Tornade n'est plus que l'ombre d'elle-même, privée de ses fantastiques pouvoirs sur le climat depuis sa dernière aventure avec Forge, le mutant capable de tout construire ou concevoir. Ororo décide de le traquer jusque dans les locaux de son entreprise de Dallas, malheureusement entièrement vides, où elle ne retrouve que vieux souvenirs et chagrins. Mais sur place l'attend également un certain Nazé, chaman de son état, qui cherchait lui aussi Forge pour lui demander un coup de main contre la venue dans notre dimension d'êtres terrifiants issus des croyances Cheyennes.
Ororo accepte d'aider Nazé à retrouver Forge, d'autant plus qu'elle a elle aussi tout intérêt à mettre la main sur l'inventeur au plus tôt. Mais Nazé joue en réalité double-jeu, œuvrant lui-même pour les puissances destructrices qu'il dit vouloir combattre. Manipulant Ororo sans vergogne, le chaman l'entraîne à ses côtés dans un parcours initiatique qui devrait, à terme, la mener jusqu'au lieu de pouvoir de Forge dans sa culture. L'ex meneuse des X-Men sait qu'elle devra peut-être se résoudre à l'impensable et tuer Forge de ses mains afin d'empêcher l'invasion de notre monde par un autre, peuplé d'horreurs sans noms.
Pendant ce temps, les X-Men justement sont désormais menés à la dure par Wolverine, qui ne néglige aucun entraînement ni aucune situation potentielle de crise à affronter. Et justement, les Maraudeurs, ces assassins de mutants à la solde du mystérieux Monsieur Sinistre, refont soudain parler d'eux quand ils tentent de s'en prendre à Madelyne Pryor, qui reprend de son côté connaissance dans un hôpital de San Francisco. Traversant tout le pays pour lui venir en aide, les X-Men affrontent donc à nouveau les Maraudeurs, qui les ont déjà tenu en échec à plusieurs reprises !
Toutefois, ce coup-ci les choses changent et l'équilibre des pouvoirs s'inverse légèrement en faveur de nos héros, tous déterminés à protéger et à sauver Madelyne même s'ils doivent y perdre la vie. Devant une telle force de conviction, les Maraudeurs reculent quelques instants, suffisamment pour permettre aux X-Men de placer Madelyne en sécurité avant de reprendre les combats. Malice, possédant l'esprit et le corps de Polaris, use alors de ses propres talents pour déstabiliser les héros et surtout Havok, compagnon de Lorna qui se retrouve désorienté, à douter d'elle et de ses propres sentiments.
Heureusement, le management de Wolverine a fait du bien à toute l'équipe, malgré les failles mentales chez Alex, et tout le monde finit par s'en sortir plus ou moins bien, aidant même la population de San Francisco à réparer les dégâts. Aucun blessé grave n'est cette fois à déplorer, malgré la hargne des Maraudeurs, et ceux-ci sont en fuite, ce qui ne devrait fort logiquement pas du tout plaire à leur maître qui venait de les avertir de ce qui les attendait en cas d'échec.
De son côté, Ororo poursuit sa quête de Forge en plein territoire Cheyenne, mais elle endure de tels tourments qu'elle ne sait plus vraiment qui croire ni si elle peut encore avoir confiance en elle-même. Les paroles et les soins de Nazé à son égard la dirigent dans une seule et même direction, celle où elle devra assassiner Forge avant que celui-ci ne livre notre monde aux entités mortifères d'une autre dimension. Au moment où Ororo retrouve enfin celui qu'elle cherchait avec tant d'ardeur, c'est pour lui planter un couteau dans le cœur afin de refermer le portail. Cependant, c'est tout l'inverse qui se produit...
Car en effet, Forge était présent sur son lieu de pouvoir pour un rituel qui devait non pas céder la voie à ces sordides créatures, mais au contraire les bannir dans leur propre monde en ruine. Nazé a volontairement brouillé les cartes et n'a présenté à Ororo qu'une seule version du récit, celle qui l'arrangeait le plus, et désormais le chaman est libre de laisser sa redoutable armée démoniaque se repaître du monde des mortels. Les visions de Destinée, la mutante extralucide, confirment toutes que les X-Men vont bientôt trouver la mort au bout de leur chemin. Serait-ce suffisant pour les arrêter ?
