Alors que l'Hiver de l'an 1456 s'annonce, un jeune prince est intronisé à la tête de la Valachie, une petite région frontalière du vaste empire Hongrois, faisant face à l'empire Ottoman depuis de nombreuses générations. Vlad III succède ainsi à son père, après quelques années d'exil lors d'une précédente tentative de coup d'état contre sa personne. Celui que l'on surnommera bientôt le Fils du Dragon s'apprête à rendre à la Valachie toute sa gloire passée, mais ce ne sera pas au goût de tout le monde.
Pour ses premiers mois de règne, Vlad se rend bien vite compte que le vrai pouvoir est aux mains des nobles, les boyards, qui exercent une politique de privilèges et de privations à l'égard du peuple et des commerçants, s'arrogeant tous les droits et reléguant le prince au rang de simple marionnette destinée à signer les bons documents et à docilement hocher de la tête durant les assemblées. Tout ceci est sur le point de changer.
Les premières mesures de Vlad sont assez faibles, il brosse les boyards dans le sens du poil, n'hésite pas à s'humilier en leur rendant hommage ou en souscrivant à leurs faveurs quand il en a besoin, alors que son rang fait de lui théoriquement leur supérieur à tous. Mais dans l'ombre, le prince ourdit quelques complots et machinations dont il a le secret, et très vite les fameux boyards se retrouvent divisés au sein de l'assemblée, ne sachant pas d'où vient le danger. Vlad est en réalité en train de leur confisquer le pouvoir petit à petit, morceau par morceau, sans qu'ils ne s'en rendent compte.
Commençant tout d'abord par les commerçants, les marchands, qu'il considère comme les véritables garants de l'économie du pays, Vlad parvient à les rallier à sa cause et à priver les boyards les plus influents de leur soutien, de façon très discrète et sans rien laisser paraître à la Cour. Nommant auprès de lui des hommes de confiance comme proches conseillers plutôt que des gratte-papiers antiques ou arrivistes, le prince se constitue une petite communauté de fidèles qui seront prêts à bouger dans son sens quand le temps viendra.
Mais pour l'heure, il lui faut honorer une dette envers un autre prince, celui de Moldavie, chassé lui aussi de son pays par un coup-d'état bien des années auparavant. L'amitié entre Vlad et Stefan est manifeste, et chacun ferait tout pour l'autre. Vlad parvient, contre l'avis de son assemblée, à rameuter des milliers de combattants en enrôlant de force les mendiants et les loqueteux, les criminels, les indésirables de la société. Mais il ne destine pas cette force au combat, non, il a un autre projet pour ces gens que tout le monde rejette, un projet dont il ne peut s'ouvrir même à ses proches conseillers.
Le moment décisif sera atteint quand le leader des boyards, le seigneur Alve, s'oppose ouvertement durant un grand conseil à la décision de Vlad d'envoyer ses troupes en Moldavie. Bien vite les autres nobles se rallient à cette opinion et le prince semble ramené à son rôle de pantin, mais il n'en est rien. En réalité, Vlad vient à cet instant d'acquérir un bien précieux, une petite victoire qui coûtera très cher à ses opposants. En quelques jours à peine, et par un tour de force aussi rapide que sanguinaire, le prince se constitue une véritable armée de 60 000 soldats pris aux alliés d'Alve, qui ne décolère pas quand il l'apprend. La reconquête de la Moldavie est assurée pour le prince Stefan, qui devra alors revenir sur ses pas et apporter à son tour son aide à Vlad pour le maintenir au pouvoir dans une Valachie déchirée par les conflits entre les partisans du prince et ceux des grands boyards. L'ascension de Vlad Draculea ne fait que commencer !
---
Je vous avais promis un mois d'Octobre spécial sur les histoires vampiriques, en mangas comme dans certains comics (vous verrez cela en temps utiles), et qui de mieux pour illustrer ce genre que le prince des vampires en personne, le grand Dracula ?
Sauf qu'ici, dans ce seinen à vocation historique, il ne s'agit pas du puissant et terrible vampire faisant trembler le monde à la simple évocation de son nom. Ici, c'est le tout jeune prince de Valachie qui est à l'honneur, celui qui donnera des siècles plus tard l'inspiration à Bram Stoker pour le personnage emblématique de son roman le plus célèbre. Comment un simple prince en exil a-t-il pu en quelques années devenir l'un des souverains les plus craints et redoutés par le puissant empire Ottoman ? Comment a-t-il réussi à fédérer autour de lui les différents petits royaumes qui guerroyaient entre eux et se livraient à des conflits de succession incessants sapant leur autorité sur les territoires sauvages ?
Tout cela vous sera raconté sur un ton remarquablement bien informé et avec un dessin clair et précis, de la part de Akiyo Ohkubo, mangaka que je ne connaissais absolument pas mais dont j'apprécie énormément le travail depuis la lecture de ce tout premier tome d'une série que je compte bien suivre jusqu'au bout, et que je vous invite à suivre avec moi durant tout ce mois d'Octobre 2022 !
Des petites humiliations du quotidien jusqu'aux accords secrets passés la nuit entre deux alcôves, de la grande Histoire jusqu'aux petits récits de vie de ceux qui y ont participé de près comme de loin, vous découvrirez un XVème siècle en proie aux affres d'une noblesse insolente et vaniteuse qu'un jeune seigneur s'apprête à ramener dans le droit chemin pour défendre son peuple contre l'envahisseur. Celui que les chroniques surnommeront Tepes, l'Empaleur, va prendre son envol sous vos yeux et devenir un véritable monarque avec une vision très particulière de la bonne façon d'exercer le pouvoir.
Si pour le moment il apparaît plutôt comme un rêveur osant se donner les moyens de rendre son monde meilleur, j'ose croire que l'on verra assez vite les côtés plus sombres de sa biographie guerrière, quand sa terrible réputation prendra elle aussi son envol et surmontera les obstacles entre les différents royaumes et empires voisins. Je vous invite à ne pas vous spoiler outre-mesure sur le destin de ce personnage unique en son genre, et nous suivrons pas à pas chaque semaine son évolution avec grand plaisir !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire