Parmi toutes les créatures de la Nuit qui tapissent l'imaginaire des mortels, il y en a une qui ne cesse d'alimenter les cauchemars et les passions. Les vampires fascinent depuis toujours l'être humain, car ils sont une déformation de ce qu'il y a de plus sacré en nous, un reflet brisé de ce qui jadis était une âme, toujours immortelle mais condamnée à ne jamais trouver la paix.
Luxura est une Kith, une vampire de haut rang qui tient sa cour dans les sous-sols de New York, où elle s'est bâti un véritable palais labyrinthique. Elle y reçoit ses visiteurs, elle y pratique son art et sa magie, elle y renforce sa puissance. Mais surtout, elle y entrepose une vaste collection de bouteilles contenant chacune le sang d'une personne ayant croisé sa route, simple mortel ou autre créature mystique, célébrité ou esclave anonyme, pourvu que chacun se soit distingué un beau jour auprès d'elle. Connaissances, amis, amants, ennemis même parfois...
Depuis peu, Luxura est tiraillée entre son désir pour le seigneur Pontius Vanthor, un vampire rebelle qui tente de la rallier à sa cause pour renverser le pouvoir des Anciens et faire de l'humanité un simple bétail qui nourrirait des générations innombrables de vampires pour l'éternité ; et son goût pour la Vie, pour la passion et le sexe également, pour ces intenses moments où chacun se dévoile à l'autre dans tout ce qu'il a de plus intime et personnel. Ces moments disparaîtraient dans le nouvel âge que prône Vanthor, un âge qui se rapproche de jour en jour, nuit après nuit...
Alors Luxura passe le plus clair de son temps au sein de sa collection, profitant encore et encore des nombreux souvenirs qu'elle y a accumulé au fil des siècles, chacun lui rappelant une vie passée, une existence qui n'est plus. Même traquée dans sa propre demeure par des assassins et des voleurs, Luxura ne parvient pas à prendre une décision quant à sa réelle allégeance. Doit-elle se laisser guider par sa passion, ou bien par ce que d'autres pensent être son devoir légitime envers son espèce ? Finalement, un choix sera fait, au cœur des ténèbres, et une guerre sans merci sera déclarée entre immortels concernant le sort de l'humanité...
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Une guerre que malheureusement nous ne verrons pas dans cet album, car le récit principal s'arrête au beau milieu du livre pour céder ensuite la place à plusieurs petites histoires sur les vies passées de Luxura un peu partout autour du monde. Tous sont assez intéressants, mais aucun ne développe vraiment l'intrigue première qui reste alors en suspend.
J'attendais donc la parution d'un second tome chez Réflexions... en vain. Depuis 2014, aucune annonce, aucune nouvelle sortie pour la série Vampress Luxura, apparemment déjà condamnée dès sa première publication, comme beaucoup d'autres œuvres de la scène indépendante. C'est bien dommage, car hormis la narration ponctuée régulièrement de scènes de sexe par ailleurs très bien amenée et représentée, sans la moindre vulgarité, il est à noter que le dessin de Kirk Lindo est vraiment incroyable, tout en noir et blanc comme de juste, et rempli de détails et d'effets de textures très maîtrisés de chapitre en chapitre.
Le style évolue un peu au fur et à mesure, pour notre plus grand plaisir, et n'en croyez pas la couverture surtout, l'intérieur est vraiment digne de cette génération très particulière d'artistes tourmentés qui a vu naître des classiques comme The Crow pour ne citer qu'un exemple parmi mes préférés. Je regrette vraiment que les Éditions Réflexions aient apparemment abandonné cette série, qui en V.O. possède plusieurs autres cycles et récits qu'il aurait été intéressant de découvrir ensuite. Autre regret, le format qui est bien trop petit pour nous permettre de vraiment profiter pleinement des textes, forçant souvent le lecteur à faire travailler sa vue pour saisir des phrases contenant parfois en outre des fautes de transcription assez stupides. Une preuve s'il en est besoin qu'il s'agit bien d'une production très indépendante, dans le sens fauché du terme, et que le luxe d'une relecture ne peut pas se permettre à chaque fois. Dommage, sinon on tenait un vrai petit bijou du genre !
Ça restera donc un essai unique et visiblement manqué, comme pour Lady Death chez French Eyes en 2013 ou Vampirella elle-même chez Panini à la même époque. Le public n'est pas au rendez-vous, alors que bien souvent la qualité l'est, elle. Si ça vous intéresse, privilégiez donc la V.O. vous devriez pouvoir trouver des albums sans trop de mal sur les différentes marketplaces auxquelles nous avons tous accès librement. Je vous signale simplement qu'il s'agit quand même d'une œuvre réservée à un public averti en raison de son fort caractère lascif et, disons-le, purement sexuel par moments. Les vampires ont toujours été associés à la luxure dans l'imaginaire collectif, c'est un genre de juste retour des choses, au fond.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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