Après s'être essayée à intégrer différentes équipes de super-héros sur Terre, la jeune cousine de Superman est forcée de constater que personne ne veut d'elle où que ce soit, ou du moins que les bonnes volontés autour d'elle ne sont pas légions, et ce malgré les meilleures recommandations venant de Batman en personne.
C'est au cour d'une mission-test d'infiltration au sein d'un gang de pirates méta-humains que les choses vont soudain se corser pour Kara, obligée de jouer un double-rôle qui la met constamment en danger d'être identifiée et éliminée. Elle fera alors la rencontre, au moment le plus critique et alors qu'elle venait de reprendre le contrôle de la situation, d'un nouveau venu tout comme elle sur Terre, un certain Power Boy.
Ce nouveau héros fascine aussitôt Kara, au moins autant qu'il est lui-même fasciné par la Kryptonienne, et rapidement et contre tous les principes de précautions ils vont commencer à organiser leurs rondes et leurs patrouilles à deux, se lançant quelques défis au passage mais surtout se rapprochant dangereusement l'un de l'autre, deux étrangers sur une planète qui ne les accepte pas tout à fait.
Mais Power Boy n'est pas aussi innocent et sincère qu'il en a l'air ou qu'il veut bien le faire croire. En réalité, il n'est pas fasciné par Kara : il est littéralement obsédé par elle en permanence, voulant tout connaître et tout contrôler autour d'elle. Quand Kara finit par se rendre compte de la supercherie, il est déjà trop tard elle s'est bien trop dévoilée à son partenaire et il utilise tous les leviers à sa disposition pour lui faire mal et la ramener dans son giron. Heureusement, la cousine de Superman n'est pas du genre à se laisser faire sans réagir, et Power Boy en sera quitte pour un magistral coup de genou cosmique dans les parties et un solide avertissement, qui ne présage rien de bon pour la suite s'il venait à croiser à nouveau le chemin de Supergirl.
Hélas, Kara est bien plus perturbée par cette affaire de cœur qu'elle ne le devrait, en grande partie parce qu'elle commence à avoir des réminiscences de son passé sur Krypton et plus particulièrement des dernières consignes laissées à son attention par son père, Zor-El, avant de l'envoyer sur Terre rejoindre son cousin : elle devait non pas le protéger... mais tuer Kal-El, à n'importe quel prix !
Comment survivre à une enfance brimée et une adolescence incomplète quand le seul but qu'on lui ait fixé soit de détruire la seule famille qui lui reste dans tout l'univers connu ? Kara ne peut s'y résoudre, mais les souvenirs se font de plus en plus pressants, et ses propres pouvoirs commencent également à lui jouer des tours et à devenir incontrôlables, comme réagissant à une sorte de conditionnement.
Refusant catégoriquement de faire du mal à Kal-El, Kara se lance à corps perdu dans une quête de sens à donner à sa vie, plus encore qu'auparavant, mais elle ne fait que retomber encore et encore sur les mêmes derniers vestiges de sa mémoire avant son départ de Krypton : une civilisation au bord de la ruine, gangrenée par un mal mystérieux qui se serait propagé, selon son propre père, à cause des expérimentations de son oncle Jor-El sur la Zone Fantôme. En creusant un peu plus profond, Kara se rend soudain compte qu'elle se souvient aussi d'éléments contradictoires dans ce récit, et que les paroles de son père sont peut-être moins fiables qu'elle ne les pensait.
Mais quand la Terre est soudain attaquée par une vague d'esprits en colère cherchant à tout détruire et à posséder les mortels comme les méta-humains, Kara y voit la conséquence de la présence de son cousin Kal-El sur sa planète d'adoption. Comme en réponse à cette seule présence, les spectres maudits arrachés par Jor-El de la Zone Fantôme ont suivi sa piste et sont parvenus à atteindre son refuge, contaminant toute la population sans que rien ne puisse endiguer le fléau. En plus, suite à un nouveau rappel à l'ordre sur Power Boy, le soleil est désormais devenu rouge ce qui signifie que les pouvoirs des Kryptoniens sont bloqués !
Et pendant cette situation de crise majeure, comme si ça ne suffisait pas, Kara va devoir affronter une version alternative d'elle-même, ou plus précisément de Supergirl, pour avoir le droit de porter cette identité fièrement et de revendiquer sa propre existence dans le grand continuum. Il s'agit en réalité d'une manœuvre du Monitor en personne, qui a décelé au retour de Kara dans la trame de la réalité de possibles grands bouleversements à venir pour l'univers tout entier, et désirait la tester pour savoir jusqu'où elle serait prête à aller en cas de danger ultime. Satisfait de la jeune femme et de la conclusion de ses tests, le Monitor met fin à l'expérience et intronise officiellement aux yeux du cosmos cette Kara Zor-El comme étant la seule et unique Supergirl !
Seulement le rôle de Supergirl est loin d'être de tout repos, il faudra aider les humains à l'accepter tout en gérant les multiples crises qui se présentent sur sa route, comme la guerre entre les USA et les Amazones par exemple, ou encore prêter main forte à Superman pour répondre activement au courrier de Noël qu'on lui adresse du monde entier chaque année. Prouvant à chaque étape qu'elle est maîtresse d'elle-même, de son image comme de ses choix, Kara finit par être petit à petit acceptée pour ce qu'elle est et apporte au monde plus que pour ce que l'on attend d'elle en la comparant sans cesse à l'image de son cousin. Elle décide alors, avec le consentement des premiers intéressés, de tenter sa chance pour rejoindre les Teen Titans et intégrer enfin une formation de héros en devenir qui voudra d'elle !
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La trame principale de ce second tome compilant les épisodes de la série Supergirl des années 2000, quatrième en titre d'ailleurs il me semble, est écrite par Joe Kelly, un scénariste qu'il n'est plus besoin de présenter tant il s'est rendu indispensable et omniprésent chez les grands éditeurs de comics depuis des décennies.
Quand Joe Kelly récupère le destin de Kara Zor-El, on sent qu'il ne sait pas encore trop quoi en faire ni à quels autres personnages la confronter. C'est vrai, après tout, on a là une copie plus-que-parfaite de Superman qui de par sa nature adolescente et la virulence de ses émotions comme de ses pouvoirs ne peut s'intégrer nulle part durablement sans générer des tensions, en elle comme autour d'elle.
Comme souvent chez Kelly, on assistera alors plutôt à une profonde remise en question des fondamentaux du personnage dont il a la charge, passant tantôt d'une envie de tout envoyer bouler et de faire sa propre vie comme elle l'entend jusqu'à une phase plus tragique où les responsabilités s'imposent de nouveau et ne peuvent malheureusement pas être évitées plus longtemps. Le même mécanisme a été utilisé pour l'arc récent des 8 Morts de Spider-Man chez Marvel par le même auteur, avec un peu plus de maîtrise forcément les années aidant.
Heureusement ce n'est pas tout ce que vous trouverez dans cet album-ci, Joe Kelly finit par céder sa place à Tony Bedard pour les trois derniers chapitres qui traitent tous d'une certaine façon de la manière dont Kara parviendra à se faire enfin accepter et valoriser pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représenterait idéalement. C'est ainsi, à mon sens, que la chaîne proverbiale est enfin brisée pour de bon et qu'un excellent personnage peut enfin rejoindre un lectorat demandeur et reconnaissant de partager ses nouvelles aventures !
Vous l'avez aussi senti dans mon résumé, à travers le personnage de Power Boy, nous avons déjà pour cette seconde moitié des années 2000 un traitement assez clair de ce qu'est une personnalité de pervers narcissique toxique envers les femmes, jeunes de préférence, et Kara était sans aucun doute la meilleure des héroïnes à lui opposer pour le faire tomber de son piédestal et briser une emprise qui n'avait que trop duré. Comme quoi les thématiques féministes sont bien présentes même dans des comics Supergirl que l'on a longtemps qualifié de lectures pour bimbos écervelées ou mecs en manque. De là jusqu'au récent film Barbie, il n'y a que quelques pas à franchir...
La version des années 2000 de Kara s'oppose ainsi très frontalement à celle de l'Âge d'Argent qui revient ici la tourmenter et la rabaisser constamment avant que le Monitor n'y mette un terme, mais même sans lui la nouvelle Kara avait largement remporté la bataille morale pour son droit d'exister hors des sentiers battus et des clichés masculinistes d'une industrie encore trop peu diversifiée dans ses contenus à l'époque.
Après, tout n'est pas non plus d'un niveau excellent dans cette série et dans ce tome tout particulièrement, et je dirai que ce qui m'a le moins intéressé vient des chapitres liés à l'event Infinite Crisis où Kara doit encore trouver sa place sans trop déranger. Le travail graphique formidable de Ian Churchill, Alé Garza, Renato Guedes et Joe Benitez suffit cependant amplement à combler l'écart de qualité des différentes étapes du scénario, que de grands noms ou de grands talents associés à une icône de la pop-culture qui monte toujours plus haut !
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