jeudi 29 février 2024

Reine d'Égypte tome 6 (Ki-Oon - Octobre 2019)


Une nouvelle ère de prospérité est sur le point de voir le jour ! En effet, Hatchepsout veut à tout prix rétablir les anciennes voies commerciales entre l'Égypte et les nations voisines, même si cela signifie passer par la Mer Rouge, une navigation pour le moment hors de portée des compétences égyptiennes plus habituées au grand fleuve sacré. Le commerce avec les grandes nations de la Méditerranée est plutôt confié aux voyageurs en provenance de ces pays, et cela fait bien longtemps qu'un Égyptien n'a pas franchi les frontières maritimes de sa nation. Tout cela est sur le point de changer !


Ayant demandé à être assistée par un esthète au goût sûr, Pharaon reçoit la visite inopinée d'un étrange individu vêtu presque comme une femme, accompagné de son garde du corps personnel et stoïque, qui prétend être à-même de répondre aux besoins de la couronne. Alors qu'il va être jeté dehors, ou pire, à cause de son intrusion et de son comportement, l'individu fait montre d'un savoir inégalé en matière de commerce et sait jauger au premier coup d’œil un original d'une copie de contre-façon. Séduite, Hatchepsout fait nommer l'inconnu au poste de chancelier en charge du commerce, et lui cède même un bien très précieux de sa personne : son collier représentant l’œil d'Horus, l'un des symboles du pouvoir, offert en gage de reconnaissance de Pharaon !


C'est ainsi que démarre la nouvelle politique égyptienne en matière de commerce et de marchandage. Le chancelier Panéhésy met à mal les marchands étrangers qui jusque là étaient plutôt habitués à de bons clients ne rechignant jamais à la dépense quand il s'agissait de produits religieux, mais à présent ils ont affaire à quelqu'un au goût très sélectif et surtout à l’œil de lynx qui ne se laisse absolument pas faire par les traditions ou les habitudes bien trop ancrées. Négociant comme un lion et ne cédant pratiquement pas un pouce de terrain, Panéhésy parvient en quelques mois à redresser la barre et à consolider la réputation de l'Égypte comme étant un royaume de goût et où la qualité prime sur le reste.


Avec de telles dispositions, Hatchepsout peut maintenant se tourner vers un nouveau projet : constituer une flotte maritime dans le but de traverser la Mer Rouge et d'atteindre le pays de Pount, pour restaurer les relations avec ses habitants et ouvrir de nouvelles routes commerciales ! Convaincue que c'est par l'échange et la rencontre que pourra se forger une paix durable pour tous les royaumes, Pharaon demande conseil à son chancelier, qui les lui prodigue aussitôt, émerveillé bien que rechignant à l'admettre. Mais il reste le problème de la traversée du désert, nécessaire pour atteindre les villes égyptiennes après débarquement des marchandises de Pount. Mais là aussi, une solution finit par être trouvée.


En effet, sur une vieille carte, Hatchepsout remarque le tracé d'un ancien canal qui devait probablement servir en cas de marche militaire vers le port. C'est décidé, Pharaon ordonne que l'on se mette dès à présent à restaurer ce canal, embourbé et ensablé depuis bien longtemps, et qu'on le remplisse afin de faire naviguer les navires à destination de la Mer Rouge ! Cela prendra peut-être des mois, voir plus d'une année, mais ces travaux sont nécessaires au grand plan de pacification de la région et d'échanges intensifs avec les nations du Sud. Et cela donnera du travail à de nombreux ouvriers par la même occasion !


En parallèle, Senmout s'échine toujours à concevoir les plans de la tombe royale de Pharaon, qui ne sera pas achevée avant encore une vingtaine d'années normalement. Amaigri mais possédé par la ferveur du devoir accompli et de la loyauté envers son Pharaon et l'élue de son cœur, Senmout travaille jour et nuit d'arrache-pied, si bien que ses propres ouvriers lui demandent de ralentir la cadence et de prendre soin de lui avant tout, sans quoi les travaux pourraient bien perdre leur grand architecte plus tôt que prévu. Écoutant la voix de la raison, Senmout décide de se détendre et de donner un jour complet de congé à toute l'équipe, y compris à lui-même, jour qu'il mettra à profit pour rendre visite à Hatchepsout et raviver leur flamme.


Mais cela n'est pas vraiment au goût de Panéhésy, qui jalouse secrètement la proximité qu'entretiennent les deux amants. Le chancelier va réussir, petit à petit, à force de déclarations sensibles et de comportements scandaleux, à attirer l'attention de Pharaon sur un détail qui la préoccupe grandement dans les œuvres de Senmout : elle y est représentée en femme, et parfois sans les attributs physiques de sa charge. Si elle a laissé courir jusque là, cette fois-ci elle en est mortifiée et prend les remarques avisées de Panéhésy comme une piqûre au vif, elle qui avait décidé dès petite fille d'être toujours représentée en homme.


Hatchepsout doit donc prendre une difficile et surtout très douloureuse décision concernant Senmout. En tant que femme, amante, mère de son enfant, elle l'aime et son cœur saigne de devoir l'éloigner d'elle. Mais en tant que Pharaon, elle ne peut tolérer un tel manquement à ses commandements, et exige que Senmout rectifie son œuvre au plus vite et ne fasse plus la même erreur à l'avenir. Pour s'assurer que son architecte la verra désormais bien plus comme son Pharaon que comme une femme, elle rompt définitivement avec lui, le menaçant d'exil si jamais il venait à transgresser à nouveau sa volonté. C'est le cœur lourd et les larmes aux yeux que les deux amants se séparent, Senmout se replongeant à corps perdu dans son travail tandis que Panéhéry savoure son triomphe personnel.


Si les premiers échanges avec le royaume de Pount se passent plutôt bien et augurent d'un avenir radieux entre les deux nations, tout n'est pas parfait pour autant. La reine de Pount se méfie encore des Égyptiens et de la différence de culture des deux pays, mais la bonne volonté de Hatchepsout finit par la convaincre de laisser son mari le roi mettre un traité commercial sur pieds avec Pharaon. Tout pourrait bien se passer malgré la défiance première en fin de compte...


Mais hélas, la paix n'est apparemment pas faite pour durer. On rapporte que des attaques ont eu lieu dans les villages frontaliers les plus reculés, les coupables ne laissant aucune trace de leur passage à part des maisons incendiées et des cadavres carbonisés, les richesses évaporées. De plus, le fils de Hatchepsout, Djéhouty, a maintenant 12 ans et a passé ces cinq dernières années en apprentissage de la prêtrise dans un temple. Alors que le moment est venu pour lui de choisir quelle voie il empruntera pour son avenir, l'adolescent décide qu'il intégrera finalement l'armée et se taillera une solide réputation en son sein pour reconquérir l'amour et la dévotion de ses membres, afin de faire pencher la balance en sa faveur quand viendra le temps de reprendre la couronne à sa mère !


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Eh bien eh bien, cela faisait combien de temps déjà depuis le précédent tome que j'ai eu le plaisir de lire ? Bien trop longtemps, si vous voulez mon humble avis. Il était nécessaire de remédier à cette trop longue absence et c'est maintenant chose faite avec la lecture achevée de ce sixième tome de ce manga historique signé Chie Inudoh !


A nouveau plusieurs années s'écoulent en un rien de temps au fil des pages et des chapitres, et on sent une évolution majeure arriver en Égypte sous le règne de Hatchepsout. Quelle plaisir d'assister aux grands bouleversements de cette époque, bons comme mauvais, à travers un manga et un dessin de cette qualité ! La petite partie explicative à la fin du tome nous donne comme toujours un aperçu des énormes recherches qu'a pu effectuer l'autrice pour retranscrire le plus fidèlement possible l'atmosphère de cette époque et de ce règne si particulier pour le pays des dieux.


Évidemment, j'ai mal au cœur en voyant la façon dont se termine l'histoire amoureuse de Hatchepsout et de Senmout, et j'espère au plus profond de moi-même que le grand architecte saura rester fidèle à ses valeurs et à son engagement envers Pharaon avant toute autre chose, mais qui peut savoir ? Je préfère ne pas me renseigner dans les encyclopédies, de peur de me spoiler ! Quant aux manœuvres de Panéhésy, que l'on pourrait qualifier d'arriviste et de légèrement obsessionnel lui aussi, seul le temps nous dira si la première grande reine saura prendre ses distances avec un individu aussi instable ou bien si elle embrassera sa vision des choses corps et âme par la suite.


Ah, si vous aussi après lecture vous vous demandez encore qui est cet homme aux cheveux verts que l'on voit sur la couverture... moi pareil. Je pense personnellement qu'il s'agit de Hatchepsout elle-même telle qu'elle se voit dans son cauchemar, suite aux propos tenus par Panéhéry et à la révélation de la dernière œuvre de Senmout la concernant. Mais je peux me tromper ! Cela dit, je n'ai vu aucun autre personnage ressemblant de près ou de loin à cette couverture dans ce sixième tome, et on sait déjà que les couleurs de cheveux sont amenées à changer parfois drastiquement d'une couverture à une autre et en fonction de ce à quoi l'illustration fait référence. Là aussi, on verra bien ! Dire que l'on approche du dernier tiers de la série...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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