dimanche 16 avril 2023

Heroes Reborn - Le Retour omnibus (Panini Comics - Février 2023)


Lors de l'ultime assaut contre le terrifiant Onslaught, au cœur d'une New York dévastée, les plus grands héros de la Terre se sont sacrifiés pour emporter la créature dans le néant. Pendant près d'un an, tout le monde a cru que les Avengers et les Quatre Fantastiques étaient morts... mais c'était mal connaître la malléabilité de l'univers, surtout entre les mains d'un enfant aussi imaginatif que Franklin Richards, le fils de Sue Storm et Reed Richards eux-mêmes !


Inconsciemment, Franklin a usé de ses immenses pouvoirs sur la réalité pour modifier la fin de ses héros. Non pas décédés après un dernier combat, mais simplement transportés sur une copie conforme de la Terre, dans une dimension de poche, où ils ont mené une vie similaire mais différente toute à la fois. Menacée par Galactus, cette dimension a failli disparaître, n'eût été l'intervention salvatrice et plutôt étonnante du Docteur Fatalis, lui aussi embarqué dans cette étrange aventure.


Aujourd'hui, c'est aux Célestes que revient le dernier mot. Ces entités divines qui régissent l'équilibre de l'univers prennent contact avec Franklin à travers l'une des leurs, Ashema, qui prend alors forme humaine pour ne pas brusquer le petit. Ashema lui fait une proposition assez simple : des deux mondes jumeaux, l'un doit disparaître. Et c'est à Franklin, du haut de son jeune âge, de prendre cette lourde décision. Refusant évidemment de perdre tout ce qu'il a construit et toutes les personnes qui comptent pour lui, l'enfant parvient avec l'aide de ses parents à trouver une autre solution : transporter toutes les personnes issues de la Terre primordiale jusque sur leur monde d'origine, rééquilibrant ainsi les forces cosmiques. Ashema et les Célestes n'y voient pas d'objection, et c'est une fois encore grâce à Fatalis que le voyage sera rendu possible.


Cependant, Fatalis est jaloux du pouvoir de Franklin et tente de s'en emparer de force, ce qui déclenche immédiatement l'ire de Thor qui s'interpose et emporte le vilain avec lui dans les confins de l'espace, tandis que tous les autres regagnent la Terre sains et saufs. Thor et Fatalis régleront à leur façon leur petit différend, et le tyran regagnera finalement la Terre à son tour... mais pas la bonne version ! En effet, il est réapparu sur le monde créé par Franklin, désormais privé de ses plus grands héros et conscient en partie de n'être qu'une pâle copie de l'original. Un monde désespéré où les catastrophes naturelles et humaines s'enchaînent à un rythme affolant, un monde en perdition... un monde où régner, décide Fatalis.


Bien vite, le bon docteur met fin à la plupart des conflits qui gangrènent ce qu'il convient désormais d'appeler la Contre-Terre, et il réussit même l'exploit de réunir plusieurs nations belligérantes sous sa coupe, instaurant au final et après bien des difficultés un âge de paix et de raison, où la parole de Fatalis est force de loi et où tout à chacun lui est soumis. Une paix sévère, mais juste. Malheureusement il y a encore quelques oppositions, et assez rapidement le rêve d'unité mondiale de Fatalis se retournera contre lui, le forçant une fois de plus à abandonner ses plans et à reparaître sur son monde natal, où il affrontera ses propres démons.


Le départ de Fatalis, dernier grand héros de la Contre-Terre, aurait pu signer la fin de tout pour ses habitants. Mais là encore, le Destin fait bien les choses et assez nombreux seront les personnages hauts en couleurs à venir visiter, au fil des ans, cette autre planète si semblable à la Terre. Certains n'y feront qu'une courte apparition, quand d'autres auront une influence majeure sur les peuples qu'ils croiseront. Tous cependant finiront par rentrer sur leur monde d'origine, et la Contre-Terre sera à chaque fois livrée à elle-même et à ses pires instincts. Onslaught en personne y fera son grand retour tant redouté, contraignant Franklin à se replonger à nouveau sur sa création involontaire et à faire un choix décisif. A plusieurs reprises il sera question de la suppression pure et simple de la Contre-Terre pour régler tous les problèmes que son existence engendre, mais jamais cette extrémité ne sera atteinte. Voici l'histoire d'un monde créé par un enfant, pâle reflet de son foyer brisé, condamné à exister et à perdurer contre toute logique cosmique.


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Nous voici en présence d'un omnibus assez particulier, puisqu'il contient pratiquement tout ce que Marvel a pu publier sur la Contre-Terre depuis la révélation de sa création par Franklin Richards en 1997. La parenthèse Heroes Reborn étant achevée, il était grand temps que les plus célèbres héros retrouvent leur monde natal, mais que faire alors de tout ce qui avait été développé durant toute une année éditoriale ? Les auteurs et éditeurs ont décidé, assez sagement, de ne pas tout jeter à la poubelle et de conserver cet autre univers, qui deviendra assez vite une Terre-bis orbitant à l'inverse de la nôtre, car au fond c'était une sorte de réservoir presque inépuisable de récits et de réécritures potentielles. Quelque chose ne prend pas sur Terre ? Voyons ce qu'il en est sur la Contre-Terre !


Avec cette logique assez simple, des dizaines d'histoires et de personnages ont vu leur destin être chamboulé par l'existence de cet autre monde, à commencer par le Docteur Fatalis, véritable éminence grise de ce massif album qui aurait largement mérité selon moi de figurer sur le dessin du dos de la jaquette, à la place du Captain America choisi par Panini. En V.O. d'ailleurs, c'est la famille Richards qui orne le dos de l'omnibus, Fatalis aurait donc pu être un choix très logique de la part de Panini pour l'adaptation française, surtout vu sa quasi-omniprésence dans toutes les histoires recueillies ici. Mais les gens reconnaîtront plus facilement Captain America, l'icône, le symbole vivant, c'est plus vendeur et tant pis si le personnage n'intervient vraiment que dans les deux derniers arcs de l'album.


C'était mon petit coup de gueule personnel, du à la déception davantage qu'au manque de qualités. On en trouve d'ailleurs tout au long de cette lecture, des idées novatrices et d'autres sentant le réchauffé mais toujours avec un angle différent de ce dont on a l'habitude. Je passe rapidement sur les chapitres de la série des Thunderbolts car je les ai déjà chroniqué pour la majorité dans mon article V.O. sur le second omnibus qui leur est consacré, et au fond les actions du Baron Helmut Zemo et de son équipe ne sont que l'écho que de ce que le Docteur Fatalis a tenté de faire juste avant.


De façon assez surprenante, on trouvera aussi des one-shot un peu barrés dans le style des Épaves par exemple, une anti-équipe de héros absolument délirante qui ne va pas chercher bien loin et qui n'a pratiquement aucune réelle importance, sinon celle de vivre sur la Contre-Terre, ou du moins dans l'imaginaire malade de ce monde. Les deux dernières sagas, Onslaught Reborn et Onslaught Unleashed, sont une sorte de retour en arrière qui nous raconte ce qu'est devenu cet archi-vilain emblématique des années '90, sans qui au fond rien de tout ceci n'aurait été possible. C'est aussi l'occasion de déguster à nouveau les somptueux dessins de Rob Liefeld, sur un scénario de Jeph Loeb rendant hommage à son fils trop tôt disparu. Je trouve que ça valait le coup d'être cité.


Enfin, j'aimerai me permettre une petite réflexion personnelle et légèrement philosophique sur cet omnibus et ce qu'il contient. Au fond, tout au fond... cette Contre-Terre, elle ressemble quand même pas mal à notre monde bien réel vous ne trouvez pas ? Aucun super-héros, des conflits incessants, des ressources qui s'épuisent, des catastrophes naturelles qui se multiplient et empirent de plus en plus... tout cela n'étant que le fruit d'un sinistre hasard universel. Alors s'il m'était permis d'imaginer une issue de sortie, peut-être que je penserais à notre Terre comme étant le rêve d'un être un rien dérangé et instable... ça serait plus rassurant que la certitude d'être uniques dans le cosmos et de gâcher notre existence en brouilles inutiles et trop souvent inhumaines. Si c'était nous le rêve, et non ce que nous lisons ? Ne valons-nous pas mieux que cela ? Ne pouvons-nous faire mieux, à nous tous ? Qu'un enfant nous montre la voie, ce serait déjà un bon début. Le reste n'est qu'imaginaire...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

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