A Gotham City chacun le sait, les crises se suivent et se ressemblent, une succession presque interminable de calamités opérées par de véritables fous dangereux qui rivalisent d'imagination pour torturer cette ville maudite et ses habitants. Récemment, le Jour A a fait beaucoup évoluer les lignes dans la politique municipale, avec l'élection du maire Nakano et ses réformes anti-justiciers, tandis que l'asile d'Arkham, lieu de sinistre réputation depuis sa fondation près d'un siècle plus tôt, a été totalement détruit et la plupart de ses patients empoisonnés par un gaz mortel.
Le traumatisme est si vif qu'il a poussé les autorités à s'en remettre au projet follement ambitieux mais terriblement rigoriste de Simon Saint, le Magistrat, une sorte de super-police prenant le pas sur l'ensemble des libertés citoyennes. Fort heureusement le Magistrat n'est plus, vérolé de l'intérieur qu'il était par l'Épouvantail et sa doctrine de terreur étatique. Une fois de plus, Batman et ses alliés se sont montrés indispensables durant cette nouvelle crise, même s'ils ont payé un lourd tribu.
Physiquement amoindri par les récentes épreuves s'étant abattues sur sa ville autant que sur lui, le Batman a pris la décision de quitter Gotham pendant quelques temps, pour reprendre des forces. Ses alliés et partenaires maintiennent la vigilance au maximum de leurs capacités en son absence, tandis que Nakano est déterminé à tourner pour de bon la page Magistrat. Et quoi de mieux que d'offrir à la ville et à tous les Gothamites une magnifique lueur d'espoir ?
Nakano inaugure en grandes pompes une toute nouvelle tour en plein cœur de la cité, destinée à recueillir tous les laissés pour compte et les brisés de la vie, à leur prodiguer soins et sécurité, avec bienveillance et écoute. Le but n'est plus de juguler le Mal, de l'enfermer loin de tous les regards tandis qu'il se développe toujours davantage tel un cancer rongeant Gotham de sa folie, mais de soigner les psychotiques et les criminels mentalement dérangés pour mieux les réhabiliter et ainsi prouver à chacun qu'une nouvelle chance est toujours possible, et surtout qu'une nouvelle ère de lumière est possible également malgré les orages fréquents.
Baptisée tour d'Arkham, dans la volonté affichée de redorer le nom de cette institution maudite et de démontrer que rien n'est jamais figé et que les horreurs du passé n'ont pas à se répéter sans cesse, cette flèche lumineuse de verre et d'acier devient le symbole fort du renouveau de Gotham. L'institut est placé entre les mains expertes du Dr. Wear, qui en quelques jours à peine a déjà obtenu d'impressionnants résultats avec certains patients récents considérés comme perdus pour la société.
Mais le maire Nakano reste cependant méfiant par nature, et avant d'investir la fortune demandée par le Dr. Wear pour finaliser l'installation définitive de la nouvelle Arkham, il commande une étude indépendante réalisée par le Dr. Chase Meridian, alliée de Batman par le passé et elle aussi oscillant entre curiosité et scepticisme quant aux résultats des thérapies de Wear, demandant à voire par elle-même dans le détail les procédés employés ainsi que les traitements médicamenteux. Demandes face auxquelles le Dr. Wear botte systématiquement en touche, ce qui a rapidement le don d'agacer Chase et de la pousser à mener une enquête approfondie, quitte à prendre des risques.
De leur côté, les membres de la Bat-Famille tentent eux aussi une approche de l'intérieur en infiltrant une des leurs dans la tour d'Arkham en tant que patiente, une stratégie qui malheureusement va se retourner contre les justiciers quand Huntress refuse catégoriquement de revenir à son ancienne vie suite au traitement reçu sur place. En creusant un peu plus, les héros s'aperçoivent que toute l'opération est en réalité une couverture pour un trafic de drogues de synthèse alimenté dans tout Gotham par le Dr. Wear en échange de promesses et dans l'attente des six millions de dollars que Nakano et la ville doivent investir dans Arkham, des millions destinés à disparaître aussitôt dans la nature avec leur nouveau détenteur évidemment.
Mais plus l'enquête progresse, et plus les choses se précipitent. Le sol commence à se dérober sous les pieds du bon Dr. Wear, bientôt incapable de tenir les délais et les quantités à livrer aux barons de la pègre tels que les Trouble-Fête ou encore le redoutable Pingouin, qui commencent quant à eux à user de la menace plutôt que de la flatterie pour tenter d'obtenir ce qu'on leur a promis...
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Tout cela en sachant que les événements de la seconde partie et du final de cet arc sont déjà révélés aux lecteurs par quelques bonds en avant dans le temps, de plusieurs jours, et l'on constate que la situation se dégradera très, très rapidement au point de devenir véritablement catastrophique.
Comme si le nom même d'Arkham, maudit plus de fois que de raison à travers les décennies, ne pouvait jamais être lavé et devenir porteur d'espoir. Et ce coup-ci ce n'est pas à un super-vilain surpuissant que l'on doit cette nouvelle calamité qui va frapper en plein cœur de Gotham, mais à un simple arnaqueur tentant de jouer avec de plus gros poissons que lui dans une ville des plus dangereuses, véritable poudrière prête à exploser au moindre faux pas.
Mariko Tamaki poursuit donc son run sur la série-sœur de Batman, à savoir Detective Comics sous son ère DC Infinite. Elle est admirablement servie aux dessins par Ivan Reis et Max Raynor, deux grands noms de l'écurie DC depuis plus de quinze ans maintenant pour l'un. De longues années de bons et loyaux services qui ont rapidement payé pour les artistes, aux commandes de l'un des titres les plus vendeurs de l'éditeur.
Très clair ce coup-ci dans ses messages et intentions, le scénario de Mariko Tamaki nous entraîne dans les méandres du désespoir qui étouffe chaque jour un peu plus Gotham, ses habitants et même ses défenseurs les plus acharnés et dévoués. Sans Batman pour superviser directement les opérations, c'est Oracle qui prend les commandes et organise les différentes enquêtes et tentatives d'infiltration de la tour d'Arkham pour mettre au jour l'arnaque qui s'y déroule en pleine lumière. Il y a un sacré hic, cependant, dont je ne vous dévoilerai rien ici en attendant de pouvoir lire la seconde partie de cette histoire et la fin de cet arc, mais croyez bien que de gros bouleversements sont à prévoir une fois encore.
Gotham, à l'image de son nouveau maire Christopher Nakano, veut sincèrement croire qu'il y a bien une lumière salvatrice au bout de cet infini tunnel de noirceur et de douleur, et on ne peut accuser le pauvre élu que d'être peut-être un peu trop naïf... ou bien pas encore assez expérimenté dans la désillusion que provoque immanquablement cette ville maudite. Quoique, c'est quand même à son initiative et sur les conseils de Batman que Chase Meridian est impliquée, donc il y a malgré tout une petite méfiance à l'œuvre qui pourrait bien se révéler payante au bout du compte. Reste à voir comment les héros s'en sortiront sans leur mentor sur le terrain !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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