mardi 23 décembre 2014

Emission n°26 bis : Se dirige-t-on vers une overdose des adaptations de comics sur petits et grands écrans ?

Petite pause cette semaine dans les articles de Florent qui goûte à un repos bien mérité.
Cela nous permet de vous proposer en bonus de fin d'année la seconde partie de notre précédente émission.

Après vous avoir exposé la genèse des adaptations de comics à la télévision, nous nous penchons sur leur avenir au cinéma et sur le petit écran avec l'embouteillage (et surement le carambolage) qui se profile d'ici à l'horizon 2020.

Le débat est lancé : subira-t-on une overdose de comics suite à leur surreprésentation ?

L'équipe de Radiophogeek vous souhaite une bonne écoute et de bonnes fêtes de fin d'année !

N.B. : Cette émission a été enregistrée avant la présentation dans le détail des prochains films Marvel, ne vous étonnez donc pas si nous en parlons à l'état de rumeurs :)

samedi 20 décembre 2014

Marvel Knights : Spider-Man - Le dernier combat (Panini Comics - Février 2012)


En Février 2012 est sortie chez Panini Comics la réédition d'un Deluxe aujourd'hui introuvable, l'histoire complète connue sous le titre de Marvel Knights : Spider-Man, le dernier combat, une mini-série exceptionnelle sur le Tisseur du milieu des années 2000 et signée par Mark Millar au scénario, accompagné par Terry et Rachel Dodson au dessin et Frank Cho en soutien, rien que ça messieurs dames !
C'est pour moi un immense plaisir que de pouvoir vous parler de cette histoire, que j'ai lu pour la première fois en format kiosque VF il y a maintenant plus de 7 ans... eh oui... l'un de mes tous premiers contacts avec l'univers comics du Tisseur, avec le run de Straczynski en parallèle. J'ai découvert cet album tout récemment et totalement par hasard (un grand merci à Comicsplace) et j'en suis tombé à la renverse, le bonheur de retrouver cette histoire de mon ''enfance'' pas si lointaine, et tout bonnement l'une des meilleures histoires jamais écrites et dessinées sur Spider-Man selon moi. Oui j'ose le dire et je le maintiendrai coûte que coûte.

Spider-Man et le Bouffon Vert. Peter Parker et Norman Osborn. Deux ennemis jurés, deux opposés s'attirant inexorablement et connaissant chacun tout de l'autre. Alors qu'une trêve avait été instaurée entre le héros et le vilain, ce-dernier finit par la rompre, de lassitude, et s'en prend violemment à Peter en le poussant dans ses tous derniers retranchements au terme d'un combat épique et sanglant que rien ne semble pouvoir stopper. Finalement vaincu et incarcéré dans la prison pour surhumains de Riker's Island, Osborn semble enfin hors d'état de nuire et Peter s'apprête à goûter un repos bien mérité en compagnie de sa chère et tendre Mary-Jane et de sa non moins chère Tante May. Mais bien vite la paix sera de courte durée : un mystérieux kidnappeur enlève Tante May dans son nouvel appartement de Manhattan et oblige Peter à se lancer dans une course contre la montre désespérée et une véritable chasse à l'homme dans laquelle tous les coups sont permis. Isolé, sans alliés ou presque, Spider-Man ne devra compter que sur lui-même et sur son intuition, qui le guidera à travers les pièges des nombreux vilains qu'il croisera sur sa route. Mais tout n'est pas noir ou blanc et les ennemis de l'Araignée ont eux-aussi un rôle à jouer dans toute cette histoire, eux-aussi embarqués contre leur gré dans ce gigantesque jeu de dupes où la victoire est plus qu'incertaine et où le temps est compté. Osborn semble connaître la clé de l'énigme, et y être lié lui aussi d'une certaine façon, mais se refuse à aider son adversaire gratuitement. Pour sauver Tante May, Peter devra faire un choix crucial qui risque de le transformer à jamais : s'allier à son pire ennemi et le faire évader de prison avant qu'il ne soit assassiné par des comploteurs en sachant très long sur tous les protagonistes du récit. Vérité ou mensonge, peur ou machination, Osborn laisse à Peter le loin d'accepter ou non ce marché diabolique et de se remettre entre ses mains, quelles qu'en soient les conséquences. Il se pourrait bien que le plus grand héros de la ville ne devienne l'un de ses criminels les plus recherchés... et ne perde tous ceux qu'il aime.

