Journaliste de guerre victime d'une prise d'otages et d'un sévère syndrome post-traumatique, Alexandra Underwood mène maintenant une nouvelle vie à New York, au sein du service de protection des témoins, où elle tente de faire de son mieux pour gérer les cauchemars de son passé en même temps que les horreurs du quotidien auxquelles elle est régulièrement confrontée.
Lors d'une enquête en particulier, Alex croise la route d'un flic corrompu qui bat sa femme. En cherchant à protéger cette dernière, Alex se fait tirer dessus et est laissée pour morte dans une ruelle enneigée, jusqu'à ce qu'un étrange objet ne la trouve plus morte que vive et ne se lie à elle à jamais. Ramenée à la vie comme par miracle et sans la moindre blessure physique, Alex pense qu'elle a simplement eu de la chance et elle veut continuer son enquête coûte que coûte, mais elle fait alors la rencontre d'un homme mystérieux nommé Ash qui commence à lui parler de choses étranges et anciennes...
Refusant de l'écouter de prime abord, la jeune femme se retrouve de nouveau sur la route de son meurtrier et cette fois-ci l'objet qu'elle porte au poignet la sauve en tuant le ripou sur place. Mais elle est à présent la première suspecte dans une affaire de meurtre concernant un policier, et les Affaires Internes sont sur son dos et refusent de lâcher prise tant qu'elle n'aura pas avoué sa culpabilité ou expliqué sa présence sur les lieux du crime de façon satisfaisante.
De plus, Alex commence à faire le rapprochement entre le flic qu'elle a tué et un réseau de trafiquants d'êtres humains qui s'étend apparemment dans toute la ville, et dont chaque membre important porte sur lui une étrange marque cabalistique. En cherchant à en apprendre davantage, Alex est attaquée par une entité démoniaque et ne doit son salut qu'à l'intervention d'Ash, qui tente alors de lui faire comprendre ce dont elle a hérité et quelle est désormais sa place dans l'ordre des choses.
Plus facile à dire qu'à faire, et Alex pense encore que toute cette histoire est soit un cauchemar très costaud soit une crise de folie de sa part, mais bien vite elle devra se rendre à l'évidence : elle est l'hôte d'un pouvoir mystique très ancien qui peut aussi bien la tuer que l'aider à combattre le mal, ce même mal qu'elle affrontait déjà dans sa carrière normale sous d'autres aspects. Quand les démons reviennent frapper à sa porte et se mettent à menacer ses proches, à défaut de pouvoir lui faire véritablement peur à elle-même, Alex décide que c'en est trop et qu'elle doit contre-attaquer.
Avec l'aide de deux de ses plus proches alliés et les conseils certes incomplets mais toujours avisés de son mystérieux protecteur, Alex Underwood devient rapidement ce qu'on lui reprochait d'être : une justicière lancée aux trousses de personnes vraiment mauvaises et déterminée à sauver leurs victimes où qu'elles soient avant qu'il ne soit trop tard pour elles. Et grâce au Witchblade, cet Artefact qui lui a déjà sauvé la vie à deux reprises, elle peut maintenant combattre le mal à armes égales sur son propre terrain !
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Ceci est le premier tome de la seconde série Witchblade, datée de la seconde moitié des années 2010 et reprenant le concept de la précédente, où l'on suivait durant 185 numéros les aventures surnaturelles de la détective Sara Pezzini, détentrice du fameux Witchblade qui lui permettait de combattre et d'équilibrer les forces primales des Ténèbres et de la Lumière.
Ici, tout semble familier dans un premier temps : une héroïne qui fait le bien autour d'elle malgré ses propres traumas à dépasser au quotidien, qui se retrouve dans une sale situation dont elle ne sortira vivante que de justesse, et armée dès lors du gantelet magique qui lui conférera d'immenses pouvoirs qu'elle aura bien du mal à appréhender.
Mais là où Sara était policière et dans le feu de l'action en permanence, Alex est celle qui passe derrière, celle qui doit gérer les témoins, les familles endeuillées et les traumas des autres en plus des siens. Ce qui la rend peut-être plus humaine et moins parfaite ''Action-Girl'' que Sara si on y pense, tout en présentant un caractère relativement familier au lectorat avec cet entêtement revêche et ce côté fonce-dans-le-mur qui semblent bien être les marques de fabrique des hôtes du Witchblade.
Au scénario nous avons, chose nouvelle et assez importante pour le souligner, une femme ! Caitlin Kittredge nous livre sa propre version du comics mythique des années '90, dans une formule résolument plus actuelle et surtout moins tape-à-l’œil. Les dessins de Roberta Ingranata et les couleurs de Bryan Valenza nous transportent dans une New York faite d'ombres menaçantes au milieu de structures très communes, rien de fantastique dans l'architecture civile non, ici le Mal avec un grand M se cache dans les allées et les ruelles, dans les regards en coin, dans les petits détails qui échappent bien souvent au commun des mortels.
C'est une nouvelle formule, plutôt insidieuse si je puis m'exprimer ainsi... et honnêtement j'aurais normalement du détester cette lecture. Il faut dire que j'avais entendu le plus grand mal possible de cette nouvelle série portant le titre culte Witchblade, comme d'un genre de trahison du matériau d'origine et de dévoiement de l'esprit de la première série, y compris dans son style graphique maintes fois imité mais jamais vraiment égalé.
Et pour le coup, je suis content d'avoir été en tort parce que sinon je serai passé à côté d'une histoire de qualité, une enquête en-dehors des sentiers battus, toujours dans le thème du surnaturel mêlé à la vie quotidienne mais avec une petite dose d'humanité, de proximité avec le lecteur, que n'avait peut-être pas au départ Sara Pezzini et qui lui faisait défaut je trouve quand j'y réfléchis maintenant.
Certes, avec le recul on peut se dire qu'il est bien plus facile de créer quelque chose de meilleur et de relativement inédit en partant d'un concept déjà existant et en le poussant dans d'autres directions, mais je trouve surtout que ce que Caitlin Kittredge réussit à accomplir avec ce premier tome (contenant donc les six premiers chapitres de cette nouvelle série) est un véritable tour de force puisqu'elle parvient à déjouer les déceptions et à magnifier son héroïne en la rendant absolument abordable et compréhensible par tout le monde, pour peu que l'on ait soi-même déjà été blessé un jour psychologiquement parlant.
J'aurais presque préféré ne pas tant accrocher, pouvoir me dire que la première série était la seule qui compte vraiment et que cette nouvelle incarnation ne valait pas grand chose... mais ce serait me mentir et vous mentir également au passage. La vérité, ma vérité, c'est que Witchblade seconde du nom est un titre de qualité qui tranche agréablement avec tout ce dont on avait alors l'habitude sur ce genre de production, et que les équipes de Top Cow ont au moins eu bien du mérite à tester cette nouvelle formule durant un temps.
J'ai hâte évidemment de lire la troisième série, déjà en cours de parution en V.O. à l'heure actuelle, et qui se présente comme un véritable retour aux sources avec notamment la reprise de Sara comme personnage central. Mais, quelque part, je suis content de pouvoir faire ce petit détour vers un autre genre de narration, un autre genre d'héroïne, et une horreur moins excentrique et plus intimiste. C'était à essayer, et pour ce premier tome en tout cas c'est plutôt réussi malgré quelques petits défauts de conception ici et là que l'on pardonnera assez facilement. La série ne compte que trois tomes en tout, patientez donc encore quelques semaines voir quelques mois le temps que je les lise tous et ensuite on parlera de la série actuelle si elle vous intéresse aussi !