samedi 8 mars 2025

Raison & Sentiments (Hauteville - Mars 2020)


Elinor et Marianne Dashwood sont deux sœurs aussi opposées de caractères que complémentaires dans leur affection. Vivant avec leur mère et leur plus jeune sœur Margaret, elles coulent des jours heureux dans la propriété familiale toutes ensemble, ne rêvant qu'au bonheur continuel d'être toutes rassemblées. Elinor est la voix de la raison, toujours pondérée et mesurée dans ses propos comme dans ses actes, elle ne se laisse pratiquement jamais dévier du droit chemin et jamais elle ne songerait à offenser qui que ce soit par son attitude ou une parole malheureuse. Marianne, en revanche, est tout entière soumise à ses émotions, lui dictant qui aimer et qui mépriser, quoi paraître, quoi dire et quoi faire en toutes occasions.


Quand, à la mort de leur père, les filles se retrouvent privées de leur juste héritage par leur frère aîné venu faire valoir ses droits, la petite famille déménage alors dans le Devonshire pour s'installer dans un charmant petit cottage parfaitement suffisant pour elles toutes, loin des tumultes de la vie citadine. Même s'il est difficile de renoncer aux joies du lieu qui les a vu grandir, elles acceptent plutôt bien ce revirement et se feront même de nouveaux amis pour sociabiliser et se produire en bonne compagnie aussi souvent que possible.


Mais évidemment, ces deux jeunes femmes ne pouvaient rester bien longtemps sans courtisans, et voici que Marianne fait la rencontre presque enchanteresse du beau Willoughby, tandis qu'Elinor reçoit les visites assidues mais taciturnes d'Edward Ferrars. Désespérant de faire avancer la relation naissante mais extrêmement plate entre Elinor et Edward, leur entourage se concentre entièrement sur Marianne et Willoughby, qui après s'être fréquentés quelques semaines sont de l'avis général d'ores et déjà fiancés et prêts à franchir le cap du mariage dès que possible !


Hélas... un petit voyage à Londres aura vite fait de doucher les rêves et les espoirs de Marianne, alors en proie à une infinie lassitude sans son galant. Espérant le revoir à chaque coin de rue, à chaque nouvelle réception, elle se laisse sombrer dans la morosité et se refuse à faire bonne figure quand son cœur est en miettes. Elinor de son côté fera passer ses propres souffrances émotionnelles au second plan pour mieux assister sa sœur et maintenir le contact avec leur mère restée à la campagne.


La vie à Londres est loin d'être aussi merveilleuse qu'on le dit, et cela les deux sœurs Dashwood le découvriront bien assez tôt quand les objets de leur affection feront leur grand retour dans leur vie. Beaucoup de choses peuvent changer en quelques semaines de séparation, beaucoup de situations nouvelles peuvent advenir, et certains détails demeurés cachés jusque-là connaîtront une rude révélation. Qui de la si sensible Marianne ou de la trop en retrait Elinor finira par connaître le vrai bonheur ?


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Longue sera la route vers la résolution de toutes ces intrigues amoureuses, mais n'en doutez pas ce premier roman de la désormais légendaire Jane Austen vous emportera bel et bien au cœur des tourments féminins de la bonne société de son époque, rien ne vous sera épargné et vous connaîtrez enfin tout des affres de l'amour, des plus beaux moments passés ensemble jusqu'à la terrible dépression et l'affliction la plus sincère et la plus douloureuse.


Je ne peux décemment pas vous en révéler davantage sur l'intrigue sans vous gâcher du même coup tout le plaisir de cette lecture, car plaisir il y a, aussi je vais maintenant vous parler davantage du style de l'auteure. En un mot : vivant. Vibrant de cette vie que l'on connaît sous la Régence Britannique, vie rythmée par les jeux de la société et des liens familiaux, vie parcourue aussi par de parfaits hasards se présentant soudainement et dont il faut savoir profiter ou se prémunir.


Jane Austen. Impossible pour moi de formuler la moindre critique négative concernant son œuvre présente, à part peut-être la relative longueur du premier tiers au rythme assez inégal ? Mais une fois ce passage derrière nous, c'est l'emballement général pour tout le reste et je vous garantis que si vous avez un tempérament plutôt sensible et curieux, vous ne lâcherez ce livre pour rien au monde avant d'avoir atteint la toute dernière page et enfin connu toutes les explications du comportement d'untel ou d'unetelle à certaines occasions.


Tout se joue toujours dans les nuances et la subtilité pour Elinor, tandis que Marianne sera en proie à des emportements romantiques intenses et sujette à de nombreuses plaisanteries. Bien d'autres rencontres et tempéraments viendront enrichir l'entourage des deux sœurs Dashwood, en bien comme en mal, et dans l'ensemble ainsi formé par cette histoire vous trouverez tout ce qui fait le monde, la violence physique en moins évidemment. Il y a aussi et surtout une poésie omniprésente dans le déroulé des intrigues principales, et déjà pour l'époque de sacrés retournements de situation que personne n'aurait pu prédire !


J'ai désormais hâte de deux choses : voir une adaptation cinématographique de ce roman (je n'ai que l'embarras du choix apparemment), et lire les suivants avec gourmandise et délectation, prêt que je suis à passer par tous les états émotionnels que l'on me suggérera !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 4 mars 2025

Wonder Woman Infinite tome 2 - A travers le miroir (Urban Comics - Mai 2022)


Elle avait sacrifié sa propre vie pour emporter le mal incarné dans le néant éternel, sauvant ainsi par son geste héroïque l'ensemble des univers. Elle a ensuite parcouru les mondes au-delà, découvrant d'autres cultures de l'après-vie et faisant des rencontres véritablement magiques, et elle a même pu s'entretenir avec ses propres dieux qui lui ont offert une place de choix parmi leur panthéon immortel.


Mais Diana, princesse des Amazones, n'est pas du genre à se reposer pour si peu. Sa propre mort ne l'a pas empêché de continuer à œuvrer pour le Bien et la Vérité, même dans l'au-delà, et ainsi elle fait le choix de revenir parmi les simples mortels pour poursuivre la défense des plus faibles, des opprimés et de toutes les personnes et créatures qui se sentent menacées par les dérives des plus forts qu'elles.


Oui, à la surprise générale mais au grand bonheur de toutes et tous, Wonder Woman est de retour, en chair et en os, et elle reprend son rôle de protectrice pour le monde tout entier sans même profiter véritablement d'un seul jour de repos pourtant bien mérité. Et à peine l'humanité se remet-elle à espérer en sa présence que les esprits les plus vils se remettent à comploter contre elle...


Le Dr. Cizko par exemple semble ourdir dans l'ombre un complot visant à dénaturer l'héritage de Wonder Woman, et propage par ses écrits une idéologie masculiniste toxique au possible qui malheureusement séduit un large public. Une toute nouvelle société s'organise autour de lui, de son influence néfaste, et leur ordre du jour est on ne peut plus clair : abattre Wonder Woman, pour de bon cette fois !


En parallèle, le maître du monde-miroir débarque sur le plan mortel pour asséner à Diana de douloureuses vérités, comme par exemple le fait qu'elle ne se sente pas totalement elle-même ni parfaitement entière depuis sa résurrection, comme si une part de sa personne lui échappait encore sans qu'elle puisse l'identifier. Des doubles-miroirs de Diana se mettent à attaquer tous les endroits qu'elle fréquente, partout où elle se rend, dans le seul but de la provoquer et de l'attirer jusqu'au traquenard fomenté par le souverain des reflets. Mais de cette épreuve, à nouveau, elle sortira victorieuse, bien qu'en proie à un certain doute.


Si seulement c'étaient là les seuls tourments que devait endurer Diana depuis son retour à la vie, ce serait presque idyllique. Mais hélas, les Amazones ne paraissent plus aussi soudées qu'avant et un conflit se prépare sur l'Île du Paradis, conflit alimenté par un peuple encore plus ancien que les Amazones et qui prospérait sur Themyscira avant que les dieux de l'Olympe ne les en chassent pour les remplacer par leurs fidèles. Une vérité encore une fois difficile à encaisser et à admettre pour celle qui s'en fait la championne, et des révélations sur lesquelles elle devra mener sa propre enquête pour tâcher de découvrir ce que préparent les mystérieux Enki...


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Enfin, nous y sommes ! Il suffisait d'un petit effort de concentration pour franchir le premier tome qui était plutôt assez complexe à digérer, et nous revoilà enfin face à la Wonder Woman que l'on aime tant et dont on attendait toutes et tous le grand retour sans vraiment oser espérer que ce soit si tôt !


Au scénario Becky Cloonan et Michael W. Conrad nous régalent avec cette résurrection enfin vécue pleine et entière, le retour de la dernière membre de la Trinité DC qui n'avait pas encore connu la mort. Force est toutefois de constater que ce retour est plutôt rapide et que l'on ne s'y attarde par vraiment outre-mesure, en tout cas pas en longueur, alors que Superman avait pour sa part bénéficié de toute une saga relatant sa propre expérience en la matière.


Mais c'est à l'image de cette nouvelle vision de Diana, elle ne s'attarde pas sur ses propres émotions et ses doutes et se concentre davantage sur la meilleure façon de se rendre utile sitôt revenue d'entre les morts, ce qui lui vaut une fois encore l'admiration de la plupart des gens... et la jalousie maladive des autres.


Il risque aussi d'y avoir prochainement une autre sorte de confrontation autour de la princesse des Amazones : celle pour obtenir son cœur ! Car si Steve Trevor semblait avoir réussi à presque tourner la page après la perte de cette relation, Diana dans l'au-delà a fait la rencontre du terriblement attirant Siegfried et grâce aux manigances du Dr. Cizko le voilà lui aussi ramené parmi les vivants. Il faudra choisir...


Wonder Woman n'a jamais vraiment été, à mon sens et à l'aune de ma pauvre expérience personnelle, une série réputée pour sa grande originalité, mais plutôt pour les valeurs sûres et universelles qu'elle défend et met en lumière de façon admirable. Cette version DC Infinite doit relever le défi après le sacrifice plus qu'honorable de son héroïne précédemment, et pour le moment... je suis assez confiant et plutôt soulagé aussi que l'arc de l'au-delà soit bel et bien derrière nous. Retour à du concret et à un terrain connu, avec toujours bien sûr quelques petites surprises ici et là pour que la nouvelle génération puisse s'y retrouver également, et c'est tant mieux !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 3 mars 2025

Fantastic Four tome 7 - Le portail omniversel (Panini Comics - Novembre 2021)


Un être à la puissance terrifiante débarque soudain sur Terre pour s'emparer d'un mystérieux objet dissimulé dans un coffre à dispositif de furtivité. Plusieurs endroits de la planète ont déjà été explorés par cette créature, guidée par un non moins mystérieux Timonier. Ne restent apparemment que deux coffres sur sa route, et le premier est à l'ambassade de Latvérie à New York, où Sue va devoir s'infiltrer pour tenter d'identifier l'objet détenu par Fatalis. Mais le souverain de Latvérie est sur place lui aussi et fait exploser son coffre avant que le contenu n'en soit révélé. La créature repart donc pour son prochain arrêt : le Baxter Building !


En effet, Reed possède lui aussi un coffre de ce genre dans lequel il a enfermé et scellé une expérience avortée bien des années auparavant. Une expérience qui ne demande qu'à être relâchée... et c'est ce qui va se produire quand la créature s'en emparera. Mais ce n'est apparemment toujours pas ce qu'elle et son Timonier recherchent, donc le terrifiant combattant quitte à nouveau les lieux pour une destination inconnue.