Comme je l'ai déjà indiqué dans l'introduction, une histoire vraiment géniale selon mes critères, qui m'a transporté sans limites dans le récit magistral de Millar qui offre un tout nouveau regard sur le monde des super-héros et de belles réflexions en perspectives pour le lecteur sur certains événements passés, ainsi que des dessins superbes du couple Dodson, dont on sent qu'ils maîtrisent à fond le sujet et les personnages à traiter. Comme toujours Terry Dodson se fait plaisir à illustrer Mary-Jane et bien entendu la Chatte Noire, son personnage fétiche, jamais aussi séduisante et envoûtante que sous son tracé. Mais les hommes ne sont pas en reste, loin de là même, et chaque page est l'occasion d'admirer un peu plus de cette virtuosité si particulière et qui nous manque tant aujourd'hui je trouve. Comme le dit Stan Lee en personne dans la préface de cet album, il s'agit d'un récit ayant la dimension non pas d'un simple comic-book, mais bel et bien d'un film sur grand écran de cinéma, qui nous transporte et nous fait rêver et vivre l'histoire tout au long de cette lecture et de cette expérience presque unique en son genre. Pour moi, un réel bonheur sans limite que d'avoir pu relire ce récit que j'aimais tant et aime aujourd'hui plus encore.

Deux regrets à formuler concernant l'édition française de Panini. Premièrement, le chapitrage (fait d'intercaler les couvertures des différents numéros entre les numéros/chapitres en question, plutôt que compilées à la fin de l'album). Je veux bien comprendre qu'en France et en Europe nous avons l'habitude de lire des histoires complètes toutes d'un bloc au sein d'un album, et que les coupures sont rares dans ces cas-là, mais cette histoire-ci est la parfaite illustration de la nécessité de respecter le chapitrage pour les comics. Cette histoire est un film, ou un feuilleton, elle a été construite comme telle, illustrée comme telle, et donc il convient pour le lecteur de pouvoir marquer une pause visuelle entre la fin d'un chapitre tendu et le début du suivant. Ça casse un peu la tension, quand toutes les pages sont à la suite les unes des autres sans séparation définie dans l'action ''à suivre''. Enfin, cela n'empêche nullement d'apprécier cette lecture, et ce léger problème de Panini depuis quelques temps devrait être corrigé dans les mois à venir sur leurs prochaines parutions.
Secondement et dernièrement, la couverture principale. Je déplore le choix de celle du chapitre #2 comme illustration de l'album, là où une autre telle que celle du chapitre #1, du chapitre #10 ou du chapitre #11 aurait parfaitement fait l'affaire et réussi à retranscrire à merveille l'atmosphère du récit d'un seul coup d'oeil.

Une excellente histoire, d'excellents auteurs/dessinateurs à la barre, quasiment tous les meilleurs personnages de l'univers de Spider-Man réunis dans un seul et même récit, que demander de mieux ! Et surtout qu'attendez-vous pour le dégotter et le lire à présent ? C'est pour moi l'équivalent de ce que fut la saga Silence (Hush) pour le personnage de Batman et son entourage. Si avec ça je n'arrive pas à vous convaincre...

Sur ce, je vous laisse quand même vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 17 décembre 2014

Injustice tome 1 - Année 1, 1ère partie (Urban Comics - Décembre 2014)


Si vous faites partie des chanceux en ce mois de Décembre et en ces préparatifs enfiévrés de Noël, vous n'aurez certainement pas manqué la sortie de ce premier tome de la série Injustice en comics, cette préquelle au fameux jeu-vidéo Injustice – Gods among us par les créateurs de Mortal Kombat, sorti il y a relativement peu finalement. Cette édition spéciale proposée par Urban Comics nous offre la ''première année'' de cette série, ainsi que le jeu-vidéo sur PC en version Game Of The Year (attention édition limitée), vous pourrez y retrouver le récit que les plus veinards/riches d'entre nous ont eu la chance de découvrir en introduction dans le petit fascicule fournit avec les versions collectors du jeu à l'époque de sa sortie. Cette introduction de quelques pages devient donc un magnifique album complet adoptant le plus grand format de chez Urban pour notre plus grand plaisir, et nous proposant pas moins de 6 chapitres complets plus les trois disques du jeu, le tout pour 20€ seulement. De quoi avoir un petit avant-goût de Noël, non ?

Dans ce monde, très semblable à celui que l'on connaît chez DC, Superman est à la veille d'une toute nouvelle vie. Loïs Lane, sa compagne et collègue, est enceinte de lui, et tout le monde est en liesse et se réjouit d'avance de cet avenir qui s'annonce grandiose pour le héros de lumière. Malheureusement, à grand événement, grande réaction opposée. Le Joker enlève Loïs lors de l'un de ses reportages, et s'arrange pour que l'Homme d'Acier le sache dans les plus brefs délais. Fou de chagrin et de peur, Superman se lance dans une quête effrénée pour retrouver son grand amour, la source de tant de ses espoirs, tandis que tous ses amis et soutiens de la Ligue de Justice mettent tout en œuvre pour l'épauler et empêcher que le pire n'arrive. Mais lorsque Superman retrouve enfin Loïs, il est déjà trop tard. Le Joker a piégé l'Ange de Metropolis et lui fait commettre l'impensable en manipulant son esprit par la peur : il tue Loïs de ses mains. Cette perte tragique sera accompagnée par la disparition de quasiment tout Metropolis, atomisée par une bombe reliée au cœur de la compagne de Superman par le Joker. Commence alors pour le plus grand héros de la Terre une descente aux enfers qui se soldera par une reconstruction drastique de sa doctrine et de ses valeurs. Désormais, Superman ne se retient plus, il ne joue plus. Le monde va devoir apprendre à marcher au pas et à cesser toute violence envers les innocents. Guerres, crimes, complots, Superman s'oppose à tout cela et applique sa nouvelle loi d'une main de fer, secondé par Wonder Woman et la majorité des membres de la Ligue de Justice qui voient enfin une occasion de changer le monde en profondeur. Tous, sauf Batman, qui continue de penser qu'un tel changement ne doit pas se faire dans des conditions si rudes et si douloureuses et que l'éradication du Mal n'est pas la solution. Quand Superman commet l'irréparable sur la personne du Joker, l'opposition commence à rassembler petit à petit ses forces, tandis que les tragédies s'accumulent et que les tensions grondent. Bientôt, chacun devra se choisir un camp. La paix absolue et contrôlée voulue par Superman et Wonder Woman, ou bien la résistance et la liberté défendue par Batman et un petit nombre, prêts à se sacrifier pour leurs idéaux et rendre la raison à leurs anciens amis. Durant cette première année, beaucoup paieront leur choix de leur vie, et le fossé se creusera toujours plus à mesure que les pertes abonderont. Bienvenus dans le monde d'Injustice, dans un monde où les dieux combattent entre eux parmi les simples mortels, pour l'avenir de la planète toute entière.

J'ai pensé beaucoup de choses avant de lire cette série. Me référant tout d'abord au petit fascicule de la version collector du jeu-vidéo, je pensais qu'il ne s'agissait là que d'un coup marketing pour promouvoir le jeu et guère plus. Puis, en voyant que le comics continuait sa petite vie éditoriale et fonctionnait plutôt bien, j'ai pensé qu'il s'agissait surtout de développer l'univers du jeu sur papier et d'offrir un background sympathique et construit aux personnages en dehors des combats proposés et du mode histoire. Ensuite, j'ai décidé d'acheter ce tome sorti ce mois-ci chez Urban, principalement parce que le jeu est offert à l'intérieur et que ça c'est vraiment la classe, mais aussi par curiosité et intérêt personnel, me demandant comment diable une série née de la publicité pouvait se maintenir aussi aisément. Eh bien j'ai été sacrément surpris !
Injustice en comics, c'est un peu le Civil War de DC dans un univers alternatif/parallèle/ce que vous voulez. Ça n'a peut-être pas l'air de grand chose vu comme ça, mais la portée de ce récit est vraiment impressionnante, les personnages sont extrêmement bien caractérisés et représentés, dans toute leur humanité tout comme dans leurs côtés les plus extrêmes et sombres, les psychologies comprises et fouillées, et oui pour ma part j'y vois clairement des influences de la Civil War de Marvel, c'est peut-être même mieux amené ici comme concept que dans l’œuvre de la Maison des Idées. Injustice prend tout son temps pour s'installer et nous mettre dans le bain, ne nous fait aucune fausse promesse et nous propose simplement de nous laisser porter par le récit et ses implications futures, tout en restant d'une simplicité et d'une accessibilité assez bienvenue pour tout nouveau lecteur ou toute personne ne voulant pas se prendre la tête à chercher dans la continuité historique de tel ou tel personnage. La qualité graphique n'est peut-être pas vraiment au rendez-vous de chapitre en chapitre, il y a parfois des différences un peu gênantes à ce niveau d'un artiste à l'autre, mais globalement tout se suit et se complète assez bien, et les auteurs (sortis de je ne sais où je l'admets) connaissent apparemment leurs sujets sur le bout des doigts et nous offrent un magnifique ''What if...'' dont on aurait tort de se priver, jeu ou pas. J'irai même jusqu'à dire qu'on peut totalement faire abstraction du jeu, le comics a l'air de pouvoir prendre sa propre destinée en mains et de tracer sa route tout seul comme un grand, et je suis maintenant assez curieux et emballé à l'idée de lire prochainement la suite ! Un récit d'envergure mais qui sait ne pas prendre trop de place dans son propre univers éditorial, voilà qui a de quoi intriguer de nos jours.

A noter aussi la présence de magnifiques artworks du jeu, du plus bel effet, en guise de couvertures pour les chapitres. Des pages bonus grandement appréciables pour tout admirateur du genre !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 14 décembre 2014

Ekhö, monde miroir tome 3 - Hollywood Boulevard (Arleston & Barbucci - Soleil - Novembre 2014)


C'est après un certain temps maintenant mais toujours une joie immense que je reviens vous parler de la bande-dessinée Ekhö, monde miroir, de Christophe Arleston et Alessandro Barbucci, et dont le troisième tome tout nouveau tout beau a été édité par Soleil en Novembre dernier. Après le New York du music-hall, puis le Paris impérial, voici désormais les paillettes d'Hollywood pour une nouvelle enquête de Fourmille et Yuri dans ce monde si étrange et si séduisant, mais néanmoins dangereux.

En visite dans les plus grands studios d'Hollywood pour débaucher une actrice de renommée mondiale, Norma Jean, les membres de l'agence artistique Gratule vont se retrouver au cœur d'un phénomène médiatique sans précédent ! Norma Jean, celle que tout le monde aime et idolâtre, celle qui a chanté pour l'anniversaire du Gouverneur de Californie et l'a ému aux larmes, l'entêtée et délurée Norma Jean que rien n'arrête, est retrouvée noyée chez elle, dans sa piscine, avec à ses côtés plusieurs médicaments et une bouteille de champagne, vide. La conclusion tombe très facilement pour les autorités : suicide ou overdose. Mais ce serait plus simple si l'esprit de Norma n'habitait pas désormais le corps de Fourmille et ne continuait pas à mener sa vie comme elle l'entend, au détriment du bon sens et de la discrétion. Pour rendre à Fourmille son intégrité psychique, une seule solution, comme d'habitude : élucider le mystère de ce tragique décès. Qui aurait eu intérêt à ce que la belle idole de l'Amérique disparaisse de cette façon ? Les studios ? Des proches ? Une actrice rivale et jalouse ? Des questions assez habituelles dans ce genre de situation, mais qui cachent en réalité quelque chose de bien plus sombre qu'il n'y paraît. Cette enquête au final bouleversant laissera des traces et aura peut-être des conséquences dans l'avenir proche du tandem Fourmille/Yuri, pour le meilleur ou pour le pire. Déjà qu'ils ont... oups !

Un merveilleux troisième tome pour une bande-dessinée qui m'attire toujours autant, pleine de peps et d'énergie, de belles couleurs (grâce à Nolwenn Lebreton) et toujours cette apparente légèreté teintée de cynisme et de tragique, romancé bien entendu. Du très bon travail, qui se lit très facilement et s'en apprécie tout autant, et qui offre même au lecteur avisé de belles petites références à de nombreux films cultes du cinéma Américain (mais pas que !), en plus de traiter une fois encore d'une tragédie historique de notre monde réel en l'intégrant dans cet univers inversé et fantastique, tout comme dans le tome 2.
Je continue donc de vous conseiller de vous jeter sur cette série, prometteuse et très agréable, facile à lire et à appréhender, aussi adulte qu'il est nécessaire mais très positive et distrayante.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 10 décembre 2014

La proie d'Hugo Strange (Urban Comics - Septembre 2014)


Encore un récit de la collection ''DC Nemesis'' de chez Urban, me direz-vous ? C'est vrai que c'est une collection que j'affectionne tout particulièrement, un peu comme ''Marvel Dark'' chez Panini, en raison de ses histoires plus sombres qu'ailleurs. Et les vilains de DC Comics sont tout de même, pour ceux de Batman, bien plus emblématiques et passionnants que la plupart de ceux de Marvel ! C'est d'ailleurs le cas de celui-ci, le professeur Hugo Strange, docteur en psychiatrie officiant à Gotham City et grand obsédé par Batman depuis l'apparition du justicier. Ennemi de ses premières heures, Strange a tout tenté pour briser psychologiquement la Chauve-Souris, l'amener à se trahir et découvrir son identité secrète, dans le but de le démasquer publiquement mais surtout de prendre sa place, symboliquement parlant. Pour faire cesser son obsession, Strange doit tuer le Batman, le personnage construit de ce héros trop parfait, de cet idéal inaccessible pour lui. Et si pour cela il doit également tuer l'homme sous la cape, qu'à cela ne tienne ! Doug Moench et le dessinateur Paul Gulacy nous replongent avec brio et intelligence dans les premières années d'aventures de Batman, revisitées pour les décennies suivantes (celles de la série Legend of the Dark Knight), en tâchant de retranscrire le ton très sombre et violent de l'époque, cette fin des années '30 où les récits pulps étaient encore la norme et où les enquêtes se terminaient souvent de triste manière.

Ainsi, dans cette histoire, nous assistons aux toutes premières apparitions du Batman à Gotham, comme dans Année Un. Tandis que l'opinion publique se divise rapidement sur les motivations et la valeur de l'action d'un tel justicier, le professeur Hugo Strange apparaît comme un sérieux détracteur du Chevalier Noir et propose ses services à la mairie afin de le démasquer et de le livrer à la police, en établissant son profil psychologique et en menant à la création d'une brigade d'intervention spéciale chargée de traquer et d'arrêter Batman par tous les moyens. Gotham devient alors le théâtre d'une sanguinaire lutte d'influence, entre Strange qui gagne peu à peu du terrain et Gordon qui tente tout son possible pour protéger son allié, quitte à se mettre lui-même dans une situation très délicate vis à vis des autorités. Sans parler du justicier, qui en vient doucement à douter de sa propre santé mentale et qui se perd dans les fantômes de son passé, les ombres de ses traumatismes et de la création du personnage de Batman à partir de l'enfant brisé que fut Bruce Wayne. Strange monte alors sa campagne d'un cran en faisant sien le pouvoir des médias, et lance une véritable propagande de harcèlement à l'encontre de Batman, arrachant un à un tous les détails le conduisant vers son inévitable conclusion, la véritable identité du Chevalier Noir. Dès lors, il ne peut plus y avoir qu'un dénouement possible : la disparition de la Chauve-Souris, ou celle d'Hugo Strange. Le duel psychologique entre les deux hommes prend une tournure de plus en plus violente à mesure que la fin se rapproche, inexorablement, et que les premières victimes collatérales s’amoncellent... et sur toutes les lèvres, y compris celles des protagonistes, la même question se pose encore et encore : qui est vraiment sain d'esprit ?
Après la conclusion brutale de la première histoire, nous avons droit à un second récit d'envergure, se déroulant quelques années plus tard, avec le retour d'Hugo Strange et la mise en place de son implacable vengeance, déterminé à détruire Batman une fois pour toutes et à se libérer de sa dangereuse obsession. Pour cela, il commettra l'irréparable et s'arrangera pour faire sortir d'Arkham le tristement célèbre Jonathan Crane, alias l'Epouvantail, psychologiquement brisé par ses premiers affrontements avec la Chauve-Souris, et que Strange va entreprendre de regonfler à bloc pour se servir de son gaz de terreur, tout en le maintenant sous son emprise thérapeutique. Mais cette fois, le psychiatre semble avoir trouvé plus fou que lui, et très rapidement la situation échappe totalement à son contrôle et l'Epouvantail se rebelle, ivre de rage et du désir de vengeance envers toutes les personnes l'ayant torturé et humilié durant sa jeunesse, jusqu'à Batman et Strange eux-mêmes. Ce qui était jusque là une machination bien huilée se transforme alors en véritable cauchemar, qui poussera Batman dans ses derniers retranchements et le plongera dans la folie de l'Epouvantail ainsi que dans ses propres peurs les plus secrètes et profondément enfouies, là d'où nul ne revient indemne. Quoi qu'il arrive, quelle que soit l'issue de ce combat désespéré pour la survie, les blessures infligées au héros ne se refermeront sans doute jamais complètement et feront de lui le justicier que nous connaissons...

Deux très très bonnes histoires, j'ai tout particulièrement aimé la seconde je dois dire, même si la première est vraiment magistrale de bout en bout, une sorte de thriller psychologique absolument intense qui nous tient en haleine jusqu'à la résolution finale, et même au-delà. Un véritable chef-d’œuvre d'écriture et de mise en scène, comme on en voit trop rarement depuis. Quant à la seconde histoire donc, c'est tout simplement sans doute la meilleure histoire que j'ai pu lire avec l'Epouvantail, ainsi que sur la relation naissante entre Batman et Catwoman (qui apparaît dès le premier récit) qui déterminera nombre des éléments futurs pour ces deux personnages. C'est une plongée merveilleuse dans le passé du héros et de son univers, de ses plus intimes combats, qui permet à un public plus jeune de comprendre un peu mieux les doutes et les faiblesses de l'homme chauve-souris et de s'enfoncer dans la noirceur de ses origines les plus douloureuses. Le dessin vieillot de la première histoire, Proie, est un bon moyen de voyager entre les époques et de retrouver l'ambiance feuilletonnesque des premières années des parutions sur Batman, tandis que le style graphique de la seconde, Terreur, est digne d'un film (vous noterez par ailleurs les petites références à la Gotham de Tim Burton, j'ignore qui est venu en premier mais tout est lié c'est assez clair) et est extrêmement agréable à regarder.
N'hésitez donc pas longtemps avant de vous prendre cet album, La proie d'Hugo Strange est une véritable mine d'informations pour les lecteurs les plus anciens comme les plus récents, il vous permettra de vous familiariser avec l'un des ennemis les plus acharnés et intimistes de Batman et vous proposera une virée dans la psyché du héros que vous n'êtes pas prêts d'oublier de sitôt. Toutes les promesses faites par Urban au dos de l'album lors du résumé et de sa présentation sont donc tenues selon moi !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 7 décembre 2014

Sexe tome 1 - L'été du hard (Delcourt - Juillet 2014)


Les comics, ce n'est pas que Marvel ou DC. C'est aussi une myriade d'éditeurs moins imposants mais tout aussi importants dans l'industrie, ceux que l'on appelle les Indépendants, et dont le plus gros reste à ce jour et depuis sa création Image Comics. C'est chez eux que l'on trouve de petites merveilles telles que Saga, par exemple. Ou encore le comics dont je m'apprête à vous parler, sorti chez nous en Juillet dernier chez Delcourt, et sobrement intitulé Sexe. Scénarisé par Joe Casey et dessiné par Piotr Kowalski, ce récit passionnant nous propose un concept atypique : imaginez un super-héros semblable à ce bon vieux Bruce Wayne, ayant traversé un soudain passage à vide et décidant de raccrocher sa cape et son masque pour se consacrer entièrement à sa vie civile, au sein de sa cité idéale de modernisme ?

C'est le cas de Simon Cooke, milliardaire et PDG d'une compagnie internationale basée à Saturn City, la ville du progrès. Simon a aussi été connu pendant des années sous le nom du Saint en Armure, un justicier combattant le crime à l'aide de gadgets et d'un entraînement intensif, dans le but de nettoyer Saturn City de la vermine qui la gangrène dans l'ombre. Mais voilà, suite au décès d'une personne très proche de lui, Simon décide, après un temps de réflexion, de remiser son costume et d'abandonner sa vie de super-héros pour revenir sur le devant de la scène en tant que Simon Cooke, et rien de plus. Avec l'idée de changer les choses en plein jour et à la vue de tous dans le domaine public, il n'était cependant pas préparé à ce qui allait suivre : la difficulté de se réadapter au milieu des civils. Et surtout, en côtoyant chaque jour le vice et la décadence de cette ville trop parfaite où les pauvres sont livrés à eux-mêmes et où les riches ne demandent qu'à s'encanailler pour se distraire. Difficile de comprendre tout cela lorsque l'on a été l'un des êtres les plus vertueux de la ville durant des années, mais il faut pourtant faire bonne figure et accepter bon gré mal gré de se ''mettre à la page''. Il pourrait même y avoir de bonnes surprises, comme de retrouver une ancienne alliée costumée sous son visage civil également et commencer un nouveau genre de jeu du chat et de la souris avec elle, un peu comme au bon vieux temps finalement. A ceci près qu'il faut ajouter le stress de la position à temps plein de PDG d'une entreprise si renommée et cruciale pour l'économie locale et nationale, ainsi que la recrudescence du crime qui désormais ne se cache même plus pour mener ses affaires. Comme si finalement, l'action du Saint en Armure n'avait servie à rien durant tout ce temps, et que son départ n'ait fait qu'accélérer les choses. Dans ces conditions, à quoi bon rester droit et immaculé alors que tout fout le camp et que la tentation s'intensifie d'enfin connaître le mauvais côté de la vie, la décadence, le laisser-aller lascif des soirées mondaines, l'exercice du pouvoir social, celui de l'argent... le sexe. Sous bien des formes. Une nouvelle vie commence pour Simon Cooke, bien loin du héros qu'il était et qu'il persiste à vouloir rester, quoique moins vivement à mesure que le temps passe. Une vie dans laquelle il a encore tant de choses à apprendre, à découvrir... et dont il tâchera de profiter.

Grandeur et décadence d'une idole, non pas déchue cette fois-ci mais l'idée est bien présente. Que devient un héros lorsqu'il prend sa retraite, comment revenir à la vie civile et comme appréhender toutes les facettes de cette existence, partagée entre le bien et le mal, entre le vice et la vertu, où rien n'est tout blanc ou tout noir mais tout en nuances de gris (tiens tiens...) ? Sexe, c'est le récit inédit et novateur de cette chute morale, qui n'en est vraiment une que selon le point de vue que le lecteur choisira d'adopter durant son expérience de découverte. Beaucoup de questions morales et sociologiques, psychologiques, seront posées au lecteur dans ce premier tome, en guise de sous-texte faisant réfléchir à notre propre société et à ses valeurs si facilement déformables voir oubliables. Simon, après toutes ces années de droiture et de service aux autres, n'a-t-il pas le droit aujourd'hui de s'éclater comme une bête lui aussi et de bouffer la vie à pleines dents ? Un héros doit-il forcément s'interdire de connaître le plaisir, charnel ou autre, pour avoir le droit d'être appelé ainsi ? Est-ce vraiment la société qui fait chuter nos idoles, ou bien est-ce inscrit bien plus profondément dans notre nature ? Et bien d'autres questions possibles encore, suivant vos propres impressions et votre caractère.
Pour ma part ce fut une bonne surprise que ce premier tome, acheté un peu sur un coup de tête après de petites recherches, dans un moment de creux l'été dernier. Et je ne le regrette nullement à présent que je (crois) saisir les enjeux et questionnements de cette série, et tout le potentiel d’innovation et d'exploration qu'elle nous réserve encore. Comme quoi, et ça rejoint mine de rien le thème central de l'histoire, ce n'est jamais mauvais de vouloir tester de nouvelles choses et de découvrir de nouveaux horizons par curiosité, tant que l'on sait ce que l'on veut et ce que l'on aime !

Avertissement toutefois, Sexe se destine clairement à un public de préférence adulte ou du moins assez mature et averti pour en comprendre les images ainsi que la volonté, au-delà du choquant. A ne pas mettre entre toutes les mains et à ne conseiller qu'à celles et ceux qui sont prêts à appréhender correctement tout cela.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

vendredi 5 décembre 2014

L'héritage de Deathstroke (Urban Comics - Août 2014)


La collection ''DC Nemesis'' de chez Urban Comics continue de nous fournir chaque mois un récit de qualité sur l'un des méchants emblématiques de l'éditeur. Ici nous avons le plaisir de retrouver le scénariste Kyle Higgins (Nightwing) aux commandes d'une seconde série des New52, sur le personnage de Deathstroke le mercenaire impitoyable aux capacités augmentées, capable de tenir tête à la Ligue de Justice à lui seul en combat comme en stratégie. C'est en fait plus une mini-série qu'autre chose, arrêtée après 7 numéros, mais ça nous permet d'avoir un tome unique d'une histoire complète, un one-shot très sympathique à lire, plutôt bien rythmé et dessiné avec talent par Joe Bennett.

Tout le monde connaît le nom de Deathstroke. Mercenaire, tueur, guerrier. Sa réputation parle pour lui, et chacun tremble en pensant à ce qui pourrait se produire si d'aventure le combattant borgne décidait de se choisir une nouvelle cible. Du moins c'était encore le cas il y a quelques années, car à présent Deathstroke est un homme d'un certain âge, malgré ses capacités physiques améliorées, et il commence à ressentir le poids de l'usure et de la lassitude. Les missions qu'on lui vend ne sont plus aussi ''épiques'' qu'autrefois, il n'est plus aussi craint qu'avant, respecté, redouté. Une situation intolérable pour le mercenaire, surtout lorsqu'on l'oblige à faire équipe avec un commando de bleus à peine adultes pour une mission très décevante, qui aura le don de mettre ses nerfs à rude épreuve. Trois carnages plus tard, Deathstroke se montre clair auprès de ses employeurs potentiels : des missions de qualité, de son niveau, sinon rien. Seulement voilà, rien ne va se passer comme prévu après cela et le guerrier sera poursuivi partout où il se rendra par un mystérieux tueur tout entier dévoué à la cause de sa mise à mort, en guise de châtiment et de vengeance pour un crime récent dont les victimes refuseront à jamais de le laisser en paix. Bien vite l'on se rend compte qu'il s'agit de bien plus qu'une simple vengeance, car les commanditaires de ces tentatives d'assassinats semblent bien connaître Deathstroke et ses habitudes, sa mentalité et ses forces et faiblesses, comme s'ils l'avaient étudié en profondeur... ou qu'ils le connaissaient, intimement. Le passé revient doublement hanter Slade Wilson, en proie à une sensation qu'il déteste profondément pour la première fois de sa carrière : le sentiment de ne pas pouvoir, peut-être, aller jusqu'au bout. Son corps le trahit, ses forces s'amenuisent sensiblement, et ce nouvel ennemi acharné n'abandonnera pas avant de lui avoir tranché la tête. Dos au mur, le mercenaire devra affronter son passé et celui de sa famille, ainsi que les conséquences de la seule action qu'il ait jamais regretté au cour de sa vie.

Excellente histoire, très divertissante, pas forcément d'une qualité à tout casser mais au moins c'est un récit plaisant et agréable à lire, on ne se prend pas la tête, à l'image du ''héros'' de l'histoire on fonce dans le tas au cœur de l'action et on se contente de se laisser porter au fil des pages et des chapitres. Une bonne lecture pop-corn, pas forcément marquante ni même cruciale pour ce personnage en particulier, juste une bonne moyenne dans ce qui se fait dans l'industrie des comics. C'est loin d'être parfait partout, cette première série New52 sur Deathstroke a même laissé à désirer quelques fois, d'où son arrêt, mais qu'à cela ne tienne, ne nous privons pas de la lire en format one-shot qui n'engage à rien et qui permettra de passer le temps en bonne compagnie durant une petite heure. Le dessinateur est inspiré par ce qu'il fait, le scénariste sait de quoi il parle pour avoir bien étudié le personnage du fait de ses relations passées avec Nightwing. Laissez-vous tenter, ça pourrait bien vous plaire comme à moi et se révéler plus intéressant qu'il n'y paraît de prime abord.
Petite énigme, quant à la fabrication du tome : c'est à ma connaissance le seul et unique de tout le catalogue Urban à bénéficier d'une reliure cartonnée lisse/plastifiée, d'un très bel effet mais ressortant terriblement dans la bibliothèque au milieu du reste des albums de l'éditeur. Si quelqu'un a l'explication là-dessus, sur cette petite différence, je serais ravi de la connaître !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !