mardi 30 mars 2021

Harleen (Urban Comics - Mai 2020)


Fraîchement diplômée en psychiatrie, toute jeune trentenaire avec l'avenir devant soi, Harleen Quinzel échafaude une théorie bien particulière sur la véritable nature du crime : selon elle, il s'agirait d'une déficience d'empathie au sein du cerveau, un phénomène provoqué par des périodes de stress intenses et douloureuses chez le sujet. Pour corroborer cette théorie, le Dr. Quinzel a besoin de réaliser une étude plus poussée sur des patients atteints de divers troubles psychiques. Quel meilleur endroit pour démarrer que l'asile d'Arkham, à Gotham City ?


Alors qu'elle se remet à grand peine de sa toute première rencontre avec le Joker, un soir de violence et de terreur, Harleen apprend qu'elle va aussi devoir le considérer comme l'un de ses patients désormais, puisqu'il réintègre Arkham au moment de son arrivée. Après avoir tué le temps comme elle pouvait avec les autres pensionnaires et avoir retardé ce moment le plus possible, l'heure fatidique du premier entretien avec le Joker arrive enfin. Et ce que Harleen Quinzel s'apprête à découvrir, très peu de personnes l'ont vu auparavant.


Certains appelleraient cela le Mal à l'état pur. D'autres, de la manipulation savamment orchestrée et dosée. Mais pour Harleen, c'est à la fois bien plus complexe et bien plus simple en vérité : le coup de foudre. Est-il possible de tomber amoureuse d'un tueur sans scrupules quand celui-ci ne rêve que de vous voir sourire ? La relation de patient à soignant va très vite s'inverser et le Joker va réussir à pénétrer dans la psyché et l'âme de la jeune Harleen, et celle-ci sera sa propre dupe.


Imaginer que l'on puisse réhabiliter une personne comme le Joker avec une attention adaptée et une écoute active ? Pour beaucoup, cette simple idée est tout bonnement suicidaire. Mais pour Harley, c'est le début d'une longue histoire, tourmentée et tortueuse, mais d'une violence passionnelle à laquelle rien ne résiste, et surtout pas la raison.


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Certains d'entre vous s'en souviendront peut-être, j'ai déjà eu le plaisir de lire et de chroniquer Harleen dans les articles V.O. du vendredi sur le blog, il y a pratiquement un an de cela maintenant. Et c'est tout naturellement que je reprends l'expérience avec l'exemplaire en V.F. de chez Urban, un album de très bonne qualité et sur lequel il convient de porter un grand intérêt !


Stjepan Sejic n'a plus besoin d'être présenté aujourd'hui, c'est une super-star des comics et son style d'illustration est unique en son genre. Il convient tout particulièrement à une histoire aussi folle que celle de la genèse d'Harley Quinn, la petite-amie du Joker, revisitée avec des codes plus modernes et actuels par rapport à ce que l'on avait pu voir dans la série d'animation Batman de 1992 par Paul Dini et Bruce Timm, les pères du personnage.


L'un des éléments que j'aime le plus dans cette histoire, c'est le parallèle qui est fait avec un autre personnage majeur de la mythologie de Gotham City, le malheureux procureur Harvey Dent, qui deviendra le terrible Double-Face suite à un attentat contre sa personne. Comme le lecteur est assez vite invité à s'en rendre compte, les deux personnages que sont Harvey et Harley sont liés d'une façon bien particulière, et chacun aura affaire au Joker d'une façon ou d'une autre, avec un résultat plus ou moins heureux. Stjepan Sejic se paie donc le luxe de raconter une double origine dans une histoire en seulement trois chapitres, et de revisiter certains des moments les plus cruciaux de l'univers si sombre de Batman ! Chapeau l'artiste !


Je ne vais pas m'attarder plus que cela sur le récit en lui-même, j'en ai déjà bien assez dévoilé dans cet article et dans celui en V.O., sachez simplement que Harleen est un graphic-novel comme on en voit trop peu dans le monde super-héroïque si stéréotypé que nous connaissons toutes et tous. Une plongée dans l’abîme, un miroir déformé reflétant une âme en peine... et une virée au cœur de la folie.


Graphiquement vous pouvez totalement sauter dessus c'est une vraie tuerie, chapeau l'artiste à nouveau ! Très accessible et terriblement prenante, l'histoire d'Harley Quinn et du Joker vous emportera pour quelques heures de lecture très agréables. Je regrette simplement que le jeu des couvertures qu'il y avait en V.O. avec la jaquette n'ait pas été repris pour la V.F., même si toutes les couvertures intéressantes et alternatives sont bien entendu présentes en fin d'album dans la galerie des bonus.


Vous aussi, sautez le pas si vous en avez l'occasion, Harleen ne laissera personne indifférent ! Un très bel ajout au catalogue déjà bien conséquent et qualitatif de la collection Black Label de DC, pour lecteurs avertis toujours.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

L'article de la Version Originale, si un approfondissement vous intéresse.

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