Ramenée d'entre les morts, Elektra Natchios est de retour à New York après une longue absence. Malgré sa vie dissolue et son occupation de justicière, elle a su s'entourer sinon d'amis, au moins de personnes de confiance sur sa route, comme Wolverine ou encore les enseignants du dojo qu'elle possède et protège. Difficile toutefois de joindre les deux bouts sans posséder une existence administrative réelle, il est donc grand temps de reprendre sa vie en mains et de tenter de revenir dans la lumière.
Malheureusement le moment est mal choisi : en effet, la ville est en proie à une vague de violence comme elle en a rarement connu ! Des assassins et super-vilains solitaires de tous horizons se massent à New York dans le but de s'affronter au cours d'un tournoi sordide où les perdants repartent les pieds devant après d'impitoyables duels. L'organisateur de cette compétition : une entité très ancienne nommée l'Architecte, qui prévoit rien moins que d'offrir au vainqueur, à celui qui aura su s'en montrer digne, l'honneur de pouvoir l'assassiner en personne et mettre fin à sa trop longue existence.
Bien sûr, l'Architecte a un plan bien précis en tête en organisant ces affrontements et sélections. Celui qui aura gagné le titre de plus grand assassin au monde ne fera pas que le tuer, il permettra surtout à son âme éternelle de quitter un vaisseau usé pour pénétrer dans un corps neuf et capable de l'abriter et le servir pour les siècles à venir. L'entité a un choix bien arrêté en tête, il veut que ce soit Elektra qui lui porte le coup fatal. Mais elle refuse obstinément et s'interpose dans tous les duels qu'elle découvre, même si cela la met en contact direct avec son propre assassin, le terrible Bullseye, qui entend bien finir le travail pour de bon et qui ne reculera pas devant de nouvelles victimes innocentes au passage.
En parallèle, Elektra tente de mener une vie relativement normale en s'inscrivant au sein d'une troupe de théâtre sur Broadway, pour participer à un spectacle de danse sur le thème de la Grèce Antique et de ses légendes. Immédiatement remarquée par son metteur en scène grâce à ses qualités et capacités physiques dignes de sa vision épique et esthétique de la danse, Elektra devient la star du show dont la grande première est pour bientôt. C'est évidemment le moment que choisira l'Architecte pour mettre son plan à exécution et forcer Elektra à faire partie de son histoire qu'elle le veuille ou non. Heureusement, grâce à l'aide du Docteur Strange lui-même, l'âme de l'Architecte est piégée dans un autre réceptacle et tout se termine dans la douleur certes mais sans autres victimes.
Par la suite, Elektra occupe son temps entre son activité de justicière la nuit, le début d'une nouvelle relation amoureuse avec un bon ami sincère le jour, et surtout veiller sur sa jeune apprentie, Nina, une adolescente dont le père a été tué par Bullseye lors de leur dernier affrontement. Elektra a juré aux grands-parents de Nina qu'elle la garderait à l’œil et qu'elle veillerait sur elle de toutes ses forces. Mais la grande fille est dotée d'un caractère assez tumultueux qui la pousse à vouloir partager la vie secrète de sa mentor, inconsciente de tous les dangers qu'elle risque d'y trouver.
Alors que les choses prenaient enfin une bonne tournure, voici que la Main revient dans la vie d'Elektra pour tout détruire ! Traquée où qu'elle aille par des mercenaires et combattants aguerris à la solde de l'organisation mystique criminelle, notre anti-héroïne a bien du mal à préserver les personnes qui lui sont chères. Malgré cela, elle sort une nouvelle fois triomphante de ces combats mortels, mais ce n'est évidemment pas encore terminé...
Une nouvelle affaire autour d'un étrange samouraï Américain sévissant dans le milieu du crime comme justicier extrême, à New York même, pousse Elektra à revoir Matt Murdock et à refaire équipe avec Daredevil ! S'ils sont tous les deux heureux de se retrouver, ils constatent bien vite que beaucoup de choses ont changé depuis leur dernière entrevue, et d'autres pas tant que ça au final. Les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre sont toujours là, quelque part, mais aucun des deux n'ose y céder de peur d'entraîner l'autre. De plus, les méthodes radicales d'Elektra ne sont pas vraiment au goût de Daredevil, qui en sera quitte pour une belle désillusion une fois de plus.
Enfin, la Main décide de frapper fort et envoie son meilleur assassin affronter Elektra chez elle, faisant un maximum de dégâts et poussant la belle ninja dans ses retranchements pour tenter de sauver Nina, malheureuse victime dans un conflit qui la dépasse totalement. Forcée à regarder son bourreau massacrer sa protégée, Elektra sort traumatisée de cette expérience, mais avec la vengeance dans le cœur et le vœu d'éradiquer la Main une bonne fois pour toutes.
Faisant appel à Wolverine, elle débarque dans l'une des caches de la Main à New York pour y perpétrer un véritable massacre général et libérateur. Les informations qu'elle obtient de sa dernière proie vont ensuite l'envoyer jusqu'au cœur du Japon mystique, où la sombre forteresse de la Main l'y attend avec, peut-être, la réponse à toutes ses prières et les clés de ses secrets. Mais là encore, le destin se jouera d'Elektra de cruelle manière. Tandis que son voyage la conduit à Hong Kong à la rencontre du Caïd, les journaux parlent d'une meurtrière en tous points similaire à elle qui sévit à New York, et la responsabilité de ses nombreux crimes incombe déjà dans l'opinion des forces de sécurité à Elektra, sans le moindre doute.
Cette fois-ci, Elektra ne prendra pas de gants et rentrera le plus vite possible à New York pour y confronter son double avant que la situation ne devienne totalement ingérable. Mais la surprise sera amère et de taille quand on découvre soudain que cette mystérieuse ninja n'est autre que Nina, ramenée d'entre les morts par les arcanes de la Main et amenée à partager leur vision tordue du monde et leur haine profonde pour leur ancienne membre ! Malgré tous ses efforts, Elektra ne parviendra toujours pas à vaincre le tueur impitoyable de la Main, mais elle réussira en revanche à convaincre Nina de renoncer au Mal qui couve en elle et finira même par la conduire jusqu'aux portes des Chastes, la citadelle de montagnes où elle-même fut formée en tout premier lieu par le même mentor que Matt Murdock. Nina y est acceptée après avoir fait preuve de ténacité et de courage, mais Elektra n'obtient pas le droit de fouler ce sol sacré en raison de sa corruption et de la haine qui bouillonne encore dans son cœur.
Rejetée par ses anciens maîtres, elle entame un dernier voyage jusqu'en Grèce, sa terre natale, pour retrouver ses racines et le courage de reprendre sa vie en mains. Mais, sitôt de retour dans les ruines de son appartement New-yorkais, Elektra a la visite d'un des derniers membres des Chastes encore en vie, à peine, qui vient lui annoncer que Nina a trahi et que la Main a détruit la citadelle et massacré tous les adeptes qui s'y trouvaient. Désormais ultime héritière de la longue tradition des Chastes, Elektra a le devoir de ramener le culte de l'Ordre face à la menace toujours grandissante des partisans du Chaos total. Et c'est le cœur lourd, considérée à présent comme une dangereuse criminelle, que la ninja de rouge vêtue disparaît dans la nuit, jurant de mener à bien sa mission et d'obtenir sa juste revanche.
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C'est ainsi que se termine la tout première série sur le personnage d'Elektra chez Marvel, des années après son retour tant attendu dans les pages de Elektra Lives Again par son créateur Frank Miller. Ici c'est donc sous une volonté de rendre à Elektra un semblant de vie normale que les scénaristes Peter Milligan et Larry Hama offrent aux lecteurs cette vingtaine de chapitres et ces nombreuses intrigues et sous-intrigues qui les parcourent. Et c'est un formidable cadeau !
Évidemment je ne suis pas totalement objectif car d'une le personnage d'Elektra me fascine depuis les runs de Frank Miller sur Daredevil, et de deux surtout le dessin est ici entièrement assuré par le jeune Mike Deodato Jr., un prodige dont le style reconnaissable tout de suite est bourré d'énergie et de vie. Ses personnages masculins sont massifs mais harmonieux, ses personnages féminins sont athlétiques et partagent cette même harmonie des courbes et des énergies si chères aux années '90. Mike Deodato Jr., pour ceux qui dorment au fond, c'est un dessinateur bourré de talent qui parvient presque à rendre tangibles les histoires qu'on lui fait illustrer, comme en témoigne son passage sur les séries Spider-Man au cœur des années 2000, où son style a déjà bien évolué encore une fois ! Chaque décennie voit un Mike renouvelé aux crayons et toujours adulé par le lectorat, mais sachant rester maître de lui et de sa cadence de travail.
Si vous vous souvenez bien j'ai traité il n'y a pas si longtemps d'une autre réalisation graphique de Deodato Jr., dans Thor – La machine aux côtés de Warren Ellis. C'était déjà une histoire tirée des années '90, et j'ai retrouvé dans ces chapitres d'Elektra tout le peps et le sexy que j'avais adoré alors, en plus grande quantité et encore plus maîtrisés.
La série de Milligan et Hama n'est pas renommée que pour son graphisme bien entendu. Le scénario assez féministe et moderne nous plonge véritablement dans l'infernale existence d'Elektra Natchios, son combat perpétuel pour survivre et protéger les rares personnes qui lui sont proches, et aussi et surtout ses échecs. Mais la série aura aussi su traiter de thèmes novateurs pour l'époque tels que le phénomène transgenres à travers un personnage très touchant, ou bien encore dans l'affaire du samuraï Américain la détresse dans laquelle se retrouvent d'anciens combattants oubliés dans un monde sordide et individualiste. Au final, il y aura vraiment eu matière à réflexion tout au long de cette vingtaine de numéros, et je suis vraiment ravi du format dans lequel Marvel a décidé il y a quelques années maintenant de rééditer ce run, le premier du genre sur un personnage féminin central si violent.
J'ignore totalement ce qu'il faut lire ensuite pour avoir la suite et fin de cette histoire tragique avec Nina et la Main, j'embrayerai sur le run de Greg Rucka qui date lui du début des années 2000 donc il y aura sûrement un trou quelque part, que je vous invite à rattraper si ça vous intéresse. Il y a encore beaucoup à dire sur Elektra !
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