Peter est brisé, complètement à terre moralement parlant. L'épreuve de Cyra l'a totalement anéanti, ainsi que tout esprit d'héroïsme en lui. Il a remporté le défi, certes, mais quelque part en chemin il a perdu tout goût pour ce qu'il faisait, pour ce qu'il défendait jusque-là. Ne reste qu'une intense, une sourde dépression qui le dévore de l'intérieur et le pousse à négliger absolument tous ses engagements, car au final rien ne compte vraiment dans le grand jeu de la Vie et de la Mort.
En effet, si toutes les personnes qu'il connaît, et toutes les autres dont il ignore tout, sont vouées dès le départ à mourir quelles que soient ses interventions, quels que soient ses actes de bravoure... alors à quoi bon ? Le nihilisme profond de Peter ne semble plus connaître aucune limite, et il ne semble plus rester non plus la moindre once de ce qui fut Spider-Man en lui. Cyra elle-même en est heurtée au plus profond d'elle-même, elle qui jusqu'à présent ne connaissait de l'humanité que le détachement clinique et froid du Docteur Strange durant leurs affrontements. Peter lui apparaît comme un puits sans fond de désespoir et de tristesse, et elle sait qu'elle en est la cause. Et cela la bouleverse, tout en la poussant à s'interroger et à demander à Strange davantage de renseignements sur son espèce et les sentiments qu'elle peut connaître.
Pendant ce temps, le jumeau de Cyra, Callix, défie ouvertement l'autorité de leur père le divin Cyttorak et se rend jusqu'à la frontière du pouvoir des dieux, là où nul n'ose aller sans la permission de l'Écarlate. Callix veut prouver à toute sa fratrie et à leur père qu'il est plus que digne de relever le niveau et de prendre sa revanche sur l'humanité, qui selon lui ne mérite pas les faveurs que lui accorde Cyttorak dans le cadre de l'accord passé avec Strange autrefois. Il est loin de se douter qu'en rentrant de sa petite excursion, il va ramener avec lui quelque chose qui n'aurait jamais du pénétrer notre réalité...
Au comble du malheur, Peter cherche des réponses à des questions qu'il ne veut même plus se poser, et il se rend auprès de la seule personne qui puisse éventuellement le comprendre et le guider dans sa nouvelle vie faite de lamentations et de peines. La Chatte Noire accepte le défi et entreprend alors de lui faire prendre conscience de la valeur de la Vie sous toutes ses formes, en commençant par s'accepter soi-même avec ses propres failles. La thérapie sera peut-être lente, mais elle pourrait bien redonner à notre héros ce qui faisait de lui... un héros, justement.
Et tandis que le nouveau défi approche et que le prochain descendant de Cyttorak arrive sur Terre pour affronter le champion, ne trouvant personne en face de lui, les X-Men menés par le Fléau acceptent de relever le gant et de défendre la Terre à la place de Spider-Man !
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Le voilà enfin. C'est ce numéro, en raison de sa magnifique couverture par Mark Bagley (qui d'autre pour magnifier à ce point ces deux personnages entrelacés ?) qui m'a convaincu de lire cet arc en V.O. plutôt que d'attendre sa parution en album en version française d'ici quelques mois... voire années.
Je ne pouvais, tout simplement, pas résister à l'appel de la curiosité en voyant que Peter allait trouver refuge et réconfort dans les bras de la Chatte Noire, Felicia Hardy, peut-être son crush le plus sous-estimé par les fans et les auteurs depuis son apparition il y a de cela bien des années maintenant. Elle a beaucoup évolué elle aussi, elle est passée par pas mal de situations merdiques, mais elle est toujours là et elle a toujours su relever la tête, dans les bonnes comme dans les mauvaises conditions. Peut-être qu'elle est, après tout, la meilleure personne qui soit pour rendre à Spider-Man cette énergie combative qu'on lui connaissait si bien...
Mais est-ce pour autant le début d'une nouvelle romance, d'une nouvelle chance entre les deux amants d'antan ? Je ne peux que noter la récurrence avec laquelle le personnage de la Chatte Noire apparaît sur les couvertures des single-issues depuis quelques temps, sans pour autant être partie prenante de l'histoire contenue à l'intérieur de ces quelques pages. Un retour de flammes, un retour en grâce aussi peut-être... mais quid de l'absence de Mary Jane ??
Je suis bien conscient qu'il y a beaucoup d'autres enjeux et thématiques à traiter et à analyser dans cet épisode, qui n'est pas signé Joe Kelly d'ailleurs, faisant la part belle à l'introspection et nous offrant la vision d'un Peter pour qui la Vie ne signifie plus rien. C'est juste que, la simple idée que la clé de ce problème soit entre les mains de la Chatte Noire, ça me fascine. J'espère avoir vu juste et que Felicia saura ramener notre héros au grand cœur sur le droit chemin, lui permettant de surmonter cette déprime certes intense mais qui, soyons honnêtes, ne peut qu'être passagère. Ce qui m'inquiète, pour elle, c'est surtout qu'elle a tendance à être rapidement délaissée par les auteurs comme par son partenaire une fois qu'elle a eu son utilité... mais nous verrons bien.
Éternellement au second rang des amours contrariés de Spider-Man, la Chatte Noire pourrait bien prendre là sa revanche tant attendue sur ses rivales, en incarnant la leçon la plus cruciale que Peter aura jamais à retenir pour redevenir lui-même. Je souhaite qu'il ne la traite pas trop mal après ça, disons au moins sans la distance qu'il met habituellement entre eux. Que voulez-vous que je vous dise, je suis fan !
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