Changement radical de lieu et d'atmosphère, alors que toute l'équipe prend quelques instants de repos au bord d'un lac sous la supervision de Magneto et de Logan, un flash spécial à la radio annonce que d'énormes météores s'apprêtent à frapper la Terre à différents endroits du globe, et que les Avengers sont déjà à pied d’œuvre pour éviter le plus de dégâts possible. N'en laissant rien paraître, Magneto est cependant troublé par cette annonce, car il y décèle une vérité qui le concerne tout particulièrement.
Les météores sont en réalité des débris de son propre astéroïde artificiel, détruit il y a des années de cela et bien avant son revirement moral. Mais si quelqu'un de mal avisé venait à s'emparer des circuits et autres artefacts retenus dans les débris, il pourrait en faire un usage dramatique. Magneto fausse donc compagnie aux X-Men pour aller récupérer lui-même les éléments les plus dangereux de son ancien arsenal, ce qui est aussitôt interprété par les Avengers tout comme par les Super-Soldats Soviétiques comme un acte manifeste de trahison et de complot du Maître du Magnétisme !
Les deux groupes se lancent alors à la poursuite de Magneto, également traqué par les X-Men qui le suivent à la trace pour le protéger tant des autres justiciers que de ses propres mauvais instincts. Dans la mêlée qui éclate alors autour de lui, personne ne voit Magneto récupérer des circuits bien particuliers dans les ruines de son astéroïde avant de déclencher la destruction de ce qui reste. Puis, après que les trois équipes de héros se soient suffisamment battues pour ce jour, les mutants gagnent Singapour afin d'y embarquer à bord d'un navire qui les ramènera à la maison. Magneto, lui, ne cesse de songer à l'usage qu'il pourrait faire des circuits qu'il a récupéré... et qui lui permettraient alors de faire cesser toute forme de racisme anti-mutants sur Terre !
Convaincu de la justesse de son action par celles, terribles, des forces de l'ordre de Singapour sur une communauté de mutants marginaux, Magneto active le mécanisme qu'il a associé à ses pouvoirs magnétiques et convoque Captain America afin de tester l'appareil sur lui. Mais il se rend soudain compte que Cap n'a pas la moindre once de racisme en lui, ce qui lui permet d'affirmer que tous les humains ne sont pas forcément ennemis des mutants, loin s'en faut.
Abattu, Magneto accepte d'être conduit à la Cour Pénale Internationale pour répondre des crimes de guerre dont l'accuse la Russie et pour lesquels les Super-Soldats Soviétiques se sont battus si farouchement. Mais le procès, second du genre pour le mutant le plus puissant de la planète, semble truqué dès le départ en faveur d'une exécution pure et simple. Au-dehors, les mutants acclament celui qui deviendra bientôt un martyr de leur cause, tandis que les manifestants humains conspuent un terroriste qui les effraie autant qu'il les fascine.
Désirant que le procès redevienne équitable, Magneto manipule Captain Marvel pour qu'elle lui permette de localiser l'appareil de contrôle mental qu'il a conçu, et le faisant finalement venir à lui par sa seule volonté depuis l'autre bout du monde, il s'en sert sur l'esprit du juge principal qui semblait si férocement voué à sa perte durant toute l'audience. Magnus pense alors que ce juge est un mutant qui se dissimule parmi les humains et qui veut la mort du Maître du Magnétisme afin de faire de lui un martyr et de galvaniser les accès de violence des mutants en général pour servir sa propre cause.
Mais en réalité c'est l'inverse qui se produit : le juge est bien humain et souffre d'un profond racisme anti-mutants assez basique maintenant parmi les nombreux détracteurs des X-Men et de leurs confrères. L'appareil de Magneto éradique donc ces mauvaises inclinaisons, et le procès tourne en sa faveur, Magnus étant relâché libre car la Cour se reconnaît inapte à le juger pour ses crimes passés, laissant à chaque pays courroucé le soin de tenir ses propres procès sur son propre territoire. Tout est bien qui finit bien, et Magneto détruit son appareil juste après son usage, mais il se rend compte trop tard qu'en étant innocenté ainsi il déchaîne la fureur de tous les anti-mutants qui le craignent et le haïssent comme tous les autres mutants. La partie est donc encore loin d'être gagnée...
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Le principal argument de vente de ce second tome des intégrales X-Men consacrées à l'année 1987, c'était de nous permettre d'assister à l'affrontement entre les Avengers et les X-Men justement, un événement majeur pour l'époque et qui préfigure déjà ce que l'on connaîtra plus de vingt ans plus tard. Sauf que, pardonnez-moi l'expression, on s'en fiche pas mal à ce moment-là !
