Petite pause cette semaine dans les articles de Florent qui goûte à un repos bien mérité.
Cela nous permet de vous proposer en bonus de fin d'année la seconde partie de notre précédente émission.
Après vous avoir exposé la genèse des adaptations de comics à la télévision, nous nous penchons sur leur avenir au cinéma et sur le petit écran avec l'embouteillage (et surement le carambolage) qui se profile d'ici à l'horizon 2020.
Le débat est lancé : subira-t-on une overdose de comics suite à leur surreprésentation ?
L'équipe de Radiophogeek vous souhaite une bonne écoute et de bonnes fêtes de fin d'année !
N.B. : Cette émission a été enregistrée avant la présentation dans le détail des prochains films Marvel, ne vous étonnez donc pas si nous en parlons à l'état de rumeurs :)
mardi 23 décembre 2014
Emission n°26 bis : Se dirige-t-on vers une overdose des adaptations de comics sur petits et grands écrans ?
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samedi 20 décembre 2014
Marvel Knights : Spider-Man - Le dernier combat (Panini Comics - Février 2012)
En
Février 2012 est sortie chez Panini Comics la réédition d'un
Deluxe aujourd'hui introuvable, l'histoire complète connue sous le
titre de Marvel
Knights : Spider-Man, le dernier combat,
une mini-série exceptionnelle sur le Tisseur du milieu des années
2000 et signée par Mark Millar au scénario, accompagné par Terry
et Rachel Dodson au dessin et Frank Cho en soutien, rien que ça
messieurs dames !
C'est
pour moi un immense plaisir que de pouvoir vous parler de cette
histoire, que j'ai lu pour la première fois en format kiosque VF il
y a maintenant plus de 7 ans... eh oui... l'un de mes tous premiers
contacts avec l'univers comics du Tisseur, avec le run de Straczynski
en parallèle. J'ai découvert cet album tout récemment et
totalement par hasard (un grand merci à Comicsplace)
et j'en suis tombé à la renverse, le bonheur de retrouver cette
histoire de mon ''enfance'' pas si lointaine, et tout bonnement l'une
des meilleures histoires jamais écrites et dessinées sur Spider-Man
selon moi. Oui j'ose le dire et je le maintiendrai coûte que coûte.
Spider-Man et le Bouffon Vert. Peter Parker et Norman
Osborn. Deux ennemis jurés, deux opposés s'attirant inexorablement
et connaissant chacun tout de l'autre. Alors qu'une trêve avait été
instaurée entre le héros et le vilain, ce-dernier finit par la
rompre, de lassitude, et s'en prend violemment à Peter en le
poussant dans ses tous derniers retranchements au terme d'un combat
épique et sanglant que rien ne semble pouvoir stopper. Finalement
vaincu et incarcéré dans la prison pour surhumains de Riker's
Island, Osborn semble enfin hors d'état de nuire et Peter s'apprête
à goûter un repos bien mérité en compagnie de sa chère et tendre
Mary-Jane et de sa non moins chère Tante May. Mais bien vite la paix
sera de courte durée : un mystérieux kidnappeur enlève Tante
May dans son nouvel appartement de Manhattan et oblige Peter à se
lancer dans une course contre la montre désespérée et une
véritable chasse à l'homme dans laquelle tous les coups sont
permis. Isolé, sans alliés ou presque, Spider-Man ne devra compter
que sur lui-même et sur son intuition, qui le guidera à travers les
pièges des nombreux vilains qu'il croisera sur sa route. Mais tout
n'est pas noir ou blanc et les ennemis de l'Araignée ont eux-aussi
un rôle à jouer dans toute cette histoire, eux-aussi embarqués
contre leur gré dans ce gigantesque jeu de dupes où la victoire est
plus qu'incertaine et où le temps est compté. Osborn semble
connaître la clé de l'énigme, et y être lié lui aussi d'une
certaine façon, mais se refuse à aider son adversaire gratuitement.
Pour sauver Tante May, Peter devra faire un choix crucial qui risque
de le transformer à jamais : s'allier à son pire ennemi et le
faire évader de prison avant qu'il ne soit assassiné par des
comploteurs en sachant très long sur tous les protagonistes du
récit. Vérité ou mensonge, peur ou machination, Osborn laisse à
Peter le loin d'accepter ou non ce marché diabolique et de se
remettre entre ses mains, quelles qu'en soient les conséquences. Il
se pourrait bien que le plus grand héros de la ville ne devienne
l'un de ses criminels les plus recherchés... et ne perde tous ceux
qu'il aime.
