Cela fait maintenant quelques années que les trois peuples majeurs de la Terre, les humains, les Bleus et les Sombres, ont débuté une ère de coopération et d'entente après les tragiques événements d’Istanbul lors du sommet mondial pour la paix. Aujourd'hui, Aspen Matthews s'est lancée dans une nouvelle aventure : jouer les super-héroïnes, ça va pendant un temps, mais ce qui est réellement important à ses yeux c'est de maintenir ce niveau d'entente entre les peuples de la surface et ceux des profondeurs. Ambassadrice de bonne volonté auprès des trois espèces, le Dr. Matthews est désormais intégrée en haute sphère au sein d'un projet scientifique à quelques soixante miles de la Floride, la Vague, destiné à accueillir les plus grands esprits de chaque peuple pour qu'ils puissent ensemble tâcher de mieux comprendre la planète et ses besoins.
Malheureusement tout le monde n'est pas aussi bien intentionné qu'Aspen et son équipe, et il y a des brebis galeuses même dans un endroit aussi sanctuarisé. A la suite d'une expérimentation génétique frauduleuse avec une bactérie sous-marine, toute la base est en grand danger quand un savant solitaire devient une aberration de la nature et tente de massacrer tous les êtres vivants sur place ou, pire encore, de les posséder à leur tour. Grâce à Aspen toutefois la menace est rapidement écartée, mais ce n'est que partie remise car il semble bien que d'autres cobayes humains aient été dispersés à la surface, précisément dans l'entourage du Vice-Président des États-Unis ! Ce-dernier s'apprête d'ailleurs à prononcer un discours devant les Nations Unies, à New York, ce qui pourrait conduire à une véritable invasion des parasites auprès des plus puissants politiques de la planète. Une fois de plus, c'est à Aspen de sauver la situation et de combattre ces horreurs, qui finissent par se disperser non sans laisser planer la menace d'un éventuel retour en force, plus tard...
Pour l'heure, Aspen et son équipe sont invités cordialement par le Cheikh de Rytal, en Arabie Saoudite, pour assister à une démonstration magistrale de ce que la technologie humaine est capable d'accomplir dans les meilleures conditions. En forant pour trouver du pétrole dans le désert, les hommes de Rytal sont parvenus à percer la croûte terrestre en profondeur et ont carrément mis à jour un véritable petit océan souterrain, enfoui sous de la lave en fusion, et doté de son propre microcosme. Un véritable bijou pour tout biologiste marin qui se respecte, ce qu'Aspen a tôt fait de remarquer. Mais plus encore que l'incroyable existence d'une vie aquatique sous terre, c'est la présence d'autres êtres humains dans cette mer qui sort nettement du lot.
Attaqués dès leur arrivée par des forces militaires, les membres de l'équipe d'Aspen sont divisés après l'explosion de leur moyen de transport sous-marin, et ne doivent leur survie qu'au hasard et au bon vouloir du maître des lieux, un certain Nakamura, qui est une vieille connaissance de notre héroïne... et pour cause, puisqu'il travaillait dans la partie Japonaise du DMD, il y a de cela bien longtemps déjà, et qu'il a survécu lui aussi à la torpille qui a tout fait basculer à jamais ! Ayant perdu l'amour de sa vie dans la tragédie, Nakamura a tout de même réussi à emporter des échantillons significatifs de la technologie des Bleus, et après des études rigoureuses en laboratoire il est même parvenu à en synthétiser une fusion avec des matériaux de la surface. Le gouvernement Japonais lui a aussitôt accordé des crédits illimités pour créer une base d'opération dont la fonction serait de développer cette nouvelle forme de technologie et d'en trouver les débouchés potentiels, à commencer par le forage du pétrole dans de titanesques proportions pour financer le reste des expériences.
Cependant, une partie de ses hommes a fait sécession et est partie fonder une église des saintes profondeurs, emportant quelques secrets scientifiques au passage. Nakamura se dévoile donc à Aspen une fois celle-ci récupérée par ses agents, et lui propose un marché de dupe : il lui accordera la liberté, à elle et à son équipe, si elle accepte de détruire l'église qui entache son projet. Aspen, loin d'être idiote, sait reconnaître une tentative de manipulation quand elle y est confrontée, même sous les meilleurs atours, et elle fait mine de coopérer simplement pour pouvoir pénétrer dans l'église et récupérer certains de ses amis avant de trouver un moyen de tous s'échapper de cet Enfer.
Faisant face à une résistance acharnée de la part des deux camps qui se livrent une véritable guerre civile, Aspen parviendra à sauver toute son équipe et leur permettra de regagner la surface, non sans avoir au préalable affronté une terrible créature issue de la manipulation des gênes humains et Bleus sans la moindre sécurité efficiente. Tout ça pour qu'à son retour sur la plate-forme de la Vague, on ne lui apprenne que tout est bouclé et que les recherches sont terminées sur ordre des États-Unis. Aspen n'a pas vraiment eu le temps de récupérer que déjà ce qu'elle considérait comme son nouveau foyer disparaît sous ses yeux. Mais peut-être est-ce simplement là une nouvelle occasion de recommencer de zéro ailleurs, de façon moins tape-à-l’œil, qui sait...
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Quatrième série portant fièrement le titre de Fathom, héritage de Michael Turner, The Rig est écrite par un vétéran des années '90, Scott Lobdell, ainsi que par l'émérite ancien David Wohl qui a travaillé sur Witchblade avec Turner lui-même à la belle époque. Dessinée cette fois-ci par Alex Konat principalement, dans un style assez fidèle à celui du créateur tout en ayant ses propres marques distinctives, cette quatrième grande partie nous permet de replonger dans les origines de la série, du temps du DMD notamment, et d'explorer désormais le côté Japonais de l'histoire, ce qui manquait cruellement il faut bien le dire à la première série.
Dans The Rig, que je traduirai par « plate-forme pétrolière » au mieux, nous découvrons donc ce qu'il résulte des expériences nippones pour tenter de dupliquer et de maîtriser les étranges matériaux découverts dans les fonds sous-marins et utilisés quotidiennement par les Bleus. Comme toujours il s'agira aussi d'un vif plaidoyer contre la sur-exploitation de l'industrie pétrolifère sur les océans, où qu'ils se trouvent sur et sous la terre, et pour la préservation et la compréhension de ces mondes lointains qui nous échappent encore. En ce sens on peut dire que la thématique principale de l’œuvre de Michael Turner est bien comprise et bien reprise par ses pairs, même si on peut tout de même noter une nette abondance de scènes d'action qui laissent un peu moins qu'avant la place à la contemplation des détails.
Personnellement j'ai quand même beaucoup aimé cette lecture, un très bon hommage à la première série et à son univers si riche, et j'espère de tout cœur que les chapitres suivants seront au moins aussi bons à tous les niveaux, tant dans l'écriture que dans le graphisme. J'espère aussi que vous resterez avec moi pour ces prochaines lectures en V.O., car là pour le coup c'est du matériel totalement inédit en version française ! Fathom est définitivement une œuvre majeure de son temps, qui traverse sans problème les décennies et reste toujours très actuelle malgré le temps qui passe et l'évolution des mentalités. Croisons les doigts pour qu'un beau jour tout cela serve de leçon à des esprits éclairés et tolérants, car nous n'avons pas le luxe d'une Aspen Matthews bienveillante pour arranger les choses à notre place...
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