Alors que la chrétienté se prépare à célébrer les fêtes de Pâques de l'an 1457, en Valachie l'agitation est plus grande que jamais. Un émissaire du royaume de Hongrie, dont la Valachie est une principauté vassale, arrive à Targoviste pour affaires. Passant du bon temps en compagnie des membres de l'assemblée et du prince, l'ambassadeur confirme les doutes de Vlad sur le fait que la Hongrie serait prête à lever les tributs que lui doit la principauté, pour cette année en tout cas. Faute de plus d'informations, Vlad fera quérir ses agents et les enverra aux quatre coins du pays pour savoir ce qui se trame.
Et le réseau fait son œuvre : on apprend bien vite qu'une attaque a été perpétrée contre des paysans vassaux de la Hongrie, au nom de la Valachie, couleurs et bannière à l'appui ! C'est évidemment une fausse attaque, une ruse de la part d'un dangereux rival pour le trône, Dan Danesti, qui sonne le rassemblement de ses propres troupes pour partir à la conquête de la Valachie aux commandes d'une armée de représailles soutenue par la Hongrie. Vlad percera le complot à jour, mais hélas trop tardivement pour intervenir directement.
A la place, le prince organisera tout un maillage de rumeurs et de fausses informations de révolte populaire et marchande, détournant le trafic d'armes de ses rivaux contre eux, leur faisant croire que tout le pays s'arme en masse pour les massacrer afin de défendre le prince. N'y voyant plus clair du tout, Danesti est pris à son propre piège et renonce à ses projets, pour le moment du moins tant que la situation ne redevient pas stable sur le long terme. Mais ses partisans eux n'abandonnent pas la partie tout de suite, loin de là !
Au cours de l'année qui suit, plusieurs proches de Vlad III sont assassinés ou tombent dans des embuscades meurtrières, souvent de la main de gens auxquels on ne s'attendait pas, de pauvres hères victimes de plus riches qu'eux et chargés de la sale besogne. Quand son bras droit est assassiné pratiquement sous ses yeux, le prince sait que cette fois une borne symbolique a été franchie et qu'il lui faut impérativement réagir.
Après avoir manipulé la cour de Hongrie pour assurer sa défense territoriale, Vlad va maintenant convoquer l'assemblée pour leur exprimer ses intentions : il ordonne que tous les nobles les plus hauts placés soient arrêtés puis exécutés séance tenante, de la plus atroce des manières, le pal, un instrument infamant dont l'utilisation est normalement réservée pour les simples paysans et basses classes de la population, à titre d'exemple seulement. En comptant les complices arrêtés dans la foulée, en tout Vlad III fera empaler près de 500 personnes devant une foule médusée. Cette macabre déclaration de guerre sera reçue de la plus vive des colères par le seigneur Alve, le dernier grand opposant au prince, qui décidera aussitôt de lever une armée, quitte à en payer lui-même les membres, pourvu qu'il puisse enfin renverser le Fils du Dragon !
L'affrontement qui s'annonce risque d'être vraiment démentiel, et tout cela n'est encore que le fruit de guerres intestines au sein de la Valachie divisée comme jamais mais dont le socle est bel et bien aux mains de son prince, qui s'est assuré la loyauté des marchands et paysans ainsi que de sa garde personnelle dont il a grandement amélioré les conditions de vie, ses membres passant de la rue à une existence dotée d'un sens et d'une utilité au nom de la principauté. Qui pourrait prédire ce que de tels hommes accompliraient pour leur seigneur et maître ?
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Eh bien ça y est on commence à entrer dans le vif du sujet avec ce second tome, toujours mené de main de maître par Akiyo Ohkubo qui nous présente ici le véritable visage de son personnage central, un être dur et déterminé que rien ne saurait arrêter, pas même les horreurs qu'il se retrouve contraint de commettre. Et son peuple l'aime pour cela !
Ce deuxième tome couvre les événements cruciaux de 1457 à 1459, le temps que les différents complots contre le prince soient survolés et réglés par tout un fin réseau de rumeurs et de désinformation soigneusement organisée. Le dessin est toujours aussi direct, épargnant le gore quand c'est possible mais nous montrant l'essentiel de la souffrance des personnages qui se dressent sur le chemin de Vlad Draculea pour que l'on comprenne bien en tant que lecteurs de notre époque moderne ce qu'il se passait alors et à quel point c'était grave.
Fortement inspiré par les idées novatrices des Ottomans, le prince Vlad sait parfaitement comment déstabiliser les forces ennemies mais surtout comment retourner les complots contre les comploteurs eux-mêmes, de la plus belle des façons, en leur faisant croire qu'ils ont le couteau sous la gorge alors que ce sont pourtant eux qui tiennent la garde ! Tout est affaire de psychologie et d'impact, il faut frapper vite et fort pour impressionner l'adversaire et lui faire comprendre que riposter serait la pire chose qui puisse lui traverser l'esprit.
Une leçon de politique en temps de guerre civile en cette fin du Moyen-Âge, que beaucoup ne comprendront pas mais que d'autres, encore plus nombreux, envieront totalement. Le règne sanglant vient enfin de débuter, et la réputation séculaire de Vlad III de Valachie commence à prendre son essor parmi les populations soit terrifiées soit au contraire subjuguées et toutes ralliées à sa cause désormais. Le prochain tome risque d'être franchement lourd d'événements et de conséquences avec un conflit ouvert entre les deux hommes forts du pays, dont un seul pourra s'en sortir vainqueur évidemment.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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