Le Docteur Fatalis, souverain de Latvérie, s'est emparé des pouvoirs et du titre de Sorcier Suprême de la Terre. C'était il y a six mois de cela.
Après six mois de silence, retranché dans son château et ayant placé toute sa nation sous protection totale et imperméable à toute ingérence extérieure, Fatalis est maintenant prêt à s'exprimer. Et son discours, adressé au monde entier en temps réel, est à faire froid dans le dos.
Fatalis apporte la paix, la Pax Victoris, au monde tout entier, dans un geste généreux de sa part pour faire cesser toutes les guerres et tous les conflits. Un nouveau délire monomaniaque ? Non, pas cette fois. Les dirigeants de pratiquement tous les pays ont ployé un genou devant Fatalis et lui ont juré allégeance, les autres le feront sous peu. Déjà, les États-Unis d'Amérique remplacent leur iconique drapeau au-dessus de la Maison Blanche pour l'étendard universel de la Latvérie Unifiée.
Tous les pays deviennent ainsi des provinces latvériennes, sous protectorat immédiat de Fatalis et de sa loi. Les soins deviennent gratuits et accessibles à tout à chacun, de même que l'éducation et le savoir. Tout le monde est prié de poursuivre sa vie normalement, les leaders mondiaux restant en place pour assurer chacun sur sa province l'ordre et la loi. Rien ne change concrètement pour les citoyens de la Terre, à part sur les questions de grande ampleur. Le quotidien demeure le même, le crime en moins.
Bien sûr, les héros se méfient, pensent que Fatalis a pu manipuler voir menacer les dirigeants pour obtenir leur allégeance, mais apparemment et après enquête rapide, il n'en est rien. En tout cas, Victor n'a pas utilisé ses pouvoirs de Sorcier Suprême pour parvenir à ce résultat, et d'ailleurs les héros eux-mêmes ne ressentent aucune sympathie soudaine pour lui.
Dans la foulée, le Baron Zémo adresse lui aussi un message diffusé dans le monde entier : HYDRA entre en résistance contre Fatalis et se prépare à attaquer la Latvérie, pénétrant le bouclier d'énergie mystique qui l'entoure. Mais à peine quelques heures plus tard, le même Zémo est filmé en train de prêter allégeance lui aussi devant Fatalis, mettant aussitôt toutes les ressources de HYDRA à son service pour construire les nouvelles infrastructures vitales destinées à toutes et à tous.
Chez les héros, c'est la consternation : qu'a-t-il bien pu se produire en Latvérie pour que même un farouche ennemi de la Liberté ploie devant un souverain totalitaire ? Se rendant sur l'une des forteresses volantes de HYDRA, Iron Man et les autres découvrent que Zémo a en réalité été tué par Fatalis de ses propres mains et remplacé par un Fatalibot... mais contrairement à ce qu'ils pensent à cet instant, cela fait des mois que c'est arrivé. Fatalis avait systématiquement plusieurs coups d'avance sur les héros, même en les laissant eux aussi envoyer un message mondialement diffusé pour tenter d'exposer les mensonges du tyran.
A l'heure où ce message est diffusé, Fatalis en envoie un autre, dans lequel il admet avoir menti au sujet de Zémo, comme de bien d'autres criminels de son espèce dont il a pris grand soin de les écarter le plus tôt possible de l'équation avant de prendre le pouvoir total. Désormais occupé à purger par la puissance de ses éclairs mystiques les rangs de HYDRA de tous les racistes qui les composent, Fatalis apparaît plus que jamais comme le sauveur de l'humanité face à ses pires instincts, défendant les plus faibles et les innocents contre ceux qui tentent d'instiller la terreur en chacun.
Et si Victor Von Fatalis avait réellement changé ? Le monde, en tout cas, a lui bel et bien changé en ce jour. Et les héros le ressentent douloureusement à présent.
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Ryan North nous offre ici du grand spectacle en prenant le pire super-vilain de l'univers Marvel et en en faisant l'empereur du monde, littéralement. Vous êtes d'ailleurs libres de lancer toutes vos hypothèses personnelles sur le pourquoi du comment de ce changement brusque, sur ce qui a bien pu se passer en Latvérie durant ces six mois de silence et de repli total, mais voilà la situation telle que nous la visualisons quand on ouvre les premières pages de ce chapitre.
Fatalis se met en avant comme jamais auparavant, sauf peut-être à l'époque de la Contre-Terre, mais même alors il n'avait jamais disposé de tels pouvoirs et d'une telle puissance brute, magique ou technique. Le monde lui appartient très concrètement et il le fait savoir dès la première case, la première bulle de dialogue (monologue plutôt) à l'intention de toutes les personnes qui voudraient s'élever contre son avènement.
Si le tout début était sur le ton de la paix, de l'échange et du partage bienveillant des ressources mondiales sous la supervision du modèle latvérien, la fin du même fascicule nous présente un Fatalis qui ne s'embarrasse pas de détails et massacre sans la moindre pitié les troupes de HYDRA qui voulaient faire un véritable carnage pour venger la mort de leur leader le Baron Zémo. Et il est acclamé pour ça par les gens normaux qui voient soudain en lui le sauveur qu'il a toujours rêvé d'être.
Où s'arrêteront la mansuétude et la générosité de Fatalis ? Nul doute que les héros classiques ne vont pas se laisser éconduire de la sorte sans la moindre explication, et il est à parier que ces fameuses explications auront lieu très prochainement. Mais avec l'exemple frappant de ce qui vient d'arriver à HYDRA, comment espérer lutter à armes égales face au nouveau souverain planétaire ?
Les dessins sont de R. B. Silva, dans un style très précis et très efficace, qui donne vraiment envie d'en lire davantage et de dévorer chaque page à la recherche de petits détails ci et là, ou tout simplement de savourer le graphisme lui aussi hors du commun dans cette mini-série qui promet de grands bouleversements pour l'ensemble de l'univers Marvel !
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