Pendant longtemps, nous avons cru que Superman était le seul rescapé de la destruction de sa planète natale, la lointaine Krypton. Mais nous nous trompions.
Kara Zor-El, cousine de Kal-El, vient elle aussi de ce monde condamné. Elle a été envoyée dans sa propre fusée juste après celle de son petit cousin, avec pour mission de veiller sur lui une fois tous les deux arrivés sains et saufs sur Terre. Mais la fusée de Kara fut prise dans les débris de Krypton après l'explosion planétaire, et elle fut placée automatiquement en stase, dérivant dans l'espace pendant près de trois décennies...
Jusqu'à son arrivée, au beau milieu d'une pluie de météores, en plein cœur du port de Gotham City. Après moult péripéties, Kara est identifiée comme étant bel et bien la cousine de Kal-El, et après que Darkseid en personne ait tenté de s'emparer d'elle et de ses pouvoirs, Kara peut maintenant débuter sa toute nouvelle vie sur Terre. Formée par les Amazones, adoubée par son illustre cousin et ses plus proches alliés, la nouvelle Supergirl peut enfin explorer le vaste monde.
Enfin, ce serait le cas si tout se passait comme sur des roulettes. Le plus gros problème est que Kara a seize ans quand son cousin a la trentaine bien tassée, et qu'elle n'est pas la première à pouvoir revendiquer le titre de ''cousine de Superman''. Power-Girl le portait déjà bien avant son arrivée, et il va nécessairement falloir une petite conversation entre filles pour définir qui est qui. Du reste, Karen a vu ses pouvoirs péricliter de façon assez chaotique ces derniers temps, justement quand la navette transportant Kara s'est écrasée sur Terre. Est-ce une coïncidence ? D'après Mister Terrific, ce serait plutôt une sorte de problème d'occupation de l'espace disponible : Power-Girl, dont la véritable nature n'est pas encore une certitude, semble voir ses pouvoirs et son essence se dissiper au profit de la nouvelle arrivée, cette jeune Supergirl, vers qui confluent toutes les lignes d'énergie. Comme une version en remplaçant une autre...
Ne trouvant finalement aucun conseil utile auprès de la JSA, Kara s'intéresse alors aux Titans et plus particulièrement au clone de son cousin, Connor, qui vit dans la ferme des Kent au Kansas. Mais là encore, elle fera chou blanc question révélations, jusqu'à ce que Starfire ne vienne la chercher pour la mener auprès des Outsiders. Menée par Nightwing, cette équipe de choc ne fait pas dans la dentelle et prend très à cœur le fait de tester les aptitudes de Kara durant d'intenses sessions d'entraînement, sans pour autant lui révéler quoi que ce soit de pertinent sur sa place en ce monde.
De plus, Kara a la sensation d'être observée depuis son arrivée sur Terre, pas que par Batman et Superman. Comme si une troisième personne ou présence tentait de tout savoir et de tout découvrir la concernant... et cette nouvelle force en présence, c'est Lex Luthor ! L'ancien Président des États-Unis et farouche ennemi-juré de Superman veut détruire sa cousine et tester sur elle tout l'arsenal à base de diverses souches de kryptonite qu'il a intégré dans sa nouvelle armure. Mais le combat tourne court quand, sous l'effet de la kryptonite noire, Kara se divise en deux personnes distinctes, une bonne et une mauvaise part de son être. La mauvaise semblant posséder tous les souvenirs de sa vie sur Krypton et de sa véritable mission qui était de tuer Kal-El dès leur arrivée sur Terre pour prendre ainsi sa place et devenir la seule héritière de Krypton !
La Supergirl maléfique se bat alors avec l'ensemble de la Ligue de Justice tandis que Luthor prend la tangente au passage, et le combat ne tourne clairement pas en faveur de la Ligue. Au point que la Kara positive décide de déplacer l'affrontement à Gotham, où l'attendent les membres de la Trinité : Batman, Superman et surtout Wonder Woman, dont le lasso de Vérité pourra peut-être réunir les deux moitiés de l'adolescente.
Enfin pleinement elle-même, Kara décide de prendre du temps pour elle et pour réfléchir à ses récentes mésaventures, aussi et surtout pour faire le point et s'accorder le bénéfice du doute. Faisant le tri dans ses souvenirs, Kara ne sait toujours pas vraiment quelle est la part d'elle-même qui a été manipulée par Darkseid et celle qui détient ses véritables pensées intimes et personnelles. Dans le doute, elle préfère se tenir à l'écart quelques temps.
Après avoir fait équipe avec Power-Girl pour mettre fin au règne tyrannique d'Ultraman, la version maléfique de Superman venue d'un univers parallèle, Kara est placée par Nightwing sous la supervision de Boomer, fils de l'ancien Captain Boomerang. Dick pense que Boomer est peut-être la seule personne assez rebelle et en même temps suffisamment claire dans sa tête pour pouvoir répondre aux nombreuses questions de la jeune Kryptonienne, et cela passe par une inclusion au sein d'une vie de Lycéenne lambda. Sous le nom de Claire, Kara va découvrir à ses dépends que la vie sur Terre, à son âge, est tout aussi cruelle et dangereuse socialement parlant que celle qu'elle avait pu vivre sur Krypton.
Très rapidement lassée de ce petit jeu de dupes, Kara tombe le masque et redevient elle-même sous les yeux de ses camarades, avant de prendre le large à nouveau. Ne supportant pas d'être constamment obligée d'être la meilleure version d'elle-même, ou de devoir faire honneur à tous les bons gestes de son cousin déifié par les Terriens, Kara n'est plus tout à fait sûre de vouloir être une super-héroïne elle aussi. Elle veut plutôt prendre du temps pour elle, s'amuser avec des jeunes de son âge ou plus, danser, flirter, bref profiter à fond de sa nouvelle vie sans responsabilités assommantes.
Mais ces dernières vont la rattraper plus vite qu'elle ne le pensait, quand elle se voit obligée d'intervenir durant une attaque de monstres aux côtés de Terra, la Titan renégate qui fait son grand retour et tente de reconquérir la confiance des autres héros. L'échange qu'elle aura avec Kara ne fera que mettre en exergue pour la Kryptonienne le peu de cas qu'elle fait d'elle-même et de la vie que la Terre a à lui offrir... mais Boomer décide alors de prendre les choses en main et de lui faire découvrir les joies de la vie nocturne au cœur de la ville qui ne dort jamais ! Espérons que Supergirl saura refaire surface au bon moment et avec la bonne motivation...
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Voilà ce que l'on peut lire et dire de ce premier album rassemblant les premiers chapitres de la série des années 2000 consacrée à Supergirl, personnage ramenée dans l'univers DC en 2004 par Jeph Loeb et Michael Turner dans la série Superman/Batman.
Et que dire de plus à part que j'adore cette Kara Zor-El à cette époque ? Elle est tout ce qu'une adolescente de 16 ans est en général : peu ou trop sûre d'elle selon les moments, maladroite mais terriblement acerbe et puissante, torturée autant par ses doutes que par son ego, sensible à la manipulation venant de mauvaises personnes mais sachant aussi vers où elle souhaite mener ses pas.
Elle est bien la Fille d'Acier, mais pas encore totalement la Supergirl dont le monde a besoin sans le savoir. Il lui faut encore le temps de se forger elle-même une meilleure opinion, ainsi qu'une solide résolution pour devenir la super-héroïne que tout le monde autour d'elle s'acharne à voir en elle. Qui n'a jamais eu cette impression de ne pas être à la hauteur et de vouloir tout envoyer promener pour ne penser qu'au fun et moins à l'avenir ? Kara Zor-El nous représente toutes et tous à cet âge, à cette période de la vie, le cataclysme planétaire en moins évidemment.
L'écriture de Jeph Loeb, qui démarre cette série en exploitant les conséquences directes de l'arrivée de Kara dans son œuvre précédente, est vive et réaliste, alternant entre les points de vue de Superman et de Batman concernant Kara et ce qu'ils voient en elle. Mais c'est finalement Wonder Woman qui aura le dernier mot en permettant à Kara de redevenir pleinement elle-même justement, puis la laissant décider par la suite ce qu'elle souhaite faire et devenir.
Le dessin de Ian Churchill, que l'on retrouve pendant les trois quarts de l'album contenant ainsi les douze premiers chapitres de cette série, est magnifique, totalement à la hauteur de l'héritage de Michael Turner je trouve, moi qui suis très tatillon à ce sujet la plupart du temps. Le côté un peu cartoon de la dernière partie par Jimmy Palmiotti et Amanda Conner est volontaire, car c'est là que Kara se lâche et se laisse porter par la vie sans réfléchir davantage, même si ça doit la mener droit dans le mur.
Bref, que du bon dans ce premier tome de la compilation de la série Supergirl des années 2000, encore une héroïne forte mais tourmentée avec un modèle presque inégalable devant elle mais aussi et surtout de solides capacités à se dépasser. En cet instant, Kara Zor-El a encore tout à prouver à tout le monde, et surtout à elle-même, mais elle pourrait bien toutes et tous nous surprendre...
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