En lieu et place du Baxter Building, c'est une toute nouvelle source d'énergie qui explose littéralement dans toutes les directions et s'étend de plus en plus, consumant tout sur son passage. Il s'agit de l'énergie zéro, à la base-même de toute la création de l'univers. Fatalis et Reed tentent de l'endiguer et de la comprendre en un temps record, mais c'est finalement Valeria qui permettra de résoudre la situation en y ajoutant une invention de son cru. La source d'énergie devient ainsi jugulée par un cadran qui la transforme en un portail ouvert sur toutes les réalités, toutes les temporalités : le premier Portail Omniversel.


En théorie, grâce à lui on peut désormais accéder à n'importe quel point de n'importe quelle ligne temporelle ou réalité alternative, si et seulement si on sait s'en servir pour piloter l'ouverture du portail dans les deux directions. Ce que Valeria va s'empresser de faire, non sans une petite déception de cœur à la clé pour la jeune exploratrice de l'impossible. Quant à Franklin, il veut utiliser le portail pour se rendre sur Krakoa, dont l'accès ne lui est plus possible depuis qu'il a usé tout le reste de ses immenses pouvoirs face à la créature du Timonier plus tôt.


Désespéré à l'idée de ne plus être un mutant, de ne l'avoir jamais été vraiment selon le Professeur Xavier en personne, Franklin ne sait plus à qui se confier ni à qui être utile, et se sent comme le poids mort de la famille et de l'équipe. Mais soudain, le portail s'active et crache un flot ininterrompu de réfugiés de différents univers, venant chercher protection et secours sur Terre auprès de leur dieu créateur à tous : Franklin lui-même !


C'est alors qu'arrive la véritable menace. L'Élégie au terme de toutes choses, la fin incarnée de tous les univers, un concept abstrait personnifié et qui suit à la trace les Quatre Fantastiques depuis leur voyage dans le multivers pour tenter de le recréer entièrement. Son but à elle est simple, tout détruire sur son passage, et Franklin en créateur omnipotent était jusque-là son pire ennemi, mais à présent qu'il a perdu tous ses pouvoirs, il n'est plus qu'un humain perdu et impuissant. Mais fils des plus grands héros de ce monde, qui feront tout pour lui offrir une chance face à l'Élégie !


Reed prépare tout de même un plan B et demande au Surfeur d'Argent de venir en urgence sur Terre avec l'Annihilateur Ultime, cette arme antique gardée par nul autre que Galactus en personne. Une fois tout le monde réuni pour faire face à l'Élégie, il s'avère que seul Franklin peut avoir une chance d'utiliser l'artefact contre elle en raison de son imagination illimitée qui lui permet de comprendre la trame de l'univers de façon instinctive. L'Élégie recule et accepte même un marché de la dernière chance quand Reed lui propose de lui ouvrir un passage vers la fin programmée de l'univers, en aller-simple, via le portail omniversel. Le combat est fini, et l'heure des réparations s'impose tandis que le Surfeur va conduire les milliers de réfugiés sur un nouveau monde à même de les accueillir.


Mais quand une catastrophe est réglée, une autre se profile presque aussitôt à l'horizon ! C'est le moment de la grande invasion des dragons-symbiotes du dieu Knull sur Terre, et les Quatre Fantastiques seront mis à contribution au cœur de la résistance pour tenter de vaincre ce redoutable ennemi de tout ce qui vit. Mais la possession par des symbiotes de certains des membres de la famille va révéler des failles complexes dans la confiance qu'ils s'accordent les uns aux autres, et les petits secrets bien enfouis dans les inconscients vont remonter à la surface, exacerbant les conflits.


Toutefois, rien n'est véritablement impossible pour les Richards, et après cette guerre-éclair le pardon est vite accordé à chacun des membres de cette belle et grande famille. Le pardon, oui... mais pas l'oubli.


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Ce septième tome de la série Fantastic Four version Dan Slott était tout de même un gros morceau à digérer malgré son nombre de pages totalement normal, ce qui est là aussi assez normal en fait quand on parle d'une série centrée sur des personnages repoussant sans cesse les limites de l'impensable et de l'impossible.


La science-fiction super-héroïque est un thème que les Fantastiques maîtrisent sur le bout des doigts, et quand quelque chose de nouveau se présente ils ne mettent jamais bien longtemps à en comprendre les rouages essentiels pour ensuite tirer tout le monde du mauvais pas et vers le haut. Mais s'il y a bien une chose qui fait cruellement défaut en temps de crise dans une famille aussi exceptionnelle, c'est la confiance mutuelle. Certains de leurs plus grands adversaires le savent et l'ont déjà expérimenté, et on ignore toujours ce que le Docteur Fatalis va préparer pour son prochain grand coup d'éclat.


Dan Slott nous prouve en tout cas qu'il sait toujours aussi bien ciseler les dialogues entre tous les personnages qu'il doit gérer, et que ses intrigues même les plus abracadabrantes tiennent malgré tout debout d'elles-mêmes sans vrai problème au final, juste que c'est parfois un peu trop dense pour un lectorat lambda qui préférera dès lors des séries plus orientées action et moins réflexion. Il en faut pour tout le monde !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 2 mars 2025

X-Men - L'intégrale 1987 tome 1 (Panini Comics - Décembre 2021)


Les Maraudeurs ont porté un coup terrible aux mutants héroïques du Professeur Xavier, en assassinant froidement et massivement les Morlocks dans les tunnels de New York. Quelques uns seulement ont survécu et sont trop grièvement blessés pour retourner dans les souterrains, les X-Men doivent donc leur trouver un endroit sûr où ils pourront être soignés correctement. L'île de Muir, en Écosse, leur semble la meilleure solution et un transport est donc aussitôt affrété pour le laboratoire de Moira McTaggert.


Mais les infâmes assassins n'en ont pas terminé pour autant avec les X-Men, et ils se plaisent d'ailleurs à le leur rappeler à maintes occasions en les attaquant par surprise jusque dans les lieux où les héros se sentaient jusque-là le plus en sécurité. L'institut Xavier fera ainsi les frais d'une attaque sournoise de Dents-de-Sabre, tandis qu'une autre partie de l'équipe sera aux prises avec la redoutable Malice capable de prendre possession des corps de ses victimes, retournant ainsi les pouvoirs des coéquipiers contre eux-mêmes et brisant les liens de confiance.


Si Tornade n'a toujours pas récupéré l'usage de ses pouvoirs, elle demeure néanmoins la cheffe d'équipe des X-Men et saura les tirer de ces mauvais pas en raisonnant non pas en proie mais en prédateur, un plan qui trouvera un écho chez Wolverine notamment pour qui la chasse est bel et bien lancée !


Une nouvelle équipe voit aussi le jour après ces quelques échauffourées, une équipe entièrement féminine composée par Malicia, Psylocke et Dazzler, épaulées par le jeune Longshot lui aussi tout récent. Dazzler a en effet décidé de rejoindre les rangs des X-Men pour tenter de maîtriser son pouvoir mais surtout sa destinée, sa carrière musicale partant à vau-l'eau depuis quelques temps. Quant à Psylocke, il s'agit de la sœur jumelle du Captain Britain en titre, Betsy Braddock, et elle dispose d'importants pouvoirs télépathiques qui la rendent capable de remplacer sur le terrain des gros calibres comme Jean Grey par exemple. Du moins pendant un temps, car elle non plus ne se maîtrise pas encore totalement et recherche donc la cohésion et l'enseignement des anciens élèves de Charles Xavier pour mieux se connaître elle-même.


Toutefois, les Maraudeurs ne vont pas s'en prendre qu'aux seuls X-Men pour les avoir empêché de tuer tous les Morlocks : leurs proches seront également des cibles de choix, comme Havok et Polaris par exemple qui ne verront même pas le coup venir. Tandis qu'Alex se rend à Westchester pour retrouver le reste de l'équipe, Lorna se retrouvera possédée par Malice, ses pouvoirs servant désormais la cause néfaste de celui que ses sbires appellent avec crainte Monsieur Sinistre...


La cohésion et l'esprit d'équipe, deux valeurs cardinales chez les X-Men et qui seront une fois de plus mises à l'épreuve par un nouvel arrivant, un certain Horde, apparemment doté du pouvoir de plier la réalité à ses moindres désirs. Pourtant, il charge les X-Men de pénétrer pour lui dans un palais onirique et d'y dérober un cristal unique en son genre que lui-même ne peut se résoudre à approcher tant les pièges sont nombreux et pervers. Chacun verra ainsi ses désirs les plus profonds exaucés de bien des façons, mais rien ne sera jamais vraiment comparable à la vie du groupe dans son ensemble et ils finiront par triompher à la fois du cristal et de Horde, en grande partie grâce à l'esprit chevaleresque de Wolverine d'ailleurs.


Enfin, c'est un tout autre défi qui attend les mutants. Kitty Pryde, alias Shadowcat, fait elle aussi partie des victimes collatérales de la tuerie de masse des Maraudeurs, et son corps commence à se dissoudre dans l'air ambiant à une vitesse alarmante. Si rien n'est fait, ce pourrait bien être la fin de cette toute jeune recrue déjà si expérimentée et attachante pour toutes et tous. Magneto se résout donc à demander de l'aide à la seule personne assez intelligente pour soigner ce mal incroyable, Reed Richards, le leader des célèbres Quatre Fantastiques !


Mais les Fantastiques traversent justement une crise interne toute personnelle et l'équipe part en vrille de tous côtés, par la faute des anciens écrits intimes de Reed justement et de sa possible totale culpabilité dans l'accident qui leur a conféré leurs pouvoirs mais les a aussi condamné à une vie différente de tout ce que l'on pourrait imaginer. Reed lui-même en vient à douter profondément de ses qualités de meneur et d'ami, ainsi et surtout que de son propre intellect devenu si froid et distant. Rongé par ses doutes, Richards refuse donc d'œuvrer sur le cas de Shadowcat, pensant faire plus de mal que de bien.


C'est alors qu'un nouvel arrivant dans cette affaire se manifeste, nul autre que le terrible Docteur Fatalis, qui propose son aide aux X-Men gratuitement, sans autre contrepartie que de reconnaître sa supériorité intellectuelle sur son ennemi et rival de toujours. L'équipe est divisée comme peu souvent autour de cette question : faut-il accepter l'aide de Fatalis, pratiquement le Diable incarné pour certains, au prix de l'âme du groupe si jamais un jour le tyran venait à leur réclamer cette dette ? Ou bien, pour préserver apparences et orgueils, vaut-il mieux laisser Kitty disparaître à tout jamais ?


Après quelques combats entre les X-Men et les Quatre Fantastiques, la décision est finalement prise de confier le sort de Kitty à Fatalis, qu'importent ses réelles motivations. En l'absence de toute volonté chez Richards, seul le souverain de Latvérie peut la sauver en reprenant les calculs et appareils de Reed et en les améliorant à sa façon. Mais même ainsi, l'opération demeure très risquée et les chances de réussites sont faibles.


C'est Susan qui finira par découvrir toute la vérité : le journal qui faisait tant douter son mari n'est qu'un faux, rédigé par Fatalis lui-même à l'époque où lui et Reed se fréquentaient à l'université et échangeaient sur tous les sujets scientifiques à leur portée en vrais partenaires, jusqu'à l'accident tant décrié qui coûta son visage à Victor et blessa aussi cruellement sa fierté. Ce faux journal intime était donc un piège laissé là par l'ennemi le plus intime des Fantastiques, le plus à-même de les briser ainsi que leur confiance en eux, piège qui hasard du calendrier s'est déclenché au moment où les X-Men auraient eu le plus besoin de l'aide de Richards.


Acceptant de garder ce secret pour elle mais révélant la vérité à Fatalis lui-même pour le menacer directement si jamais il s'en prenait à nouveau à sa famille, Sue va devoir laisser son mari reprendre confiance en lui tout seul pour surmonter cette difficile épreuve morale. Et contre toute attente, c'est l'innocence d'un petit garçon, Franklin Richards, qui fera plier la volonté de fer de Fatalis et le poussera à coopérer avec Reed comme au bon vieux temps, dans le but de sauver une vie, même mutante.


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Le fin mot de tout ceci, c'est qu'en cette première moitié de l'année 1987 deux équipes majeures de chez Marvel connaîtront plus que leur lot de doutes internes et de remises en question parfois assez drastiques, sous la plume de Chris Claremont et les dessins de Jon Bogdanove et d'un tout jeune Marc Silvestri aussi. Épaulés par les vétérans que son déjà Alan Davis et Barry Windsor-Smith, les artistes livrent une prestation sans failles que j'aurais apprécié un poil plus sans les habituelles erreurs typographiques de Panini dans la transcription en Français des textes de ces quelques chapitres. Encore une fois, une relecture aurait pu résoudre ce problème rapidement, mais bon ça coûte peut-être trop cher, je ne suis pas éditeur moi-même donc je veux bien leur accorder, une fois de plus, le bénéfice du doute.


Pour le reste, et en arrêtant de chipoter, on se trouve ici devant une année 1987 servant ouvertement d'intervalle entre deux grands événements, l'un passé (le massacre des Morlocks par les Maraudeurs) et l'autre encore à venir (la chute des mutants). Les récits de cette première moitié d'année sont donc principalement concentrés sur les conséquences directes et sur du plus ou moins long terme des actions des Maraudeurs et de leur campagne de harcèlement vis à vis des X-Men et de leurs alliés. Nul doute n'est cependant permis, les héros reprendront le dessus à un moment qui reste encore à définir mais qui risque d'arriver tout prochainement, le temps pour eux de relever la tête hors de toutes ces épreuves.


Et pour cela, quoi de mieux que le miracle de la ''résurrection'' de Kitty Pryde, aimée de toutes et tous et enfin ramenée parmi les siens après un processus assez lent de guérison ? Claremont nous présente les tourments intimes de Reed Richards d'une façon que nous commençons à bien identifier et à bien connaître maintenant, très psychologique, et la délivrance viendra à la fois d'une reprise de confiance et de l'intervention salvatrice d'une femme d'honneur et mère dévouée que rien ne fera reculer pour protéger les siens. On retrouve ainsi cette dynamique de femme forte et pratiquement indépendante si chère déjà à l'époque pour l'auteur et qui sera ré-exploitée bien plus tard dans la série X-Trême X-Men.


Et Fatalis dans tout ça me direz-vous ? Égal à lui-même, comme toujours, et il est fortement à redouter qu'il exigera paiement de la dette mutante envers lui un beau jour... mais pour le moment, je préfère garder dans mon esprit ce moment parfait où Franklin le fait plier par ses larmes et sa touchante innocence infantile. Comme quoi, même le cœur le plus endurci et le plus desséché peut encore entendre la voix de la raison quand c'est nécessaire... ou bien n'était-ce qu'un calcul de plus dans l'esprit perfide de celui qui ne rêve que d'anéantir corps et âme son plus grand rival en ce monde ? J'y trouve personnellement un peu des enseignements dispensés par Dickens en son temps. Et s'il y a bien une chose qui est et restera, c'est que les X-Men sont intemporels !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !