Les Maraudeurs ont porté un coup terrible aux mutants héroïques du Professeur Xavier, en assassinant froidement et massivement les Morlocks dans les tunnels de New York. Quelques uns seulement ont survécu et sont trop grièvement blessés pour retourner dans les souterrains, les X-Men doivent donc leur trouver un endroit sûr où ils pourront être soignés correctement. L'île de Muir, en Écosse, leur semble la meilleure solution et un transport est donc aussitôt affrété pour le laboratoire de Moira McTaggert.
Mais les infâmes assassins n'en ont pas terminé pour autant avec les X-Men, et ils se plaisent d'ailleurs à le leur rappeler à maintes occasions en les attaquant par surprise jusque dans les lieux où les héros se sentaient jusque-là le plus en sécurité. L'institut Xavier fera ainsi les frais d'une attaque sournoise de Dents-de-Sabre, tandis qu'une autre partie de l'équipe sera aux prises avec la redoutable Malice capable de prendre possession des corps de ses victimes, retournant ainsi les pouvoirs des coéquipiers contre eux-mêmes et brisant les liens de confiance.
Si Tornade n'a toujours pas récupéré l'usage de ses pouvoirs, elle demeure néanmoins la cheffe d'équipe des X-Men et saura les tirer de ces mauvais pas en raisonnant non pas en proie mais en prédateur, un plan qui trouvera un écho chez Wolverine notamment pour qui la chasse est bel et bien lancée !
Une nouvelle équipe voit aussi le jour après ces quelques échauffourées, une équipe entièrement féminine composée par Malicia, Psylocke et Dazzler, épaulées par le jeune Longshot lui aussi tout récent. Dazzler a en effet décidé de rejoindre les rangs des X-Men pour tenter de maîtriser son pouvoir mais surtout sa destinée, sa carrière musicale partant à vau-l'eau depuis quelques temps. Quant à Psylocke, il s'agit de la sœur jumelle du Captain Britain en titre, Betsy Braddock, et elle dispose d'importants pouvoirs télépathiques qui la rendent capable de remplacer sur le terrain des gros calibres comme Jean Grey par exemple. Du moins pendant un temps, car elle non plus ne se maîtrise pas encore totalement et recherche donc la cohésion et l'enseignement des anciens élèves de Charles Xavier pour mieux se connaître elle-même.
Toutefois, les Maraudeurs ne vont pas s'en prendre qu'aux seuls X-Men pour les avoir empêché de tuer tous les Morlocks : leurs proches seront également des cibles de choix, comme Havok et Polaris par exemple qui ne verront même pas le coup venir. Tandis qu'Alex se rend à Westchester pour retrouver le reste de l'équipe, Lorna se retrouvera possédée par Malice, ses pouvoirs servant désormais la cause néfaste de celui que ses sbires appellent avec crainte Monsieur Sinistre...
La cohésion et l'esprit d'équipe, deux valeurs cardinales chez les X-Men et qui seront une fois de plus mises à l'épreuve par un nouvel arrivant, un certain Horde, apparemment doté du pouvoir de plier la réalité à ses moindres désirs. Pourtant, il charge les X-Men de pénétrer pour lui dans un palais onirique et d'y dérober un cristal unique en son genre que lui-même ne peut se résoudre à approcher tant les pièges sont nombreux et pervers. Chacun verra ainsi ses désirs les plus profonds exaucés de bien des façons, mais rien ne sera jamais vraiment comparable à la vie du groupe dans son ensemble et ils finiront par triompher à la fois du cristal et de Horde, en grande partie grâce à l'esprit chevaleresque de Wolverine d'ailleurs.
Enfin, c'est un tout autre défi qui attend les mutants. Kitty Pryde, alias Shadowcat, fait elle aussi partie des victimes collatérales de la tuerie de masse des Maraudeurs, et son corps commence à se dissoudre dans l'air ambiant à une vitesse alarmante. Si rien n'est fait, ce pourrait bien être la fin de cette toute jeune recrue déjà si expérimentée et attachante pour toutes et tous. Magneto se résout donc à demander de l'aide à la seule personne assez intelligente pour soigner ce mal incroyable, Reed Richards, le leader des célèbres Quatre Fantastiques !
Mais les Fantastiques traversent justement une crise interne toute personnelle et l'équipe part en vrille de tous côtés, par la faute des anciens écrits intimes de Reed justement et de sa possible totale culpabilité dans l'accident qui leur a conféré leurs pouvoirs mais les a aussi condamné à une vie différente de tout ce que l'on pourrait imaginer. Reed lui-même en vient à douter profondément de ses qualités de meneur et d'ami, ainsi et surtout que de son propre intellect devenu si froid et distant. Rongé par ses doutes, Richards refuse donc d'œuvrer sur le cas de Shadowcat, pensant faire plus de mal que de bien.
C'est alors qu'un nouvel arrivant dans cette affaire se manifeste, nul autre que le terrible Docteur Fatalis, qui propose son aide aux X-Men gratuitement, sans autre contrepartie que de reconnaître sa supériorité intellectuelle sur son ennemi et rival de toujours. L'équipe est divisée comme peu souvent autour de cette question : faut-il accepter l'aide de Fatalis, pratiquement le Diable incarné pour certains, au prix de l'âme du groupe si jamais un jour le tyran venait à leur réclamer cette dette ? Ou bien, pour préserver apparences et orgueils, vaut-il mieux laisser Kitty disparaître à tout jamais ?
Après quelques combats entre les X-Men et les Quatre Fantastiques, la décision est finalement prise de confier le sort de Kitty à Fatalis, qu'importent ses réelles motivations. En l'absence de toute volonté chez Richards, seul le souverain de Latvérie peut la sauver en reprenant les calculs et appareils de Reed et en les améliorant à sa façon. Mais même ainsi, l'opération demeure très risquée et les chances de réussites sont faibles.
C'est Susan qui finira par découvrir toute la vérité : le journal qui faisait tant douter son mari n'est qu'un faux, rédigé par Fatalis lui-même à l'époque où lui et Reed se fréquentaient à l'université et échangeaient sur tous les sujets scientifiques à leur portée en vrais partenaires, jusqu'à l'accident tant décrié qui coûta son visage à Victor et blessa aussi cruellement sa fierté. Ce faux journal intime était donc un piège laissé là par l'ennemi le plus intime des Fantastiques, le plus à-même de les briser ainsi que leur confiance en eux, piège qui hasard du calendrier s'est déclenché au moment où les X-Men auraient eu le plus besoin de l'aide de Richards.
Acceptant de garder ce secret pour elle mais révélant la vérité à Fatalis lui-même pour le menacer directement si jamais il s'en prenait à nouveau à sa famille, Sue va devoir laisser son mari reprendre confiance en lui tout seul pour surmonter cette difficile épreuve morale. Et contre toute attente, c'est l'innocence d'un petit garçon, Franklin Richards, qui fera plier la volonté de fer de Fatalis et le poussera à coopérer avec Reed comme au bon vieux temps, dans le but de sauver une vie, même mutante.
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Le fin mot de tout ceci, c'est qu'en cette première moitié de l'année 1987 deux équipes majeures de chez Marvel connaîtront plus que leur lot de doutes internes et de remises en question parfois assez drastiques, sous la plume de Chris Claremont et les dessins de Jon Bogdanove et d'un tout jeune Marc Silvestri aussi. Épaulés par les vétérans que son déjà Alan Davis et Barry Windsor-Smith, les artistes livrent une prestation sans failles que j'aurais apprécié un poil plus sans les habituelles erreurs typographiques de Panini dans la transcription en Français des textes de ces quelques chapitres. Encore une fois, une relecture aurait pu résoudre ce problème rapidement, mais bon ça coûte peut-être trop cher, je ne suis pas éditeur moi-même donc je veux bien leur accorder, une fois de plus, le bénéfice du doute.
Pour le reste, et en arrêtant de chipoter, on se trouve ici devant une année 1987 servant ouvertement d'intervalle entre deux grands événements, l'un passé (le massacre des Morlocks par les Maraudeurs) et l'autre encore à venir (la chute des mutants). Les récits de cette première moitié d'année sont donc principalement concentrés sur les conséquences directes et sur du plus ou moins long terme des actions des Maraudeurs et de leur campagne de harcèlement vis à vis des X-Men et de leurs alliés. Nul doute n'est cependant permis, les héros reprendront le dessus à un moment qui reste encore à définir mais qui risque d'arriver tout prochainement, le temps pour eux de relever la tête hors de toutes ces épreuves.
Et pour cela, quoi de mieux que le miracle de la ''résurrection'' de Kitty Pryde, aimée de toutes et tous et enfin ramenée parmi les siens après un processus assez lent de guérison ? Claremont nous présente les tourments intimes de Reed Richards d'une façon que nous commençons à bien identifier et à bien connaître maintenant, très psychologique, et la délivrance viendra à la fois d'une reprise de confiance et de l'intervention salvatrice d'une femme d'honneur et mère dévouée que rien ne fera reculer pour protéger les siens. On retrouve ainsi cette dynamique de femme forte et pratiquement indépendante si chère déjà à l'époque pour l'auteur et qui sera ré-exploitée bien plus tard dans la série X-Trême X-Men.
Et Fatalis dans tout ça me direz-vous ? Égal à lui-même, comme toujours, et il est fortement à redouter qu'il exigera paiement de la dette mutante envers lui un beau jour... mais pour le moment, je préfère garder dans mon esprit ce moment parfait où Franklin le fait plier par ses larmes et sa touchante innocence infantile. Comme quoi, même le cœur le plus endurci et le plus desséché peut encore entendre la voix de la raison quand c'est nécessaire... ou bien n'était-ce qu'un calcul de plus dans l'esprit perfide de celui qui ne rêve que d'anéantir corps et âme son plus grand rival en ce monde ? J'y trouve personnellement un peu des enseignements dispensés par Dickens en son temps. Et s'il y a bien une chose qui est et restera, c'est que les X-Men sont intemporels !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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