Trahi, abandonné une fois de plus avec ses seuls espoirs brisés à tout jamais, Cellendhyll tourne en rond dans la forteresse du Chaos, au sein de laquelle il se sent comme une bête prise au piège. Depuis la fuite d'Estrée et l'aveu de sa duplicité à son égard, l'Adhan ne sait plus comment vivre cette nouvelle réalité qui n'est plus celle qu'il souhaitait de tout cœur. Remettant tout en question, y compris son propre serment envers le Chaos et la maison d'Eodh, Cellendhyll se retrouve embarqué dans une sombre histoire de vengeance de la part d'une maison rivale, et malgré ses tentatives d'explications son propre maître ne lui laisse pas l'occasion de se défendre, et se défoule sur lui pour lui donner une leçon.
C'en est trop cette fois-ci, ivre de rage et de frustration trop longtemps contenue Cellendhyll brise son allégeance et fuit la forteresse ainsi que le Plan-Maître du Chaos, pour se réfugier sur le Plan Primaire dans la Cité des Nuages, capitale de l'empire de Lumière. Là, il sera contacté par la délicieuse Constance de Winter, qui lui transmet à nouveau les amitiés de l'empereur Priam et son invitation renouvelée à se rendre dans son palais, sur le Plan de la Lumière, Tygarde. Jusqu'ici Cellendhyll avait toujours repoussé cette échéance, mais à présent qu'il se sent libre comme l'air, plus rien ne l'empêche de répondre à cette invitation et d'accompagner Constance jusque dans la demeure de son seigneur et maître. A une seule condition toutefois : que personne n'exige de lui le moindre serment.
Mais très vite, alors que l'hospitalité de Priam ne fait aucun doute tant ses largesses sont généreuses, le reste de la cour impériale entrevoit l'arrivée de ce nouveau venu au passé trouble comme une occasion de se livrer à quelques petits jeux à ses dépends. Malheureusement pour eux, Cellendhyll est déjà rompu aux arts néfastes des courtisans de tout poils, grâce à ses nombreuses années de service au sein du Chaos et de ses festivités insolentes. L'Adhan se sortira de chacune des situations problématiques dans lesquelles on cherchera à le plonger, la tête haute qui plus est, et gagnera derechef l'estime de Priam comme de Constance, ainsi que celle des membres commandos du Nodus.
Cependant, même sur le Plan-Maître de la Lumière, le Mal est tapi dans les ombres lointaines du Nord et attend son heure, frappant les innocents avec une ferveur et une sauvagerie sans pareilles. Alors que les militaires présents dans la garnison locale accusent sans sourciller les populations Pictes de crimes odieux contre des familles entières de colons, Priam reçoit une lettre anonyme lui dévoilant toute l'horreur de la situation et demandant son aide au plus vite. L'empereur enverra Constance de Winter pour mener l'enquête, mais refuse d'intervenir lui-même dans les démarches entreprises par les militaires sur place pour châtier les Pictes. En revanche, il invite Cellendhyll à accompagner Constance et à tenir son entourage à l’œil, suspectant peut-être une trahison depuis l'intérieur.
Dans les terres lointaines et enneigées du Nord, les forêts de sapins et les lacs de montagne sont hantés par une rumeur persistante, une créature impie qui ferait sa proie des colons comme des Pictes et monterait les deux camps l'un contre l'autre dans un but encore inconnu. Les terribles tortures perpétrées sur les corps des suppliciés font frémir même les professionnels aguerris, et les sombres runes de sang retrouvées sur les lieux des crimes ne rappellent aucune sorte de magie connue, même Ténébreuse ou démoniaque. Quelque chose rôde dans la forêt étrangement silencieuse, quelque chose dont émane une très sombre énergie malsaine que Cellendhyll ressent jusque dans ses os. Un Mal bien plus pernicieux que tout ce qu'il a pu affronter jusqu'à présent est à l’œuvre, et il va falloir en débusquer les adorateurs au plus vite avant qu'un véritable carnage ne soit lancé sur les Pictes innocents, ou avant que ceux-ci ne se fassent vengeance en lançant un raid meurtrier sur la garnison militaire.
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Ce sixième tome de la saga de fantasy à la française L'Agent des Ombres, de Michel Robert toujours, est en fait le premier du second cycle majeur de la série. Adieu le Chaos, Morion, Estrée et leur père, et bonjour à la liberté enfin retrouvée pour Cellendhyll de Cortavar, malgré évidemment la traque impitoyable dont il est l'objet pour tenter de le remettre dans le droit chemin.
On retrouvera avec grand plaisir des personnages secondaires présents depuis le début de la série, comme les voleurs de la Cité des Nuages nouvellement reconvertis grâce à la générosité de Cellendhyll, et d'autres plus récemment introduits tels Constance de Winter, l'affolante Phoenix de la Lumière dont les vues sur Cellendhyll ne sont un secret pour personne. Quant à l'autre personnage majeur, l'empereur Priam en personne, c'est un sacré numéro dont Cellendhyll ne parvient pas à décider s'il l'apprécie franchement ou s'il doit s'en méfier doublement.
Les ingrédients à succès de cette série sont bien présents eux aussi : la bonne gastronomie, les combats techniques et les scènes de sexe généreusement décrites. Michel Robert y ajoute cette fois-ci une intrigue digne d'un film d'horreur, ou d'un thriller de la trempe de Se7en par exemple, donnant ainsi un résultat très prometteur pour la suite !
Car gardez bien à l'esprit qu'il ne s'agit ici que d'une longue introduction à ce qui va advenir dans les tomes suivants, même si l'enquête principale est bel et bien résolue à la fin du volume présent. De nouveaux ennemis font leur apparition, tandis que de plus anciens continuent de comploter la perte de Cellendhyll et que ses alliés de circonstances ne sont peut-être pas tous dignes de sa confiance...
Le final est assez magistral, le dernier chapitre se terminant sur un rebondissement cinglant qui ne manquera pas de générer de nombreux problèmes par la suite, et qui invite évidemment à se procurer ladite suite au plus vite pour combler la curiosité maladive qui s'installe ! En résumé donc, une excellente suite au premier cycle et un excellent début pour le second, une transition qui nous prend par la main pour nous lâcher ensuite au beau milieu d'une bataille sans merci, dont bien peu ressortiront indemnes.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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