Comme je l'ai déjà indiqué dans l'introduction, une
histoire vraiment géniale selon mes critères, qui m'a transporté
sans limites dans le récit magistral de Millar qui offre un tout
nouveau regard sur le monde des super-héros et de belles réflexions
en perspectives pour le lecteur sur certains événements passés,
ainsi que des dessins superbes du couple Dodson, dont on sent qu'ils
maîtrisent à fond le sujet et les personnages à traiter. Comme
toujours Terry Dodson se fait plaisir à illustrer Mary-Jane et bien
entendu la Chatte Noire, son personnage fétiche, jamais aussi
séduisante et envoûtante que sous son tracé. Mais les hommes ne
sont pas en reste, loin de là même, et chaque page est l'occasion
d'admirer un peu plus de cette virtuosité si particulière et qui
nous manque tant aujourd'hui je trouve. Comme le dit Stan Lee en
personne dans la préface de cet album, il s'agit d'un récit ayant
la dimension non pas d'un simple comic-book, mais bel et bien d'un
film sur grand écran de cinéma, qui nous transporte et nous fait
rêver et vivre l'histoire tout au long de cette lecture et de cette
expérience presque unique en son genre. Pour moi, un réel bonheur
sans limite que d'avoir pu relire ce récit que j'aimais tant et aime
aujourd'hui plus encore.
Deux regrets à formuler concernant l'édition
française de Panini. Premièrement, le chapitrage (fait d'intercaler
les couvertures des différents numéros entre les numéros/chapitres
en question, plutôt que compilées à la fin de l'album). Je veux
bien comprendre qu'en France et en Europe nous avons l'habitude de
lire des histoires complètes toutes d'un bloc au sein d'un album, et
que les coupures sont rares dans ces cas-là, mais cette histoire-ci
est la parfaite illustration de la nécessité de respecter le
chapitrage pour les comics. Cette histoire est un film, ou un
feuilleton, elle a été construite comme telle, illustrée comme
telle, et donc il convient pour le lecteur de pouvoir marquer une
pause visuelle entre la fin d'un chapitre tendu et le début du
suivant. Ça casse un peu la tension, quand toutes les pages sont à
la suite les unes des autres sans séparation définie dans l'action
''à suivre''. Enfin, cela n'empêche nullement d'apprécier cette
lecture, et ce léger problème de Panini depuis quelques temps
devrait être corrigé dans les mois à venir sur leurs prochaines
parutions.
Secondement et dernièrement, la couverture principale.
Je déplore le choix de celle du chapitre #2 comme illustration de
l'album, là où une autre telle que celle du chapitre #1, du
chapitre #10 ou du chapitre #11 aurait parfaitement fait l'affaire et
réussi à retranscrire à merveille l'atmosphère du récit d'un
seul coup d'oeil.
Une
excellente histoire, d'excellents auteurs/dessinateurs à la barre,
quasiment tous les meilleurs personnages de l'univers de Spider-Man
réunis dans un seul et même récit, que demander de mieux ! Et
surtout qu'attendez-vous pour le dégotter et le lire à présent ?
C'est pour moi l'équivalent de ce que fut la saga Silence
(Hush)
pour le personnage de Batman et son entourage. Si avec ça je
n'arrive pas à vous convaincre...
Sur ce, je vous laisse quand même vous faire votre
propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous
retrouver bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 17 décembre 2014
Injustice tome 1 - Année 1, 1ère partie (Urban Comics - Décembre 2014)
Si
vous faites partie des chanceux en ce mois de Décembre et en ces
préparatifs enfiévrés de Noël, vous n'aurez certainement pas
manqué la sortie de ce premier tome de la série Injustice
en comics, cette préquelle au fameux jeu-vidéo Injustice
– Gods among us
par les créateurs de Mortal
Kombat,
sorti il y a relativement peu finalement. Cette édition spéciale
proposée par Urban Comics nous offre la ''première année'' de
cette série, ainsi que le jeu-vidéo sur PC en version Game Of The Year
(attention édition limitée), vous pourrez y retrouver le récit que
les plus veinards/riches d'entre nous ont eu la chance de découvrir
en introduction dans le petit fascicule fournit avec les versions
collectors du jeu à l'époque de sa sortie. Cette introduction de
quelques pages devient donc un magnifique album complet adoptant le
plus grand format de chez Urban pour notre plus grand plaisir, et
nous proposant pas moins de 6 chapitres complets plus les trois
disques du jeu, le tout pour 20€ seulement. De quoi avoir un petit
avant-goût de Noël, non ?
Dans
ce monde, très semblable à celui que l'on connaît chez DC,
Superman est à la veille d'une toute nouvelle vie. Loïs Lane, sa
compagne et collègue, est enceinte de lui, et tout le monde est en
liesse et se réjouit d'avance de cet avenir qui s'annonce grandiose
pour le héros de lumière. Malheureusement, à grand événement,
grande réaction opposée. Le Joker enlève Loïs lors de l'un de ses
reportages, et s'arrange pour que l'Homme d'Acier le sache dans les
plus brefs délais. Fou de chagrin et de peur, Superman se lance dans
une quête effrénée pour retrouver son grand amour, la source de
tant de ses espoirs, tandis que tous ses amis et soutiens de la Ligue
de Justice mettent tout en œuvre pour l'épauler et empêcher que le
pire n'arrive. Mais lorsque Superman retrouve enfin Loïs, il est
déjà trop tard. Le Joker a piégé l'Ange de Metropolis et lui fait
commettre l'impensable en manipulant son esprit par la peur : il
tue Loïs de ses mains. Cette perte tragique sera accompagnée par la
disparition de quasiment tout Metropolis, atomisée par une bombe
reliée au cœur de la compagne de Superman par le Joker. Commence
alors pour le plus grand héros de la Terre une descente aux enfers
qui se soldera par une reconstruction drastique de sa doctrine et de
ses valeurs. Désormais, Superman ne se retient plus, il ne joue
plus. Le monde va devoir apprendre à marcher au pas et à cesser
toute violence envers les innocents. Guerres, crimes, complots,
Superman s'oppose à tout cela et applique sa nouvelle loi d'une main
de fer, secondé par Wonder Woman et la majorité des membres de la
Ligue de Justice qui voient enfin une occasion de changer le monde en
profondeur. Tous, sauf Batman, qui continue de penser qu'un tel
changement ne doit pas se faire dans des conditions si rudes et si
douloureuses et que l'éradication du Mal n'est pas la solution.
Quand Superman commet l'irréparable sur la personne du Joker,
l'opposition commence à rassembler petit à petit ses forces, tandis
que les tragédies s'accumulent et que les tensions grondent.
Bientôt, chacun devra se choisir un camp. La paix absolue et
contrôlée voulue par Superman et Wonder Woman, ou bien la
résistance et la liberté défendue par Batman et un petit nombre,
prêts à se sacrifier pour leurs idéaux et rendre la raison à
leurs anciens amis. Durant cette première année, beaucoup paieront
leur choix de leur vie, et le fossé se creusera toujours plus à
mesure que les pertes abonderont. Bienvenus dans le monde
d'Injustice,
dans un monde où les dieux combattent entre eux parmi les simples
mortels, pour l'avenir de la planète toute entière.
J'ai pensé beaucoup de choses avant de lire cette
série. Me référant tout d'abord au petit fascicule de la version
collector du jeu-vidéo, je pensais qu'il ne s'agissait là que d'un
coup marketing pour promouvoir le jeu et guère plus. Puis, en voyant
que le comics continuait sa petite vie éditoriale et fonctionnait
plutôt bien, j'ai pensé qu'il s'agissait surtout de développer
l'univers du jeu sur papier et d'offrir un background sympathique et
construit aux personnages en dehors des combats proposés et du mode
histoire. Ensuite, j'ai décidé d'acheter ce tome sorti ce mois-ci
chez Urban, principalement parce que le jeu est offert à l'intérieur
et que ça c'est vraiment la classe, mais aussi par curiosité et
intérêt personnel, me demandant comment diable une série née de
la publicité pouvait se maintenir aussi aisément. Eh bien j'ai été
sacrément surpris !