En réalité, ce qui occupe le plus de place dans cet album et qui paraît de loin être l'intrigue la plus cruciale et importante de toutes, c'est celle qui met en scène Tornade s'attaquant à Forge et livrant le monde à une horde infernale tandis que les X-Men sont trop loin pour agir et que les Maraudeurs, enfin mis en échec certes, ne resteront pas les bras ballants bien longtemps...
Le coup est un peu fort je trouve, de faire s'interrompre comme ça soudainement cette histoire alors que l'on en arrive au dénouement ou peu s'en faut, et de nous transporter à des lieues de là dans une toute autre histoire qui change radicalement le statu-quo que l'on vient de quitter sans rien comprendre.
J'ignore si c'est la faute à Panini et à une volonté éditoriale de tout caser en un minimum de volumes, ou bien si la parution originale déjà à l'époque était aussi chaotique, mais c'est franchement frustrant de ne pas avoir la conclusion et même de sauter à une toute autre intrigue sans aucun lien véritable entre les deux. D'autant que, pardonnez-moi là encore, mais le fameux affrontement entre les X-Men et les Avengers, bah c'est vraiment pas terrible... heureusement que les Super-Soldats Soviétiques étaient aussi de la partie sinon on se serait bien embêté !
Les deux personnages qui sont donc le cœur de ce tome-ci sont évidemment Ororo, en pleine quête de ses pouvoirs perdus afin de redevenir la mutante et déesse que l'on connaît, et Magneto qui lui combat les affreux souvenirs de son passé criminel qui reviennent le hanter au pire moment. Mais ces deux histoires n'ont absolument rien à voir l'une avec l'autre, c'est presque comme si on avait fusionné deux albums qui n'auraient jamais du se rencontrer sous la même couverture. Je n'y comprends pas grand chose, mais j'espère vivement avoir le fin mot de tout ceci dans les pages des intégrales de 1988 sinon ça sent l'arnaque !
Passons aux qualités maintenant, car il y en a et elles sont même assez nombreuses vous en conviendrez. Première entre toutes : l'arrivée d'un certain Marc Silvestri aux dessins de la série régulière, y compris l'event face aux Avengers, qui apporte un véritable vent de fraîcheur dans la représentation graphique des personnages dont on suit les aventures depuis déjà douze ans à ce moment. Je ne peux que retenir la version magnifique et magnifiée d'Ororo Munroe que nous livre Silvestri, avec un savoir-faire et un talent déjà bien ancrés et qui feront de lui la légende vivante des comics que l'on adule encore de nos jours. Franchement, à ce niveau, rien à jeter et on en redemande très volontiers !
Claremont quant à lui poursuit l'histoire qu'il avait en tête concernant la Meneuse de Nuées et sa quête de ses anciens pouvoirs, mais cela est interrompu au plus mauvais moment par Roger Stern et son second procès de Magneto en l'espace d'à peine trois années éditoriales. J'ai déjà expliqué tout le mal que j'ai eu à me remettre sur les rails en constatant cette situation désastreuse, mais il vous faut bien comprendre que le vrai gâchis est pour Claremont dont le scénario se retrouve ainsi brisé net, du moins dans l'ordre de lecture tel qu'il nous est ici proposé par Panini.
Du reste, on nous avait prévenus dès le premier tome, l'année 1987 n'est qu'une transition pour le grand public dans l'attente de l'événement majeur qui se prépare pour 1988 et qui devrait complètement rebattre les cartes pour les mutants et leurs alliés... ou ennemis. Silvestri sera encore de la partie et je trouve que l'association de son talent encore à peine éveillé de dessinateur avec celui confirmé de narrateur de Chris Claremont est probablement la meilleure idée que l'éditeur ait eu jusque-là dans ces années '80s où tout bascule d'un chapitre à un autre sans plus d'explications.
Nota Bene : Je viens de revenir au sommaire de l'album... et je viens de comprendre pour quelle raison tout me semblait soudain si décousu entre ces deux histoires principales. Tout bêtement parce qu'elles ont été inversées dans l'ordre de parution et de lecture, le procès de Magneto est paru AVANT la quête d'Ororo, dates à l'appui en plus. Merci Panini... comme si ça n'était déjà pas assez compliqué comme ça !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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