vendredi 31 octobre 2025

La V.O. du vendredi n°352 : Purgatori - The Vampires Myth (Chaos! Comics - Octobre 1996)


Du fin fond de l'Enfer elle s'élève à nouveau dans les cieux mortels, bannie de chez elle par l'avatar démoniaque de Lady Death. Eh bien soit, Purgatori est donc de retour parmi les vivants, sur Terre, et elle se lance aussitôt dans une quête de ses pouvoirs perdus. Une assemblée de vampires sera son dîner du moment, le temps de regagner quelques forces... mais presque immédiatement après le massacre sanglant, elle est assaillie par les pensées de deux de ses anciennes victimes, les vampires Kabala de Tanzanie et Jade de Shanghai, qui désirent plus que tout obtenir vengeance pour les 4000 ans qu'elles ont vécu sous cette forme impie par sa faute.


Traquée dans le monde entier par leurs hordes, Purgatori pense pouvoir trouver refuge dans son ancien pays natal, l'Égypte, mais les choses ont bien changé là-bas aussi. Alors qu'elle se remémore les débuts de son histoire, elle est soudain attaquée par Jade qui la neutralise en profitant de son état de faiblesse et pénètre alors ses pensées les plus profondes pour découvrir le secret de sa propre création. Ce qu'elle y trouvera la laissera sans voix...


Il y a 4000 ans, la jeune Sakkara était une simple esclave trimant tout le jour durant dans le désert pour aider à bâtir la tombe de Pharaonne, la reine Ostraca, obsédée par sa prochaine vie immortelle et désireuse de laisser derrière elle un tombeau à nul autre pareil qui traversera les siècles avec fierté, porteur de son image terrestre. Pour cela, Ostraca fait travailler ses esclaves jusqu'à l'épuisement et plus encore, jamais satisfaite de la tournure des travaux malgré ses nombreuses consignes.


Tout aurait pu s'arrêter là, mais Sakkara eut le malheur d'attirer le regard de Pharaonne lors d'une inspection du chantier, et la reine tomba folle amoureuse de son esclave, la prenant alors au sein de son harem comme sa favorite et la couvrant d'or et de soieries précieuses, œuvrant toute la nuit durant à satisfaire ses nombreux plaisirs. Désormais mariée à Pharaonne, Sakkara pense être sauvée de la misère... mais le général Ramsès annonce qu'une révolte couve parmi les esclaves et que la population les soutient ! Pour endiguer cela, il faudra à la reine toute la force de son armée, et pour se la garantir elle doit donc répudier toutes ses épouses et prendre Ramsès comme seul roi et amant devant les dieux. Seule cette solution pourra sauver son projet de tombeau grandiose et assurer son règne.


Pliant devant les exigences de Ramsès, Ostraca assiste impuissante au massacre de son harem, mais Sakkara parvient à s'enfuir de justesse et rejoint le campement des esclaves dans le désert. Là, un vieil homme du Nord, battu à mort par les gardes, lui indique la direction à suivre pour découvrir le secret de la véritable immortalité, celle qui la rendra, si elle en est digne, aussi fière et éternelle que les dieux eux-mêmes. Sakkara se lance donc dans cette quête mystique, toujours poursuivie par les gardes de Ramsès, et découvre alors un pic montagneux sinistre où se terre une ancienne divinité celte du nom de Rath. Ce dieu-vampire accepte de passer un marché avec la jeune esclave en fuite, et la transforme alors à son image par un rituel de partage du sang.


Mais ce qui naquît ce jour-là était bien plus terrible encore que tout ce que Rath pouvait imaginer. Dans les veines de Sakkara coulait déjà le sang des Anges Déchus, et mêlé désormais au sien ce sang si particulier donna naissance à Purgatori, une déesse-vampire unique en son genre, que Rath entreprit aussitôt de former et de nourrir durant ses premières journées d'éternité. Cependant, l'esprit de Purgatori est libre et continue de rêver de vengeance à présent qu'elle en possède largement le pouvoir. Refusant de prêter serment à son créateur, elle se rebelle et se rend au mariage nocturne de Pharaonne avec le général Ramsès pour les confronter et détruire toute une civilisation à elle seule.


Sur place, les invités d'autres nations assistent impuissants à l'arrivée du fléau fait femme, la peau écarlate et dégoulinant déjà du sang de ses premières et nombreuses victimes. Le sort qu'elle réserve à Ostraca et Ramsès est à peine mieux : les saignant totalement et les abandonnant au fond de leur propre sarcophage, Purgatori savoure à présent la rébellion des esclaves lancés sur ses traces et encouragés par la débâcle des puissants. Alors que la grande cité d'Alexandrie ploie sous les flammes et la fureur populaire, Purgatori profite de chaque instant jusqu'à ce que Rath ne se rappelle à elle et ne l'enjoigne à le suivre pour parfaire son éducation.


Dans son sillage, Purgatori laisse deux femmes en pleine transformation cette nuit-là : la reine Kabala de Tanzanie et l'héritière Jade du clan-maître de Shanghai, toutes deux mordues et saignées par la déesse-vampire et toutes deux laissées pour mortes ensuite. Regagnant chacune son foyer et achevant leur propre transformation en vampires, les deux femmes se jurèrent alors de retrouver leur créatrice pour exiger d'elle la réponse à tous leurs tourments, la raison qui l'a poussée à les faire ainsi et à les abandonner ensuite durant 4000 ans.


Et aujourd'hui, à l'aube du troisième millénaire après le Sauveur des Hommes, elles sont sur le point d'obtenir cette réponse à leurs prières. Mais que ce Kabala et Jade vont découvrir... c'est qu'elles ne sont que le fruit d'un malheureux hasard, totalement indéterminé et involontaire de la part de leur créatrice, une simple erreur. N'ayant pas été achevées après leur morsure, elles se sont transformées en vampires elles-mêmes mais cela n'aurait tout aussi bien pu ne jamais arriver. Purgatori, elle, se rengorge devant la mine déconfite de ses descendantes, et grâce à l'apparition de Rath pour la libérer de ses liens elle parvient à reprendre le dessus et à combattre les hordes de Kabala avant d'acculer cette dernière et de la saigner à nouveau, laissant cette fois-ci son corps exsangue à la lumière du soleil naissant pour que la sorcière disparaisse en cendres pour toujours. Jade, elle, aura été plus maline et se sera téléportée loin de là bien avant que les premiers rayons ne paraissent ou que la fureur de Purgatori ne se dirige contre elle.


A présent libérée, lâchée sur un tout nouveau monde doté de nombreuses ressources qu'elle compte bien découvrir et maîtriser, déterminée à goûter à une liberté totale et immodérée, Purgatori renie une fois de plus son engagement vis à vis de Rath et s'envole au loin, pressée de fondre sur ses nouvelles proies. Le vieux dieu-vampire le sait, le sang de beaucoup des siens coulera encore entre les crocs de sa création si unique, renforçant son pouvoir et faisant d'elle une véritable terreur parmi les êtres surnaturels. Ainsi soit-il !


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Qu'est-ce que c'était bon !! En 1996, Brian Pulido est alors le jeune auteur maître d'un label bien particulier dans le domaine des indépendants, loin des comics de super-héros même s'il leur emprunte beaucoup en vérité. Chaos! Comics ouvre en grand le bal des nouvelles héroïnes que tout le monde s'arrache dans les années '90, ces fameuses bad-girls que rien n'arrête et qui en remontrent complètement à la concurrence vieillissante, tant en termes de story-telling que de graphisme.


C'est bien simple, à l'époque le public underground comme commun ne jure plus que par ces femmes fatales souvent peu vêtues et extrêmement puissantes, déjouant les mauvais tours du Destin et les machinations des hommes pour se dresser fières et indépendantes au-dessus de la masse et réclamer leur juste liberté quoi qu'il advienne. On pourrait citer de nombreux exemples, mais la plus pertinente reste évidemment l'autre création phare de Pulido, Lady Death elle-même, dont vous pouvez d'ailleurs toujours suivre les aventures au sein du label Coffin Comics du même auteur.


L'une des ennemies les plus acharnées de Lady Death à la grande époque de Chaos! était bien entendu la terrifiante Purgatori, déesse-vampire capable de maîtriser la magie du sang, de s'emparer des pouvoirs des dieux eux-mêmes en les saignant à mort et de combattre face à une armée entière de leurs fidèles. La sorcière blanche et la guerrière rouge se sont souvent opposées, jusqu'à ce qu'en 1996 donc, Brian Pulido et consorts ne décident d'envoyer Purgatori faire un tour dans le monde réel, quittant ainsi les intrigues infernales avec ce personnage pour la plonger dans une toute autre forme d'horreur, celle des simples mortels du quotidien, faisant d'elle une véritable légende urbaine de notre époque.


Dans ce récit de trois chapitres rassemblés ici en un seul album avec les couvertures d'origine et un prologue rappelant l'essentiel des histoires précédentes, nous découvrons donc les fondements-mêmes de l'histoire de Purgatori, quand elle n'était encore qu'une mortelle, une esclave parmi d'autres des caprices des puissants de son temps, et qu'elle s'appelait simplement Sakkara, du nom d'une nécropole antique. Les dessins ainsi que les couvertures sont l'œuvre de Jim Balent, un talent certain et un coup de crayon très détaillé qui nous offre presque à chaque page un véritable tableau à savourer, les événements et les éléments graphiques se mêlant les uns avec les autres, les souvenirs du lointain passé à l'expérience de la modernité, le tout au service d'une quête de vengeance qui restera, tout comme la soif de sang des immortels, inassouvie.


A signaler également qu'à l'époque un CD audio a été réalisé avec toute une bande-originale musicale pour accompagner les chapitres et les différentes étapes du récit, des thèmes vraiment profonds et magistraux orchestrés de main de maître par Scott Vladimir Licina, véritable orfèvre du macabre. Je vous invite fortement à chercher certains de ces thèmes sur YouTube ou une autre plate-forme d'écoute légale si vous en avez l'occasion, de quoi faire monter la tension durant votre belle soirée du 31 Octobre !


Et d'ailleurs, je referme cette journée consacrée à la V.O. en vous souhaitant un Joyeux Halloween 2025 et en espérant vous avoir suffisamment diverti et offert de quoi réfléchir et satisfaire votre appétit d'horreurs ! Je pense qu'ouvrir la journée avec Lady Satanus et la refermer avec Purgatori, somme toute c'était plutôt agréable non ? Profitez bien toutes et tous de vos sucreries et films d'épouvante, et à très bientôt pour de nouveaux récits et frissons, car je n'abandonne pas ni Chaos! ni Coffin en chemin croyez-le bien !

 

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