Injustice
en comics, c'est un peu le Civil
War
de DC dans un univers alternatif/parallèle/ce que vous voulez. Ça
n'a peut-être pas l'air de grand chose vu comme ça, mais la portée
de ce récit est vraiment impressionnante, les personnages sont
extrêmement bien caractérisés et représentés, dans toute leur
humanité tout comme dans leurs côtés les plus extrêmes et
sombres, les psychologies comprises et fouillées, et oui pour ma
part j'y vois clairement des influences de la Civil
War de
Marvel, c'est peut-être même mieux amené ici comme concept que
dans l’œuvre de la Maison des Idées. Injustice
prend tout son temps pour s'installer et nous mettre dans le bain, ne
nous fait aucune fausse promesse et nous propose simplement de nous
laisser porter par le récit et ses implications futures, tout en
restant d'une simplicité et d'une accessibilité assez bienvenue
pour tout nouveau lecteur ou toute personne ne voulant pas se prendre
la tête à chercher dans la continuité historique de tel ou tel
personnage. La qualité graphique n'est peut-être pas vraiment au
rendez-vous de chapitre en chapitre, il y a parfois des différences
un peu gênantes à ce niveau d'un artiste à l'autre, mais
globalement tout se suit et se complète assez bien, et les auteurs
(sortis de je ne sais où je l'admets) connaissent apparemment leurs
sujets sur le bout des doigts et nous offrent un magnifique ''What
if...'' dont on aurait tort de se priver, jeu ou pas. J'irai même
jusqu'à dire qu'on peut totalement faire abstraction du jeu, le
comics a l'air de pouvoir prendre sa propre destinée en mains et de
tracer sa route tout seul comme un grand, et je suis maintenant assez
curieux et emballé à l'idée de lire prochainement la suite !
Un récit d'envergure mais qui sait ne pas prendre trop de place dans
son propre univers éditorial, voilà qui a de quoi intriguer de nos
jours.
A noter aussi la présence de magnifiques artworks du
jeu, du plus bel effet, en guise de couvertures pour les chapitres.
Des pages bonus grandement appréciables pour tout admirateur du
genre !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 14 décembre 2014
Ekhö, monde miroir tome 3 - Hollywood Boulevard (Arleston & Barbucci - Soleil - Novembre 2014)
C'est
après un certain temps maintenant mais toujours une joie immense que
je reviens vous parler de la bande-dessinée Ekhö,
monde miroir,
de Christophe Arleston et Alessandro Barbucci, et dont le troisième
tome tout nouveau tout beau a été édité par Soleil en Novembre
dernier. Après le New York du music-hall, puis le Paris impérial,
voici désormais les paillettes d'Hollywood pour une nouvelle enquête
de Fourmille et Yuri dans ce monde si étrange et si séduisant, mais
néanmoins dangereux.
En visite dans les plus grands studios d'Hollywood pour
débaucher une actrice de renommée mondiale, Norma Jean, les membres
de l'agence artistique Gratule vont se retrouver au cœur d'un
phénomène médiatique sans précédent ! Norma Jean, celle que
tout le monde aime et idolâtre, celle qui a chanté pour
l'anniversaire du Gouverneur de Californie et l'a ému aux larmes,
l'entêtée et délurée Norma Jean que rien n'arrête, est retrouvée
noyée chez elle, dans sa piscine, avec à ses côtés plusieurs
médicaments et une bouteille de champagne, vide. La conclusion tombe
très facilement pour les autorités : suicide ou overdose. Mais
ce serait plus simple si l'esprit de Norma n'habitait pas désormais
le corps de Fourmille et ne continuait pas à mener sa vie comme elle
l'entend, au détriment du bon sens et de la discrétion. Pour rendre
à Fourmille son intégrité psychique, une seule solution, comme
d'habitude : élucider le mystère de ce tragique décès. Qui
aurait eu intérêt à ce que la belle idole de l'Amérique
disparaisse de cette façon ? Les studios ? Des proches ?
Une actrice rivale et jalouse ? Des questions assez habituelles
dans ce genre de situation, mais qui cachent en réalité quelque
chose de bien plus sombre qu'il n'y paraît. Cette enquête au final
bouleversant laissera des traces et aura peut-être des conséquences
dans l'avenir proche du tandem Fourmille/Yuri, pour le meilleur ou
pour le pire. Déjà qu'ils ont... oups !
Un merveilleux troisième tome pour une bande-dessinée
qui m'attire toujours autant, pleine de peps et d'énergie, de belles
couleurs (grâce à Nolwenn Lebreton) et toujours cette apparente
légèreté teintée de cynisme et de tragique, romancé bien
entendu. Du très bon travail, qui se lit très facilement et s'en
apprécie tout autant, et qui offre même au lecteur avisé de belles
petites références à de nombreux films cultes du cinéma Américain
(mais pas que !), en plus de traiter une fois encore d'une tragédie
historique de notre monde réel en l'intégrant dans cet univers
inversé et fantastique, tout comme dans le tome 2.
Je continue donc de vous conseiller de vous jeter sur
cette série, prometteuse et très agréable, facile à lire et à
appréhender, aussi adulte qu'il est nécessaire mais très positive
et distrayante.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 10 décembre 2014
La proie d'Hugo Strange (Urban Comics - Septembre 2014)
Encore
un récit de la collection ''DC Nemesis'' de chez Urban, me
direz-vous ? C'est vrai que c'est une collection que
j'affectionne tout particulièrement, un peu comme ''Marvel Dark''
chez Panini, en raison de ses histoires plus sombres qu'ailleurs. Et
les vilains de DC Comics sont tout de même, pour ceux de Batman,
bien plus emblématiques et passionnants que la plupart de ceux de
Marvel ! C'est d'ailleurs le cas de celui-ci, le professeur Hugo
Strange, docteur en psychiatrie officiant à Gotham City et grand
obsédé par Batman depuis l'apparition du justicier. Ennemi de ses
premières heures, Strange a tout tenté pour briser
psychologiquement la Chauve-Souris, l'amener à se trahir et
découvrir son identité secrète, dans le but de le démasquer
publiquement mais surtout de prendre sa place, symboliquement
parlant. Pour faire cesser son obsession, Strange doit tuer le
Batman, le personnage construit de ce héros trop parfait, de cet
idéal inaccessible pour lui. Et si pour cela il doit également tuer
l'homme sous la cape, qu'à cela ne tienne ! Doug Moench et le
dessinateur Paul Gulacy nous replongent avec brio et intelligence
dans les premières années d'aventures de Batman, revisitées pour
les décennies suivantes (celles de la série Legend
of the Dark Knight),
en tâchant de retranscrire le ton très sombre et violent de
l'époque, cette fin des années '30 où les récits pulps étaient
encore la norme et où les enquêtes se terminaient souvent de triste
manière.
Ainsi,
dans cette histoire, nous assistons aux toutes premières apparitions
du Batman à Gotham, comme dans Année
Un.
Tandis que l'opinion publique se divise rapidement sur les
motivations et la valeur de l'action d'un tel justicier, le
professeur Hugo Strange apparaît comme un sérieux détracteur du
Chevalier Noir et propose ses services à la mairie afin de le
démasquer et de le livrer à la police, en établissant son profil
psychologique et en menant à la création d'une brigade
d'intervention spéciale chargée de traquer et d'arrêter Batman par
tous les moyens. Gotham devient alors le théâtre d'une sanguinaire
lutte d'influence, entre Strange qui gagne peu à peu du terrain et
Gordon qui tente tout son possible pour protéger son allié, quitte
à se mettre lui-même dans une situation très délicate vis à vis
des autorités. Sans parler du justicier, qui en vient doucement à
douter de sa propre santé mentale et qui se perd dans les fantômes
de son passé, les ombres de ses traumatismes et de la création du
personnage de Batman à partir de l'enfant brisé que fut Bruce
Wayne. Strange monte alors sa campagne d'un cran en faisant sien le
pouvoir des médias, et lance une véritable propagande de
harcèlement à l'encontre de Batman, arrachant un à un tous les
détails le conduisant vers son inévitable conclusion, la véritable
identité du Chevalier Noir. Dès lors, il ne peut plus y avoir qu'un
dénouement possible : la disparition de la Chauve-Souris, ou
celle d'Hugo Strange. Le duel psychologique entre les deux hommes
prend une tournure de plus en plus violente à mesure que la fin se
rapproche, inexorablement, et que les premières victimes
collatérales s’amoncellent... et sur toutes les lèvres, y compris
celles des protagonistes, la même question se pose encore et
encore : qui est vraiment sain d'esprit ?
Après la conclusion brutale de la première histoire,
nous avons droit à un second récit d'envergure, se déroulant
quelques années plus tard, avec le retour d'Hugo Strange et la mise
en place de son implacable vengeance, déterminé à détruire Batman
une fois pour toutes et à se libérer de sa dangereuse obsession.
Pour cela, il commettra l'irréparable et s'arrangera pour faire
sortir d'Arkham le tristement célèbre Jonathan Crane, alias
l'Epouvantail, psychologiquement brisé par ses premiers
affrontements avec la Chauve-Souris, et que Strange va entreprendre
de regonfler à bloc pour se servir de son gaz de terreur, tout en le
maintenant sous son emprise thérapeutique. Mais cette fois, le
psychiatre semble avoir trouvé plus fou que lui, et très rapidement
la situation échappe totalement à son contrôle et l'Epouvantail se
rebelle, ivre de rage et du désir de vengeance envers toutes les
personnes l'ayant torturé et humilié durant sa jeunesse, jusqu'à
Batman et Strange eux-mêmes. Ce qui était jusque là une
machination bien huilée se transforme alors en véritable cauchemar,
qui poussera Batman dans ses derniers retranchements et le plongera
dans la folie de l'Epouvantail ainsi que dans ses propres peurs les
plus secrètes et profondément enfouies, là d'où nul ne revient
indemne. Quoi qu'il arrive, quelle que soit l'issue de ce combat
désespéré pour la survie, les blessures infligées au héros ne se
refermeront sans doute jamais complètement et feront de lui le
justicier que nous connaissons...
Deux
très très bonnes histoires, j'ai tout particulièrement aimé la
seconde je dois dire, même si la première est vraiment magistrale
de bout en bout, une sorte de thriller psychologique absolument
intense qui nous tient en haleine jusqu'à la résolution finale, et
même au-delà. Un véritable chef-d’œuvre d'écriture et de mise
en scène, comme on en voit trop rarement depuis. Quant à la seconde
histoire donc, c'est tout simplement sans doute la meilleure histoire
que j'ai pu lire avec l'Epouvantail, ainsi que sur la relation
naissante entre Batman et Catwoman (qui apparaît dès le premier
récit) qui déterminera nombre des éléments futurs pour ces deux
personnages. C'est une plongée merveilleuse dans le passé du héros
et de son univers, de ses plus intimes combats, qui permet à un
public plus jeune de comprendre un peu mieux les doutes et les
faiblesses de l'homme chauve-souris et de s'enfoncer dans la noirceur
de ses origines les plus douloureuses. Le dessin vieillot de la
première histoire, Proie,
est un bon moyen de voyager entre les époques et de retrouver
l'ambiance feuilletonnesque des premières années des parutions sur
Batman, tandis que le style graphique de la seconde, Terreur,
est digne d'un film (vous noterez par ailleurs les petites références
à la Gotham de Tim Burton, j'ignore qui est venu en premier mais
tout est lié c'est assez clair) et est extrêmement agréable à
regarder.
N'hésitez
donc pas longtemps avant de vous prendre cet album, La
proie d'Hugo Strange
est une véritable mine d'informations pour les lecteurs les plus
anciens comme les plus récents, il vous permettra de vous
familiariser avec l'un des ennemis les plus acharnés et intimistes
de Batman et vous proposera une virée dans la psyché du héros que
vous n'êtes pas prêts d'oublier de sitôt. Toutes les promesses
faites par Urban au dos de l'album lors du résumé et de sa
présentation sont donc tenues selon moi !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 7 décembre 2014
Sexe tome 1 - L'été du hard (Delcourt - Juillet 2014)
Les
comics, ce n'est pas que Marvel ou DC. C'est aussi une myriade
d'éditeurs moins imposants mais tout aussi importants dans
l'industrie, ceux que l'on appelle les Indépendants, et dont le plus
gros reste à ce jour et depuis sa création Image Comics. C'est chez
eux que l'on trouve de petites merveilles telles que Saga,
par exemple. Ou encore le comics dont je m'apprête à vous parler,
sorti chez nous en Juillet dernier chez Delcourt, et sobrement
intitulé Sexe.
Scénarisé par Joe Casey et dessiné par Piotr Kowalski, ce récit
passionnant nous propose un concept atypique : imaginez un
super-héros semblable à ce bon vieux Bruce Wayne, ayant traversé
un soudain passage à vide et décidant de raccrocher sa cape et son
masque pour se consacrer entièrement à sa vie civile, au sein de sa
cité idéale de modernisme ?
C'est le cas de Simon Cooke, milliardaire et PDG d'une
compagnie internationale basée à Saturn City, la ville du progrès.
