinat d'un scientifique, dont les recherches semblent liées à Ra's al Ghul. Découvrant finalement que le véritable assassin désire en réalité détruire Ra's et sa Ligue des Assassins ainsi que tous ses projets, Batman décide de s'allier avec le terroriste immortel afin de retrouver Qayin, ancien fils adoptif de Ra's dont les parents ont été tué dans le bombardement nucléaire du Japon en 1945 sur les ordres de ce dernier et qui désire depuis se venger, avant qu'il ne mette son plan à exécution et ne provoque une catastrophe diplomatique sans précédent en pleine Guerre Froide, qui pourrait déclencher un hiver nucléaire sur toute la planète. L'occasion pour Batman de se rapprocher comme jamais de Ra's et de sa fille Talia, nouant une idylle amoureuse avec elle et concevant même un enfant. Les heures sombres semblent alors s'éloigner et les esprits sont la fête, à l'union.
Mais bien vite la cruelle réalité refait surface et emporte avec elle son lot d'espoirs et de rêves brisés. L'enfant à naître n'est plus et Batman, dévasté par cette perte, s'embarque dans une croisade d'une violence rare aux côtés de Ra's al Ghul pour mettre un terme définitif aux agissements de Qayin. L'occasion pour Ra's de lui aussi connaître un changement très important, en choisissant pour la première fois de renoncer à ses idéaux et à ses rêves d'une planète libérée du fléau de l'humanité, se posant exceptionnellement en sauveur de celle-ci et faisant preuve d'un héroïsme dont on ne le croyait plus capable depuis bien des siècles. La preuve, peut-être, que tout le monde peut un jour changer, et qu'il reste toujours un espoir quelque part ? Malgré le côté très sombre de cette fin, un rayon d'espoir subsiste bel et bien car l'on découvre que l'enfant n'est pas mort en réalité et qu'il a été confié aux bons soins d'un orphelinat par sa mère, désirant conserver le secret dans un but des plus mystérieux (Grant Morrison, je t'ai vu !)...

Enfin, dans le troisième et dernier volet de cette saga, La fiancée du Démon (Bride of the Demon), c'est une nouvelle facette de Ra's al Ghul qui nous est dévoilée, celle d'un homme recherchant encore et toujours le grand amour, la femme digne de partager sa vie et ses rêves et également de porter sa descendance. Mike W. Barr et Tom Grindberg nous racontent comment Ra's développe son plus grand projet en parallèle de sa quête sentimentale, réalisant l'un et l'autre dans le même temps et faisant reposer autant d'espoirs sur chacun. Une fois encore aidé, de façon ambiguë, par Talia, Batman va remonter la piste de Ra's jusqu'à le dénicher dans sa base d'opérations secrète, où il découvrira avec horreur le projet le plus terrible et le plus grandiose de l'immortel pour rendre à la planète son aura d'antan, sa pureté d'avant la souillure de l'humanité industrialisée. Une œuvre démentielle qui rassemble la somme des rêves et des espoirs du terroriste, un désir farouche de rendre le monde meilleur quel qu'en soit le prix et quelles qu'en soient les conséquences, pour que son héritage perdure à jamais et que la nouvelle humanité à naître puisse être guidée par ses descendants éclairés. C'est le point d'orgue de plus de 600 ans d'existence pour Ra's al Ghul, son plus grand achèvement et sa plus grande entreprise, pour laquelle il est prêt à se sacrifier corps et âme sans réserve. Quitte pour cela à perdre l'amour de sa vie et l'affection de sa fille... mais un rêve ne connaît aucune limite, si ce n'est la folie.

Trois histoires magnifiques, toutes d'une façon différente, avec un style précis et unique à chaque fois. A ma connaissance jamais aucun personnage de cette envergure n'aura eu une telle aura auprès tant de ses auteurs que de ses lecteurs, et ces histoires d'anthologie rassemblées par Urban Comics sous le titre La saga de Ra's al Ghul forment une fresque presque parfaite, à laquelle rien ne manque, et qui constitue selon moi l'un des meilleurs albums que j'ai pu lire depuis Janvier 2012 et la création de l'éditeur français de DC Comics. Vraiment, jetez-vous dessus et ne regardez pas à la dépense, car ce gros album vaut largement son prix nettement plus cher que la moyenne pour cette collection. Si vous ne devez lire qu'un seul volume des ''DC Nemesis'', alors que ce soit celui-là, par pitié ! C'est une œuvre fascinante, prenante, triste, intense et tragique, qui ne vous laissera pas indifférent quoi qu'il arrive et qui vous fera découvrir une vraie qualité d'écriture et de représentation dans le monde des comics, de quoi faire taire les mauvaises langues pour un bon bout de temps.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 7 septembre 2014

Médaka-Box tome 15 (Tonkam - Août 2014)



« Qu'est-ce qu'une ''victoire'' ? »

C'est par ces quelques mots que débute ce 15ème tome du manga Médaka-Box, paru le 22 Août dernier. Un tome qui une fois encore surprend son lectorat en prenant le contre-pied total des attentes et se permet une nouvelle mise en abîme, décrivant cette fois les difficultés et les enjeux d'un héros victorieux, posant tout simplement cette question : qu'est-ce qu'une ''victoire'' ? Et en effet, qu'est-ce donc ? L'aboutissement d'une histoire ? Celui d'une quête ? La finalité du héros du récit et de ses compagnons ? Ou bien n'est-ce qu'une étape parmi d'autres sur un parcours bien plus long et complexe ? Lorsqu'on écrit une histoire sur un laps de temps assez long, doit-on convenir que la victoire du héros sur ses opposants doit marquer le point final du récit, ou bien ne servir qu'à l'arrivée dans une nouvelle phase ?

Tandis que Médaka paraît de plus en plus isolée, à la veille de l'affrontement voulu par Ajimu, son ancien compagnon Zenkichi poursuit son entraînement intensif pour tenter de comprendre la vraie nature d'un héros, afin de supplanter son amie de toujours à ce titre au sein de l'histoire. Un entraînement qui le poussera à de profondes réflexions personnelles, de grandes remises en question qui lui permettront de comprendre enfin la vérité sur son attachement sans failles à Médaka depuis tant d'années... une révélation-choc qui aura pour effet de totalement changer la stratégie du futur héros, ainsi que la direction du manga lui-même ! Et pendant ce temps bien entendu, Kumagawa entreprend de saboter toute l'opération en réunissant autour de lui l'ensemble des présidents de comités de l'établissement dans un jeu de hasard qui devra décider de l'avenir : s'ils perdent, les présidents devront suivre les consignes de Kumagawa et prendre position dans l'affrontement entre Médaka et Zenkichi, chose qu'en tant que personnages secondaires ils ne veulent absolument pas. En revanche, s'ils remportent la victoire, c'est Kumagawa et l'ensemble de son Union des Fétichistes qui devront disparaître et laisser l'histoire suivre son cours normal. Que les jeux commencent !

Encore une fois Médaka-Box prouve que derrière le rideau d'un shonen classique sans surprises se cache en réalité un récit plein de réflexions sur la nature profonde du milieu du manga au Japon et sur la situation des auteurs. Ici nous retrouvons le double, voir triple ton de narration que nous avions déjà dans le tome précédent. Ici, il sera question de la place des auteurs vis à vis de leur œuvre et du pouvoir qu'ils conservent dessus une fois qu'elle est publiée et suivie par de nombreux lecteurs, mais aussi de la nécessité parfois de changer radicalement la direction d'un récit (passer d'un shonen de combats improbables et spectaculaires à une comédie romantique un brin déjantée) pour séduire un nouveau lectorat et renouveler les idées. Et comme toujours le personnage de Kumagawa, comme celui d'Ajimu désormais, servent à briser le quatrième mur et à intégrer le lecteur dans cette réflexion tout en suivant la fiction elle-même, dans le même temps. Un manga de qualité qui tranche agréablement avec le reste des parutions shonen récentes, et qui fait réfléchir. Un exploit en soi !
Bon... inutile de préciser que ce tome confirme ce que l'on pouvait déjà observer dès les deux ou trois précédents : la fameuse Médaka-Box, la boîte aux idées, a complètement disparu de l'histoire dont elle était censée être le cœur au départ. Preuve s'il en est de l'évolution d'une série de ses débuts à sa fin, et du développement considérable qu'elle peut connaître grâce à ses lecteurs mais aussi à son éditeur et sa volonté de brasser plus large. Gardez à l'esprit que dans ce manga, depuis un bon moment, tout élément cache plusieurs sens de lecture !
Pour finir sur la réflexion principale de ce tome, à savoir « qu'est-ce qu'une ''victoire'' ? », on peut aussi constater que les auteurs, à travers le personnage d'Ajimu et ses motivations, donnent cette réponse : la victoire, c'est la fin. La fin de l'histoire, la fin de l'écriture, le point où le lecteur s'arrête et où il se considère satisfait. La fin du manga, qui n'a déjà que trop duré et qui doit toucher au dénouement dans les tomes à venir sous peine de perdre son lectorat et de s'égarer dans les intrigues secondaires. Un message que certaines grandes séries feraient mieux d'entendre, de nos jours, comme Bleach ou Naruto en leur temps, quand il le fallait.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

vendredi 5 septembre 2014

Batman, le Chevalier Noir tome 3 - Folie furieuse (Urban Comics - Juin 2014)


Batman, le Chevalier Noir est une série à part des autres concernant le protecteur de Gotham. Seule échappant au jour de Scott Snyder, elle fait son petit chemin dans son coin sans se préoccuper du reste, à part les grands événements. La qualité varie suivant les chapitres et les scénaristes, passant de Paul Jenkins pour le premier tome à Gregg Hurwitz depuis le second, qui fut un vrai chef-d'oeuvre au passage. Ce troisième tome, dessiné par Ethan Van Sciver, est un peu moins bon que le précédent mais tout aussi intéressant dans sa démarche, consistant à approfondir le passé d'un vilain de l'univers Batman et à le faire découvrir au public sous un nouveau jour.

Alors que la ville de Gotham est effrayée par une nouvelle vague d'enlèvements, peu après les derniers agissements de l'Epouvantail, Batman tente d'identifier son nouvel adversaire mais également côté Bruce Wayne de maintenir à flot sa relation avec la pianiste Ukrainienne Natalya Trusevich, qui commence à soupçonner la double-vie de son mystérieux amant. Et tandis que la ville s'affole, Jervis Tech, dit le Chapelier Fou, prépare une nouvelle monstruosité en faisant enlever toujours plus de personnes innocentes afin de lui construire un décor de rêve pour sa psychose. L'occasion de l'accompagner dans ses délires vers les confins de ses souvenirs, son enfance et son amour transit pour LA fille, la belle Alice, et le moment fatidique où tout son univers construit autour d'elle s'effondra en le laissant sans le moindre espoir. Une enfance malheureuse, dont il est malgré tout le seul responsable, et qui fera de lui le monstre que l'on connaît aujourd'hui et qui s'apprête à perpétrer un nouveau massacre, à moins que Batman n'arrive à temps pour l'en empêcher cette fois. Un Batman qui devra lui aussi voyager dans la plus sombre noirceur de son être, de sa personnalité, et explorer un chemin angoissant qui le poussera à franchir la ligne, à peut-être devoir commettre l'impardonnable pour stopper la folie de son ennemi... et, peut-être, devenir comme lui.

Ce tome m'a moins plu et transporté que le précédent sur l'Epouvantail, qui lui était véritablement magistral de bout en bout. Ici le personnage principal est celui du Chapelier Fou, et le lecteur découvrira les secrets de son enfance ainsi que de ses traumatismes, lui faisant éprouver tantôt de la compassion tantôt du dégoût pour cette infortunée créature. Grosso-modo la même recette que pour l'Epouvantail du coup, et autant la première fois c'était un coup de génie, autant la seconde fois ça sent un peu le réchauffé de la part de Gregg Hurwitz, c'est un peu dommage je trouve. La formule est bonne, elle fonctionne, mais risque de devenir lassante si chaque arc de la série s'articule de cette façon. Enfin, il n'en reste plus beaucoup à paraître chez nous puisque la série a été arrêtée en V.O. au bout de 5 tomes à peu près.
Le dessin d'Ethan Van Sciver, accompagné pendant un ou deux chapitres par Szymon Kudranski, est toujours aussi bon que précédemment, aucun soucis à relever sur ce point. On regrette simplement que certaines planches, travaillées pour plonger le lecteur au sein du delirium du Chapelier et de Batman, perdent en clarté par moments.
En résumé un tome sympathique, efficace, qui nous permet de mieux connaître le Chapelier Fou, mais qui s'égare quelques peu dans un schéma de narration en boucle depuis le tome d'avant, et qui à trop vouloir se détacher du reste de l'univers Batman perd l'essence de son personnage à diverses reprises. Je vous en laisse seul juge, pour ma part j'ai trouvé que certaines répliques ou certains actes du Chevalier Noir ne lui correspondaient pas du tout, délire ou pas. On sent une réelle maîtrise pour ce qui touche aux ennemis, à leur genèse et à leurs motivations profondes, mais en revanche une maladresse plutôt gênante concernant Batman lui-même. J'espère que cela sera corrigé dans les derniers arcs de la série, à venir chez Urban d'ici l'an prochain j'imagine. En tout cas Batman, le Chevalier Noir reste l'une de mes séries Gotham préférées du moment depuis ses débuts.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !