D'aussi loin que remonte ma mémoire, je n'ai jamais vraiment apprécié le Pingouin. Je veux dire, dans la galerie haute en couleurs des ennemis de Batman, il n'est pas vraiment le plus exceptionnel, ni celui qui attire le plus l'attention. Peut-on imaginer un instant un vilain avec un nom plus ridicule que celui du Pingouin ? Et pourtant, j'avais tort.
Le film Batman – Le Défi de Tim Burton, sorti en 1992, était consacré au Pingouin et à toute l'horreur que représente ce personnage torturé et affable. Plus jeune, il me faisait surtout rire, pas avec lui mais plutôt de lui, car il faut bien l'avouer il est assez grotesque. Trapu, obèse, le visage défiguré par un nez digne de Cyrano, ne se baladant jamais sans son monocle ni surtout son fameux parapluie piégé. Un vrai méchant de cartoon... que Burton a réussi à transformer en icône du cinéma d'horreur, à sa façon très bizarre dont nous avons désormais toutes et tous l'habitude.
Grâce à cette anthologie qui lui est dédiée, troisième tome dans la collection des Batman Arkham, j'ai appris à mieux connaître le Pingouin, et à me méfier de lui. Je savais qu'il s'agissait d'un génie criminel, une sorte de cerveau ou de caïd de Gotham, adorant mettre Batman dans des situations incongrues et échapper de justesse aux autorités et à la Loi via des ruses assez malvenues ou convenues suivant le cas. Mais maintenant, je sais que ça n'a pas toujours été le cas.
Oswald Chesterfield Cobblepot est en réalité un redoutable adversaire pour Batman, autant sur le plan physique qu'intellectuel. En effet, comme on le découvre dans ces pages qui retracent l'essentiel de son histoire, le Pingouin sait se battre avec panache, et dispose de tout un arsenal de parapluies truqués et d'oiseaux dressés à faire de sérieux dégâts. Ça ne suffit pas à vos yeux pour le prendre au sérieux ? Que diriez-vous si je vous dévoilais qu'en plus il est remarquablement intelligent, des plus ingénieux malgré son langage et ses attitudes parfois à la limite du vulgaire mondain, et surtout qu'il est atteint d'un sévère trouble monomaniaque qui le pousse à se focaliser sur une cible jusqu'à la détruire complètement, corps et âme ?
Il n'y a qu'à se documenter sur le sort qu'il réserve à ses anciens bourreaux de classe, par exemple. Le soin tout particulier qu'il met à les torturer, à les préparer pour une mise à mort humiliante et brillamment exécutée, c'est vraiment diabolique. Quant à Batman... c'est une obsession pour Oswald. Pas comme le Joker ou le Sphinx, non, le Pingouin ne veut pas vraiment la mort du Chevalier Noir, ou alors après un ultime affrontement au sommet, mais avant tout le réduire à l'impuissance et lui prouver qu'il est plus intelligent que lui. Un peu comme le Professeur Moriarty pour Sherlock Holmes, vous suivez ?
Baron du crime organisé, cambrioleur débrouillard à défaut d'être vraiment gentleman, amateur éclairé de théâtre et de poésie, et notable haut placé de la bonne ville de Gotham, tels sont les titres et qualités dont peut se parer le Pingouin. Et finalement, qui fait le plus de mal dans cette ville sinistre : les vilains bariolés qui ont un coup de folie, ou le froid calculateur qui sait piquer de son bec là où ça fait vraiment mal ?
Définitivement une excellente collection que nous offre Urban avec ces anthologies de super-criminels, et je regrette d'avoir mis si longtemps à poursuivre ces lectures à cause d'un mauvais à-priori sur le Pingouin. Rien ne m'aurait préparé à le découvrir de cette façon, aussi complètement et terriblement au travers de ses nombreuses tentatives pour humilier la Chauve-souris et se faire enfin une place dans ce nid si serré qu'est Gotham City. Et le pire, c'est qu'il y est parvenu, plusieurs fois même ! Finalement, le pire ennemi du Pingouin est peut-être davantage son ego que Batman, car c'est ce qui le poussera toujours à en vouloir plus et à faire le pas de trop qui le perdra. Fort heureusement pour lui, il sait rebondir ! En tous les cas j'y réfléchirai désormais à deux fois avant de me moquer d'Oswald Cobblepot, ça peut finir par coûter très cher, plus que ce qu'une vie ne suffirait à rembourser.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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