Simon a aussi été connu pendant des années sous le nom du Saint en
Armure, un justicier combattant le crime à l'aide de gadgets et d'un
entraînement intensif, dans le but de nettoyer Saturn City de la
vermine qui la gangrène dans l'ombre. Mais voilà, suite au décès
d'une personne très proche de lui, Simon décide, après un temps de
réflexion, de remiser son costume et d'abandonner sa vie de
super-héros pour revenir sur le devant de la scène en tant que
Simon Cooke, et rien de plus. Avec l'idée de changer les choses en
plein jour et à la vue de tous dans le domaine public, il n'était
cependant pas préparé à ce qui allait suivre : la difficulté
de se réadapter au milieu des civils. Et surtout, en côtoyant
chaque jour le vice et la décadence de cette ville trop parfaite où
les pauvres sont livrés à eux-mêmes et où les riches ne demandent
qu'à s'encanailler pour se distraire. Difficile de comprendre tout
cela lorsque l'on a été l'un des êtres les plus vertueux de la
ville durant des années, mais il faut pourtant faire bonne figure et
accepter bon gré mal gré de se ''mettre à la page''. Il pourrait
même y avoir de bonnes surprises, comme de retrouver une ancienne
alliée costumée sous son visage civil également et commencer un
nouveau genre de jeu du chat et de la souris avec elle, un peu comme
au bon vieux temps finalement. A ceci près qu'il faut ajouter le
stress de la position à temps plein de PDG d'une entreprise si
renommée et cruciale pour l'économie locale et nationale, ainsi que
la recrudescence du crime qui désormais ne se cache même plus pour
mener ses affaires. Comme si finalement, l'action du Saint en Armure
n'avait servie à rien durant tout ce temps, et que son départ n'ait
fait qu'accélérer les choses. Dans ces conditions, à quoi bon
rester droit et immaculé alors que tout fout le camp et que la
tentation s'intensifie d'enfin connaître le mauvais côté de la
vie, la décadence, le laisser-aller lascif des soirées mondaines,
l'exercice du pouvoir social, celui de l'argent... le sexe. Sous bien
des formes. Une nouvelle vie commence pour Simon Cooke, bien loin du
héros qu'il était et qu'il persiste à vouloir rester, quoique
moins vivement à mesure que le temps passe. Une vie dans laquelle il
a encore tant de choses à apprendre, à découvrir... et dont il
tâchera de profiter.
Grandeur
et décadence d'une idole, non pas déchue cette fois-ci mais l'idée
est bien présente. Que devient un héros lorsqu'il prend sa
retraite, comment revenir à la vie civile et comme appréhender
toutes les facettes de cette existence, partagée entre le bien et le
mal, entre le vice et la vertu, où rien n'est tout blanc ou tout
noir mais tout en nuances de gris (tiens tiens...) ? Sexe,
c'est le récit inédit et novateur de cette chute morale, qui n'en
est vraiment une que selon le point de vue que le lecteur choisira
d'adopter durant son expérience de découverte. Beaucoup de
questions morales et sociologiques, psychologiques, seront posées au
lecteur dans ce premier tome, en guise de sous-texte faisant
réfléchir à notre propre société et à ses valeurs si facilement
déformables voir oubliables. Simon, après toutes ces années de
droiture et de service aux autres, n'a-t-il pas le droit aujourd'hui
de s'éclater comme une bête lui aussi et de bouffer la vie à
pleines dents ? Un héros doit-il forcément s'interdire de
connaître le plaisir, charnel ou autre, pour avoir le droit d'être
appelé ainsi ? Est-ce vraiment la société qui fait chuter nos
idoles, ou bien est-ce inscrit bien plus profondément dans notre
nature ? Et bien d'autres questions possibles encore, suivant
vos propres impressions et votre caractère.
Pour ma part ce fut une bonne surprise que ce premier
tome, acheté un peu sur un coup de tête après de petites
recherches, dans un moment de creux l'été dernier. Et je ne le
regrette nullement à présent que je (crois) saisir les enjeux et
questionnements de cette série, et tout le potentiel d’innovation
et d'exploration qu'elle nous réserve encore. Comme quoi, et ça
rejoint mine de rien le thème central de l'histoire, ce n'est jamais
mauvais de vouloir tester de nouvelles choses et de découvrir de
nouveaux horizons par curiosité, tant que l'on sait ce que l'on veut
et ce que l'on aime !
Avertissement
toutefois, Sexe
se destine clairement à un public de préférence adulte ou du moins
assez mature et averti pour en comprendre les images ainsi que la
volonté, au-delà du choquant. A ne pas mettre entre toutes les
mains et à ne conseiller qu'à celles et ceux qui sont prêts à
appréhender correctement tout cela.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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vendredi 5 décembre 2014
L'héritage de Deathstroke (Urban Comics - Août 2014)
La
collection ''DC Nemesis'' de chez Urban Comics continue de nous
fournir chaque mois un récit de qualité sur l'un des méchants
emblématiques de l'éditeur. Ici nous avons le plaisir de retrouver
le scénariste Kyle Higgins (Nightwing)
aux commandes d'une seconde série des New52, sur le personnage de
Deathstroke le mercenaire impitoyable aux capacités augmentées,
capable de tenir tête à la Ligue de Justice à lui seul en combat
comme en stratégie. C'est en fait plus une mini-série qu'autre
chose, arrêtée après 7 numéros, mais ça nous permet d'avoir un
tome unique d'une histoire complète, un one-shot très sympathique à
lire, plutôt bien rythmé et dessiné avec talent par Joe Bennett.
Tout le monde connaît le nom de Deathstroke.
Mercenaire, tueur, guerrier. Sa réputation parle pour lui, et chacun
tremble en pensant à ce qui pourrait se produire si d'aventure le
combattant borgne décidait de se choisir une nouvelle cible. Du
moins c'était encore le cas il y a quelques années, car à présent
Deathstroke est un homme d'un certain âge, malgré ses capacités
physiques améliorées, et il commence à ressentir le poids de
l'usure et de la lassitude. Les missions qu'on lui vend ne sont plus
aussi ''épiques'' qu'autrefois, il n'est plus aussi craint qu'avant,
respecté, redouté. Une situation intolérable pour le mercenaire,
surtout lorsqu'on l'oblige à faire équipe avec un commando de bleus
à peine adultes pour une mission très décevante, qui aura le don
de mettre ses nerfs à rude épreuve. Trois carnages plus tard,
Deathstroke se montre clair auprès de ses employeurs potentiels :
des missions de qualité, de son niveau, sinon rien. Seulement voilà,
rien ne va se passer comme prévu après cela et le guerrier sera
poursuivi partout où il se rendra par un mystérieux tueur tout
entier dévoué à la cause de sa mise à mort, en guise de châtiment
et de vengeance pour un crime récent dont les victimes refuseront à
jamais de le laisser en paix. Bien vite l'on se rend compte qu'il
s'agit de bien plus qu'une simple vengeance, car les commanditaires
de ces tentatives d'assassinats semblent bien connaître Deathstroke
et ses habitudes, sa mentalité et ses forces et faiblesses, comme
s'ils l'avaient étudié en profondeur... ou qu'ils le connaissaient,
intimement. Le passé revient doublement hanter Slade Wilson, en
proie à une sensation qu'il déteste profondément pour la première
fois de sa carrière : le sentiment de ne pas pouvoir,
peut-être, aller jusqu'au bout. Son corps le trahit, ses forces
s'amenuisent sensiblement, et ce nouvel ennemi acharné n'abandonnera
pas avant de lui avoir tranché la tête. Dos au mur, le mercenaire
devra affronter son passé et celui de sa famille, ainsi que les
conséquences de la seule action qu'il ait jamais regretté au cour
de sa vie.
Excellente histoire, très divertissante, pas forcément
d'une qualité à tout casser mais au moins c'est un récit plaisant
et agréable à lire, on ne se prend pas la tête, à l'image du
''héros'' de l'histoire on fonce dans le tas au cœur de l'action et
on se contente de se laisser porter au fil des pages et des
chapitres. Une bonne lecture pop-corn, pas forcément marquante ni
même cruciale pour ce personnage en particulier, juste une bonne
moyenne dans ce qui se fait dans l'industrie des comics. C'est loin
d'être parfait partout, cette première série New52 sur Deathstroke
a même laissé à désirer quelques fois, d'où son arrêt, mais
qu'à cela ne tienne, ne nous privons pas de la lire en format
one-shot qui n'engage à rien et qui permettra de passer le temps en
bonne compagnie durant une petite heure. Le dessinateur est inspiré
par ce qu'il fait, le scénariste sait de quoi il parle pour avoir
bien étudié le personnage du fait de ses relations passées avec
Nightwing. Laissez-vous tenter, ça pourrait bien vous plaire comme à
moi et se révéler plus intéressant qu'il n'y paraît de prime
abord.
Petite énigme, quant à la fabrication du tome :
c'est à ma connaissance le seul et unique de tout le catalogue Urban
à bénéficier d'une reliure cartonnée lisse/plastifiée, d'un très
bel effet mais ressortant terriblement dans la bibliothèque au
milieu du reste des albums de l'éditeur. Si quelqu'un a
l'explication là-dessus, sur cette petite différence, je serais
ravi de la connaître !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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